Évacuation totale pour les taudis de famille du patron du Medef local
Géré pendant 17 ans par le président de l'UPE 13 Philippe Korcia, le 46 rue Tapis-Vert est dans un état de dégradation générale, confirmé par plusieurs expertises. Déjà en partie évacué cet automne, il est désormais interdit à toute occupation. D'après les propriétaires, c'est le chantier en cours qui a justifié l'évacuation.
Photo Julien Vinzent.
Trois appartements en septembre, un quatrième en novembre, un cinquième en février et finalement l’ensemble de l’immeuble. Le 16 mars, la Ville de Marseille a interdit toute occupation du 46-48 rue Tapis-Vert à Belsunce, qui compte 28 logements. Comme l’avaient révélé Marsactu et ses partenaires du consortium La Grande vacance, La Marseillaise et le Ravi, ce bien a été co-géré pendant 17 ans par Philippe Korcia, président du syndicat patronal UPE13, la branche locale du Medef, pour le compte de sa mère et de sa tante.
Le 8 mars, un peu plus d’un mois après notre article et surtout moins d’un mois après une mise en demeure de la Ville, le bureau d’étude Eliaris, missionné par les propriétaires a fini par délivrer son verdict : les travaux de sécurisation provisoire ont été effectués, mais “au vu de l’état dégradé de la structure de l’immeuble, suite au diagnostic réalisé, celui-ci ne peut être occupé par les habitants. L’accès sera réservé aux entreprises et experts en attendant la réalisation des travaux définitifs”.
Des planchers fragiles malgré les travaux
Sollicité, Philippe Korcia nous a indiqué par écrit qu’il n’avait jamais été associé de la société civile immobilière propriétaire du 46 rue Tapis Vert et qu’il n’en était plus co-gérant depuis septembre 2020. Difficile pourtant d’imaginer que l’état de l’immeuble s’est brusquement dégradé après l’assemblée générale du 2 septembre 2020, où il a remis sa démission au profit de sa mère, cinq jours avant l’évacuation de la première famille occupante.
Relancé, il réitère ses déclarations orales de février : “Je vous répète que pendant ma cogérance la SCI a engagé plusieurs centaines de milliers d’euros de travaux d’entretien et de rénovation pendant les 15 dernières années sous le contrôle de notre gestionnaire [le cabinet Active immo, ndlr]. Les associés de la SCI avaient souhaité engager d’eux-mêmes de nombreux travaux de rénovation, c’est ce qui a été fait depuis 2004 avec des entreprises reconnues sur le territoire.”
Garde-corps des balcons dégradés voir absents, chéneaux et descentes d’eau pluviales dégradés, menuiseries extérieures et volets dégradés.
Extrait du constat de visite des services municipaux
Des efforts largement insuffisants, au vu du diagnostic d’ensemble. En novembre 2020, l’expert avait pointé des fragilités dans les structures et un risque d’électrocution. Des désordres pouvant justifier la prise d’un arrêté de péril. En janvier, une visite des services municipaux y a ajouté des constats moins graves, mais plus flagrants de l’état des parties communes : “garde-corps des balcons dégradés voir absents, chéneaux et descentes d’eau pluviales dégradés, menuiseries extérieures et volets dégradés” pour la façade arrière, “balustres défectueux et à risque” au niveau des rampes d’escaliers. Des constats qui faisaient déclarer à l’adjoint au logement Patrick Amico en février dernier : “Il n’y a pas d’urgence, mais il faut agir. Sur la trentaine de logements de l’immeuble, il n’y en a que trois qui ne sont pas touchés par des désordres de planchers”.
Des dizaines de délogés en attente de calendrier
Les propriétaires nous ont répondu par écrit via Philippe Korcia. Pour les parentes du patron des patrons du Medef 13, ce serait l’organisation du chantier qui aurait justifié cette évacuation des habitants. “Nous avons demandé afin de réaliser l’ensemble des travaux en toute sécurité de libérer totalement l’immeuble”, expliquent-elles. On le comprend aisément pour une dizaine d’appartements, dont les faux-plafonds ont dû être dégarnis pour permettre les diagnostics, tout comme une partie des couloirs. Au premier étage, les fenêtres ouvertes laissent entrevoir depuis la rue des étais métalliques qui soutiennent le niveau supérieur.
Dans leur message, elles précisent aussi qu’elles s’acquittent de obligation légale de relogement – obligation dont beaucoup de propriétaires se déchargent d’ordinaire sur la Ville, qui doit ensuite récupérer la facture. “La SCI assure le relogement des locataires dans une résidence hôtelière. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux tous les locataires vont revenir”. Un calendrier qui reste imprécis pour ces dizaines de délogés, qui le sont pour la plupart depuis cinq mois. Rencontré à l’hôtel, l’un d’eux dit n’avoir aucune nouvelle du gestionnaire professionnel. Pourtant invité à répondre à nos questions par Philippe Korcia, le cabinet Active immo s’y est refusé. Des entreprises sont en tout cas déjà à l’œuvre pour appliquer les recommandations de la Ville, comme en témoigne la benne de gravats présente devant l’immeuble. L’arrêté municipal leur donne jusqu’au 10 août pour mener à bien la remise en état complète.
Commentaires
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Encore cinq minutes et il va demander des indemnités.
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“Pendant ma cogérance la SCI a engagé plusieurs centaines de milliers d’euros de travaux d’entretien et de rénovation pendant les 15 dernières années”… Heureusement, qu’est-ce que ça aurait été s’il n’avait rien entrepris! 😂😂😂
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Pour un montant de, mettons, 600.000 € sur 15 ans, ça donne 40.000€ par an soit 1428,57 par an pour chacun des 28 appartements, ce qui semble très peu pour résoudre des problème graves de structure. Si tant est qu’il y ait eu 600.000€ investis……..
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Et d’où il faut décompter toutes les aides et crédits d’impôts associés à ces travaux.
Que tout soit mis sur la table et on verra le montant vraiment déboursé par la SCI.
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Ça me fait penser à la technique gaudiniste pour masquer le sous-investissement dans les écoles : présenter des chiffres en cumul sur 20 ou 25 ans. Ça fait un beau paquet de millions. Mais quand vous divisez par le nombre d’années, puis par le nombre d’écoles, vous obtenez la réalité : en moyenne annuelle une aumône pour chaque établissement.
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En même temps, avec un arrêté de péril (ou mise en sécurité), les travaux pérennes doivent être éligibles aux aides de l’aah dans une proportion non négligeable …avec un conventionnement anah en plus des logements, ça deviendrait une opportunité pour les bailleurs et une opération vertueuse pour la collectivité…
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encore un premier de cordée qui va me faire pleurer
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Trop c’est trop ! Il n’y a pas de mesure à la mauvaise foi. Il faudrait rembourser les pauvres gens qui ont habité dans ces taudis. Pas de morale, un argent facile
sur le dos des
plus faibles. Et une lâcheté admirable ! Elle est belle la France et Marseille en tête et bonne fille.
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