Et pendant ce temps-là, Renaud Muselier réfléchit
Et pendant ce temps-là, Renaud Muselier réfléchit
Renaud Muselier assure qu’il a changé. On veut bien se laisser tenter. Depuis ce funeste mois d’avril 2008 où il s’est fait griller la politesse par la gauche à la tête de la communauté urbaine alors que la présidence de l’institution lui tendait les bras, Renaud Muselier assure qu’il n’est plus tout à fait le même. Après avoir même failli raccrocher définitivement les gants, l’ex-éternel dauphin de Jean-Claude Gaudin s’est finalement décidé à remonter sur le ring politique mais cette fois-ci plutôt dans le rôle de l’arbitre. Un changement de posture qui détonne. A défaut de convaincre ? Extrait : « Personne n’a jamais contesté ma capacité d’action. On me conteste par contre une capacité de réflexion. C’est un travers que l’on souligne chez moi et auquel, bien sûr, je n’adhère pas. On ne fait pas tout ça à l’instinct, il y a toujours un projet derrière. Je ne suis pas qu’un simple activiste, je travaille et je suis très déterminé ». Un mot résume le nouvel état d’esprit de l’ex-secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères : « Réfléchir ».
A propos du Grand Marseille, par exemple, son cheval de bataille depuis un an, Renaud Muselier déplore que personne « ne réfléchisse » à la problématique métropolitaine. « Je dis que c’est une faute politique, une faute grave ». Il a donc saisi le taureau par les cornes et décidé de prendre le temps d’élaborer cette idée du « Grand Marseille » : « Il y a deux choses qui ont suscité l’accélération de ma réflexion : d’une part la décision du président de la République de faire le Grand Paris. Et parallèlement à cela, une analyse qui saute aux yeux : il y a 500 villes dans le monde qui ont plus d’un million d’habitants et qui regroupent 65% des richesses mondiales. Je me dis, comment, nous qui sommes facilement au-dessus du million, on continue à se bagarrer entre politiques pour savoir qui a le pouvoir, qui traite le problème des déchets ménagers, qui fait les infrastructures de la ville… »
Les exemples de ces « bagarres » ne manquent pas, selon lui: « Le TGV et l’aéroport qui ne sont pas connectés ! Quand vous voyez Fos, Peynier-Rousset, Château-Gombert… en matière de transports, on a engagés des trucs phénoménaux et le petit truc qui était nécessaire pour que tout soit parfait, on ne l’a pas fait. On est chaque fois passé à côté. On se tape dessus de rire, on est ridicule ». Pour celui qui a présidé Euroméditerranée, la question métropolitaine est urgente, même si elle ne se fera pas du jour au lendemain. Les maires des communes limitrophes n’ont jamais caché leurs réticences, ni leurs craintes. Aix, Aubagne, Gardanne, plus loin Toulon ou Avignon… des villes de gauche comme de droite. « Quand je dis que le port de Lyon peut être le port avancé de Marseille, ce n’est pas pour faire entrer Lyon dans le Grand Marseille. Mais enfin, les marchandises lyonnaises ne sont pas obligées de partir par Hambourg ! » D’une logique implacable. Concrètement, le Grand Marseille devra attendre au bas mot 2014 et l’application de la réforme des collectivités pour s’imaginer un destin. On a le temps de voir venir.
Quelle mouche a piqué Renaud Muselier ? Pourquoi s’emparer d’un dossier certes important mais à ce point inaccessible, voire irréalisable. Un coup politique osé mais risqué. « On verra à la sortie, estime-t-il, ça je ne peux pas le dire. Mais, c’est vrai que quand on n’est pas dans l’action au quotidien, on peut être dans la réflexion ». Bis.
« Le facilitateur de situations »
L’autre dossier qui a remis l’ex-1er adjoint de Jean-Claude Gaudin en selle, c’est Marseille Capitale européenne de la culture en 2013. Renaud Muselier désigné « M. Marseille 2013 » par le maire de Marseille, l’annonce avait fait grand bruit il y a deux ans. Après quelques cafouillages avec Bernard Latarjet, directeur général de Marseille-Provence 2013, Renaud Muselier assure aujourd’hui qu’il n’a « aucun problème avec lui » et qu’il n’a « d’ailleurs jamais eu aucun problème avec lui » : « Lorsque je suis arrivé, on m’a fait un procès d’intention. On disait, quoi ! c’est Muselier qui va choisir sur le plan culturel ! attendez, je ne suis pas un spécialiste de la culture, comme à Euroméditerranée je n’étais pas un spécialiste des transports, du port… je suis un facilitateur de situations. » L’envie nous prend de ressortir du bureau pour nous assurer que le nom sur la porte est le bon. Renaud Muselier en « facilitateur de situations ».
En d’autres circonstances ces derniers mois, l’homme politique a eu l’occasion de faire valoir la caractéristique ainsi énoncée. A l’occasion du dernier conflit dans le secteur du ramassage des ordures, on a vu l’intéressé intervenir auprès des salariés grévistes de la société Iss Environnement pour essayer de remettre de l’huile, non pas sur le feu jure-t-il, mais dans les rouages de la négociation, totalement bloquée avec la présidence de la communauté urbaine. Voir ainsi Renaud Muselier, caméras de télé aux basques, qui sert la main des syndicalistes d’ISS… on se dit que ça ressemble à s’y méprendre au pedigree d’un « facilitateur de situations ». In extenso : « J’ai été 1er adjoint pendant quinze ans dans cette ville. On en a traités des grèves, nous. Je sais qu’il faut aller parler aux gens, je vois les ordures qui s’entassent, des mecs qui par l’intermédiaire de la presse se disent des horreurs, des types qui se font frapper lors d’une intervention policière… et on ne fait rien ? Je suis vice-président de la communauté urbaine, je suis Marseillais et je reste dans mon bureau et je dis « Caselli démerde-toi ». C’est mon devoir d’élu d’y être. Après que cela ne plaise pas que je m’en mêle, peut-être, mais en attendant, le lendemain, Caselli les a vus et deux jours après l’affaire était réglée ». Une version que ne partage évidemment pas la gauche…
« Alexandre Guérini, je ne sais pas qui c’est »
Le dossier des poubelles, lui, n’est pas réglé pour autant et la CUM a remis le couvert afin de redistribuer les cartes de la collecte à Marseille. Selon Renaud Muselier, ce n’est pas gagné : « On m’a expliqué que la ville serait propre en six mois, elle n’a jamais été aussi sale. On a eu des dysfonctionnements graves à la communauté urbaine dans le montage des appels d’offre, on a eu une grève dure… je constate qu’en deux ans, manifestement, ils n’y sont pas arrivés. Etre dans l’action, c’est autrement plus difficile que lorsqu’on chante en disant, « je vous ferais la ville propre en six mois ». Lorsqu’on lui fait remarquer que le problème ne date pas d’hier, Renaud Muselier ne botte pas en touche, mais répond d’un argument que Jean-Claude Gaudin affectionne particulièrement ces dernières années : « Pour ce qui est du passé, je veux bien tout ce que vous voulez, mais avec Jean-Claude, en attendant, nous n’avons jamais eu une perquisition, c’est tout. » Un peu court…
Parler poubelles avec Renaud Muselier, c’est évidemment évoquer le cas Alexandre Guérini, frère de Jean-Noël en délicatesse avec la justice ces derniers mois. Les deux hommes se sont croisés il y a quelques semaines du côté du cercle des nageurs et l’épisode a fait jazzer. « M. Alexandre Guérini n’est pas un élu. M. Alexandre Guérini est le frère de M. Jean-Noël Guérini qui, lui, est un élu. Moi, je m’exprime politiquement, dans les enceintes politiques et je fais mon boulot d’élu. Et j’essaie de faire au mieux avec mes amis politiques. Si je vois des anom
alies, je les dénonce… je les récuse. M. Alexandre Guérini, je ne sais pas qui c’est. Apparemment lui ne m’aime pas ». Il vous l’a semble-t-il fait comprendre, sommes-nous tentés d’ajouter ? « Et je lui ai bien fait comprendre que cela ne m’impressionnait pas. Mais ce sont des méthodes qui ne sont pas convenables. » Difficile alors de ne pas évoquer cet article paru dans Le Monde qui a également été très largement commenté dans le microcosme marseillais et dans lequel Bruno Gilles, alter ego de Muso, évoquait un « dossier déposé chez l’avocat » concernant Alexandre Guérini. Réponse de Renaud Muselier : « Vous savez, M. Alexandre Guérini m’a menacé personnellement en public. Il faut prendre un certain nombre de précautions, c’est tout. »
L’après-Gaudin
Entre la capitale de la culture en 2013, le Grand Marseille, quelques dossiers lourds à la communauté urbaine, sans oublier ce penchant affirmé pour la réflexion… Tout en lui reconnaissant une indéniable capacité à rebondir, on ne peut s’empêcher avec de repartir d’interroger Renaud Muselier sur ses ambitions pour 2014 et les prochaines municipales. « Je suis même parfois surpris qu’on me pose la question. J’aurai 54 ans en 2014. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait parce que j’aime ça. Après, on m’aime, on ne m’aime pas, je m’en fous. Je fais un constat : je travaille, je m’applique, j’ai une activité professionnelle, que j’ai toujours eue et, parallèlement à cela, j’aime ma ville, je travaille pour ma ville, mais je construis un parcours politique aussi. Et dans ce parcours, je suis le plus capé de mon âge. Donc, mécaniquement, avoir une volonté politique pour 2014, c’est obligatoire. Est-ce que je suis candidat en 2014 ? C’est la question qui brûle aux lèvres de tout le monde. Vous avez, quelque part, la réponse dans ce que je vous dis. Mais être maire, ça n’a rien de facile, parce que Marseille est une ville compliquée, une ville fragile, merveilleuse, mais tout cela se mûrit ». Et, on vous le donne en mille : « Tout cela se réfléchit ».
La wikibio de Renaud
L’incident avec Alexandre Guérini relaté sur Marsactu
Le site perso de Renaud Muselier
Commentaires
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Renaud Muselier réfléchit toujours à la place qu’il doit occuper pour se retrouver sur les photos et il prouve qu’il réfléchit bien… Ceci dit, il est moins sur qu’il réfléchisse à autre chose qu’à ses propres intérêts et là, il semble beaucoup moins doué…
Il devrait peut-être réfléchir à s’habiller tout en blanc, ce qui lui permettrait au moins de réfléchir…. la lumière !
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Le brave Renaud “réfléchit”? Bigre! Planquez-vous, les idées vont fuser!
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Je trouve qu’il a le mérite de dire les choses et de voir un grand destin pour notre ville.
Les gens ont la critique bien trop facile sur ce site …
il y a trop d’immobilistes à Marseille et dans la région c’est décourageant, heureusement que ce ne sont pas les mêmes qui prennent des décisions sinon nous serions toujours au moyen âge…
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Muselier réfléchit maintenant ? ça c’est une nouvelle qui devrait faire la Une du 20h … Il n’a pas appelé Pujadas pour lui transmettre l’info ?
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