Et si la CMA CGM fusionnait avec MSC, pour devenir le premier armateur mondial ?

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le 19 Mar 2010
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Et si la CMA CGM fusionnait avec MSC, pour devenir le premier armateur mondial ?
Et si la CMA CGM fusionnait avec MSC, pour devenir le premier armateur mondial ?

Et si la CMA CGM fusionnait avec MSC, pour devenir le premier armateur mondial ?

Dans les prochains jours, ou dans les prochaines heures, se décide sans doute l’avenir de La Cma Cgm, et de ses 2500 salariés marseillais. En ce moment, la direction de la Cma Cgm, assistée de Jean-Marie Messier, comme marsinfos vous le racontait il y a deux jours, examinerait les offres des investisseurs potentiels. Bolloré, Walter Butler, Louis-Dreyfus, le fond d’investissement américain Appolo Invest, des quataris… toutes les hypothèses et les rumeurs sont sur la table. Et comme d’habitude dans ces cas là, rien ne filtre vraiment. Néanmoins, une hypothèse qui avait déjà était évoquée au début de l’année, refait surface ces dernières heures. On reparle en effet dans les milieux économiques marseillais, de la possibilité d’une fusion entre le deuxième armateur mondial, MSC (Méditerranean Shipping Company) et le 3 ème, la Cma CGM, ce qui pourrait donner naissance au premier armateur mondial, avec plus de 700 navires, devant le numéro 1 actuel, le Danois Maersk.

Sur le papier, cette fusion pourrait avoir du sens. Comme la Cma Cgm, MSC est une entreprise familiale, toujours possédée et dirigée par son fondateur Gianluigi Aponte. Comme tous ces armateurs, et comme Jacques Saadé, ce tycoon des mers est une légende à lui tout seul. Bien évidemment, on ne sait pas grand chose de lui. Ils se méfie des journalistes (il a bien raison), et il ne donne que de très rares interviews, à peu près tous les 10 ans, au Financial Times ou dans les revues spécialisées dans le business maritime, comme l’excellent site internet français meretmarine.com. Son nom apparait régulièrement dans le magazine Forbes, qui classe les grandes fortunes mondiales, avec une fortune estimée, selon les années, à plus ou moins 2.5 milliards de Dollars. Cette fortune il l’a faite seul, en démarrant dans la baie de Naples, dont il est originaire, de Sorrente précisément, avec un seul bateau dans les années 70. Et quelques années plus tard, MSC va devenir un des plus gros armateurs mondiaux dans le transport de containers. Et contrairement à Saadé, qui avait racheté le premier armateur français la CGM pour grossir, Gianluigi Aponte va se hisser sur le podium que par de la  croissance interne. En achetant navire après navire. D’ailleurs pour l’anecdote, ses premiers cargos seront achetés à la Compagnie Maritime, qui deviendra CGM, puis CMA CGM.. Après une étape à Bruxelles, Aponte installera définitivement le siège de MSC à Genève, au bord du lac Léman. Ce qui fait que le deuxième armateur mondial est en réalité une entreprise suisse… Bon, Allenghi a bien gagné la Coupe de l’América.

A côté de cette activité principale dans le transport de containers, Aponte va diversifier son groupe, cette fois par croissance externe, dans la croisière. Pour devenir, là aussi rapidement, un des plus grands opérateurs au monde avec sa filiale MSC Cruises. Il possède aujourd’hui plus de 11 bateaux de croisières dont les géants MSC Fantasia et Msc Splendida pouvant chacun accueillir à bord près de 4000 passagers. Ces fameux croisiéristes sur lesquels Gaudin et sa municipalité fondent tous les espoirs de développement de Marseille. On voit d’ailleurs de plus en plus souvent ces navires géants, des « Ibis flottants », comme les appellent quelques  mauvaises langues marseillaise, du côté de l’Estaque. A côté des « bassins est », Gianluigi Aponte s’intéresse également beaucoup aux bassins ouest, vers Fos sur Mer. Il veut effectivement investir dans les futurs terminaux XXL, cette fois pour servir de base logistique à ses porte-containers. Un autre point commun rapproche cet italien francophone de la France. Ses navires de croisières sont fabriqués en France, à Saint-Nazaire, dans le dernier chantier naval de ce type, STX france, dont l’Etat français possède 34 %. Le reste étant détenu par des coréens. Autant dire que sans les commandes qui sont passées par MSC Cruises au chantier naval de Saint-Nazaire depuis 10 ans, il serait mort et enterré depuis longtemps, ainsi que les 6000 emplois directs et indirects qui vont avec. Un énorme contrat est d’ailleurs en discussion entre le chantier et MSC Cruises en ce moment pour la construction  d’un nouveau paquebot géant, qui représenterait 1,5 millions d’heures de travail pour STX France… ce qui explique que certains voient en Gianluigi Aponte le Messie du business maritime français. Du coup, Nicolas Sarkozy a invité le compatriote de Carla à venir boire le thé à l’Elysée, la semaine dernière. Bien évidemment le très très gros contrat de Saint-Nazaire a été évoqué, mais pas seulement. Nicolas et Gianluigi auraient également discuté de la CMA CGM, selon le très bien renseigné maretmarine.com. Les conseillers et les banquiers ont ensuite fait tourner les business plans. Sur le papier ça pourrait effectivement fonctionner et avoir de l’allure. Une sorte d’EADS du transport maritime. Un avenir pour la construction navale française, un beau projet pour Marseille, à la fois dans le tourisme et dans les infrastructures. Mais sur le papier seulement, car ce beau mécano politique se heurte à une dure réalité économique. D’abord, il ne règle en rien le problème numéro 1 de la CMA, son endettement record de 4 milliards d’euros. Au contraire, MSC va, comme tout le monde perdre de l’argent en 2009, sans doute pas mal. Même si Gianluigi croit à un redémarrage en 2010, comme il vient de le dire récemment au Financial Times. Mais si son groupe est sans doute moins endetté que la CMA, on ne voit pas bien comment il trouvera le cash pour régler au moins une partie de la dette de la CMA. Sauf à ce que les banquiers fassent un effort, mais ca n’a pas l’air d’être l’ambiance. A moins que Sarko n’insiste un peu auprès d’eux. Et puis qui dit fusion, dit rationalisation, synergies et risques de licenciements à la clef. On imagine mal Sarkozy prendre en ce moment ce type de risque, sans de très, très fortes garanties. Ce qui est certain, c’est qu’on devrait y voir un peu plus clair dans les tous prochains jours. On vous tient au courant.

Jean-Marie Messier va t-il réussir à sauver la CMA CGM par marsinfos

Un lien « Rencontre Sarkozy Aponte, des paquebots et des porte-containers ? » sur meretmarine.com

Un lien Le site de MSC cruises en Français, Le site de MSC en anglais

Un lienLe communiqué de presse de l’Elysée suite à la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Gianluigi Aponte (on ne parle pas de la CMA)

Un lienUne des rares interviews audio d’Aponte, c’était avant la crise en 2006, et c’est sur meretmarine.com

Un lien Une très bonne note sur MSC pour ceux qui veulent en savoir plus

Un lien Gianluigi Aponte sur Forbes

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Commentaires

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  1. chasseur émérite chasseur émérite

    Belle info, merci

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  2. céhère céhère

    Merci pour cet article très complet.

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  3. icci icci

    Merci pour ce bel article, et pour la qualité de l’ensemble de votre travail!

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  4. GLAMARNO INTERNATIONAL GLAMARNO INTERNATIONAL

    Il y a des atermoiements qui tuent. L’on voudrait tuer le Groupe CMA CGM,que l’on ne pourrait pas mieux s’y prendre.
    A partir d’une promesse de 500 millions de dollars( ou 350 millions d’euros) pour permettre à CMA CGM de respirer en attendant de trouver des investissuers dignes du monde maritime dans les premiers mois de 2010, les banques se félicitent d’y avoir injecté 1/5eme de la mise initialement décidée.
    Alors que, dans la Division Porte ContenairsContainers de chez Hapag Lloyd, ce sont 1,2 milliard d’euros qui ont été injectés dans la trésorerie de cette filiale pour la mise en place de son plan de redressement . Et cette filiale compte moins de navires que le Goupe CMA CGM.
    Donc avec 15 fois moins d’aides, il est demandé au Groupe CMA CGM de se maintenir en surface a

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  5. artemis artemis

    Je n’y crois pas vraiment.
    Lorsqu’on a construit un groupe comme MSC on a pas forcément envie de partager le pouvoir avec d’autres actionnaires surtout lorsque la situation économique du groupe ne vous l’oblige pas. CMA-CGM, autre grand armateur à actionnariat familial, ne va d’ailleurs s’y résoudre que contraint et forcé par son problème de trésorerie.
    A mon avis, la seule raison qui pourrait pousser MSC a accepter un tel scénario serait l’évolution de la réglementation européenne notamment une volonté de l’Europe d’empêcher les armateurs de fixer en commun les capacités et les tarifs sur certaines lignes, auquel cas une concentration du secteur pourrait en être facilité.

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  6. Pierre aldo Pierre aldo

    Très bon article…
    L’Europe est en marche …Avec de tels Sociétés…on ne peu que aller de l’avant…

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  7. Pierre aldo Pierre aldo

    Bon vent
    L’Europe en construction…

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