En période de pic comme le reste du temps, Marseille à la traîne pour réguler la voiture
Après 14 jours de pollution à l'ozone dans la région, les mesures prises pour diminuer les émissions polluantes ont été rares dans la région. Alors que d'autres villes sont plus promptes à prendre des mesures d'urgence pour réguler le trafic routier, le peu de réactivité locale dessine en creux le manque de mesures de fond pour lutter contre la pollution au quotidien.
Fumée sur Marseille, image d'illustration. (Crédit David Lashermes)
Pendant deux semaines, la donne a changé. Pour décourager les visiteurs de passage de circuler en voiture, le tarif des horodateurs a été doublé, avec une mention “ALERTE OZONE” sur les écrans des machines. À l’inverse, le stationnement est devenu gratuit pour les Marseillais munis d’un abonnement résident, afin de les encourager à ne pas utiliser leurs voitures. Une stratégie à double tranchant qui peut, de prime abord déconcerter, et qui a touché à sa fin mardi 7 août. Paris a de son côté fait un choix similaire pour les résidents, mais n’a pas augmenté les autres tarifs de stationnement.
Une mesure aux effets limités. “Ce sont des mesures improvisées, ça ressemble à une action désespérée de la dernière chance, raille Gilles Marcel, de France nature environnement (FNE) PACA. Et en plus, on pénalise les utilisateurs de voitures individuelles qui n’ont pas trop le choix. On n’est pas face à une vision dans la durée”. Marseille caracole en tête des podiums de la pollution aux particules fines et peine à réduire les émissions polluantes venues du trafic routier. Lesquels contribuent aussi à la pollution à l’ozone en période de forte chaleur. L’épisode qui se termine est “exceptionnel par sa durée”, note Air Paca, l’association qui mesure les effets de la pollution au quotidien. “Cela faisait au moins cinq ans que les Bouches-du-Rhône et les départements limitrophes n’avaient pas connu un épisode de pollution d’une aussi longue durée”. Depuis 2001, le département connaît chaque année entre 18 et 52 jours de dépassement des seuils de pollution à l’ozone, précise l’organisme.
Des mesure difficiles à appliquer ou en retard
La réduction de la vitesse, de 20 km/h sur les voies rapides et les autoroutes est la principale règle temporaire imposée sur les routes de la région par l’État sur la durée de ce pic de pollution. Une mesure difficile à faire appliquer, a reconnu le préfet de région dans les colonnes de La Provence fin juillet. “Nous sommes bien sûr conscients qu’elles sont plus ou moins respectées et comprises, mais elles ont au moins une vertu pédagogique : faire prendre conscience à tout le monde que l’automobile est l’un des facteurs principaux de la pollution”, plaide ainsi Pierre Dartout.
Quid alors du projet de vignette pour identifier les véhicules moins polluants, seuls autorisés à rouler les jours de pics de pollution ? Si un arrêté préfectoral de 2017 prévoit bien la mise en place de la vignette Crit’air dans les Bouches-du-Rhône, la date à laquelle elle deviendra obligatoire reste floue. “C’est un sujet qui n’avance pas, constate Gilles Marcel, la seule nouveauté à Marseille en cette matière depuis 20 ans, ce sont les voix de bus”.
Circulation différenciée ou alternée, pas à l’agenda
Du côté de la préfecture, on ne s’engage pas sur un délai précis, tout en précisant que deux réunions sur le sujet sont prévues début septembre, avec élus, techniciens et experts “pour préciser le dispositif (périmètre, seuil des vignettes autorisées)” mais aussi pour envisager des mesures “de long terme”. Le service communication rappelle toutefois que, dans le cadre d’une alerte de niveau 1 comme celle de la période qui s’achève, la circulation différenciée en fonction de la vignette Crit’air ne s’appliquerait pas, mais seulement à partir du niveau 2.
À Paris, Strasbourg, Toulouse ou encore Grenoble, cette vignette est déjà en usage, et a été utilisée durant l’épisode de pollution à l’ozone. On parle de “circulation différenciée”. Dans la capitale et sa périphérie proche, par exemple, les véhicules classés catégorie 4 et 5 par le classement Crit’air – les plus polluantes – ont été interdits de circuler, de même que les véhicules sans vignette. En dehors des jours de pic de pollution, la municipalité travaille à l’interdiction des véhicules diesel et anciens dans l’enceinte de la ville.
Autre dispositif utilisé dans certaines villes en cas de pic et en l’absence de vignettes adéquates, la circulation alternée, en fonction des chiffres terminant les plaques minéralogiques. Une solution écartée par le préfet. “La circulation alternée serait toutefois quelque chose de très difficile à mettre en œuvre, plus ici encore qu’en Île-de-France, car l’utilisation de l’automobile est très importante”, estimait-il auprès de La Provence.
Le constat n’est pas nouveau : de par sa situation géographique, et son schéma autoroutier, Marseille est difficile à sevrer du tout voiture. Premièrement parce qu’elle est, avec son port, la destination finale des camions, qui ne peuvent donc pas être temporairement détournés vers une autre direction. Et ensuite parce que le trafic ne peut pas être renvoyé vers une rocade pour désengorger le centre, du moins pas tant que la rocade L2 ne sera pas complètement ouverte (ce qui est prévu pour cet automne).
Revoir les transports sur le long terme
Enfin, la faiblesse du réseau de transports en commun, que la métropole cherche à redynamiser sans réels moyens financiers, explique cette incapacité à restreindre les trajets en voiture des particuliers. “La question du déplacement, c’est du long terme, et c’est un travail qui n’est pas fait”, pose Gilles Marcel qui pointe “une incapacité politique” locale qui a mené à “40 ans de retard” en matière de transports. “Ce serait bien de voir converger les différents acteurs. La région, qui a la responsabilité des TER, fait sa politique dans son coin, la Ville ne peut qu’agir sur le stationnement, tout ça demande beaucoup plus de travail en amont, de volonté collective”, poursuit-il.
Le militant écologiste voit d’un œil critique les mesures coercitives qui pourraient voir le jour comme les péages urbains ou la pénalisation des automobilistes roulant seuls afin d’encourager le covoiturage. “Tout ce qui va dans le sens d’un air plus respirable, nous sommes d’accord. Les péages urbains, aussi, on y viendra peut-être, mais il faut un travail sur l’offre de transports collectifs, qui ne sont pas du tout à la hauteur. Ce type de solutions va encore plus créer de réactions négatives, ce sont de petites solutions”. Du côté de la préfecture on glisse également que “le préfet est prêt à engager toutes les mesures, voire des mesures contraignantes”, sans pour autant préciser lesquelles.
Une action sur le long terme qui est aussi encouragée par Air Paca,. “La pollution reste un sujet de long terme, il est difficile de voir réellement l’impact des mesures d’urgence. Des choses sont mises en place notamment pour la réduction de la pollution industrielle et routière, même il y a encore à faire”, estime Christelle Pakulic, en charge de la communication. Car si la part de l’automobile dans la pollution atmosphérique est très importante, sa réduction ne peut qu’aller de pair avec celle des émissions polluantes de l’industrie, mais aussi des paquebots du port invités à fonctionner à l’électricité une fois à quai.
Commentaires
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Vélo ! Vélo ! Vélo ! VELO ! OUHOUH !!?
Désolé de devoir faire le “troll” mais la promotion du vélo en ville aussi est une partie de la solution ! et certainement pas la plus chère !
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Faites Carry Marseille à vélo tous les jours pour aller au travail et on en reparle… De vraies bonnes mesures seraient déjà d’augmenter la fréquence des TER, de multiplier les parkings relais et d’appliquer la vignette Critair. Mais ils sont déjà pas foutus de mettre des PV pour stationnement anarchique alors pour la vignette ne rêvons pas…
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à N SV : j’ai bien dit “vélo en ville”, les mots ont un sens… merci.
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Le vélo est évidemment une partie de la solution qui n’exclut pas les TER, le covoiturage ou les bus : la fin du tout-bagnole promu par nos élus éclairés depuis des décennies passera par la combinaison de tous les modes possibles (y compris la voiture individuelle quand il n’y a pas d’alternative à celle-ci).
En ville, la majorité des trajets quotidiens font moins de 5 km, et sont donc accessibles en vélo. Celui-ci a un avantage sur les autres modes : il est économique, pour l’usager comme pour la collectivité. Créer une piste cyclable ne coûte pas cher. Seuls nos élus éclairés ne s’en sont pas encore aperçus.
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… Se foutent quand même pas mal de notre gueule nos zélus.
Le drnier Plan de Déplacement Urbain prévoyaient de grands projets en matière d’alternative à la voiture:
Un métro jusqu’à saint Loup, la continuation du tram Gaudinesque de la rue de Rome vers la Rouvière, un tram ( enfin…) dans les quartiers nord vers saint Exupéry, un plan vélo et même une régulation d’accès aux calanques au niveau de la Madrague de Montredon….
La réalité ce sera la L2, le boulevard Urbain Sud et les élucubrations sur un téléphérique vers Notre Dame ( Tian) ou une nacelle vers les Goudes (Moraine).
Une seule chose pourrait nous sauver, qu’ils y aillent s’y jeter, aux Goudes!
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Heu…. Cette photo là, c’est celle de l’an dernier avec l’incendie de Vitrolles, non ?
Parce que pour photographier le nuage de pollution, il faut se percher en haut de l’autoroute nord pour y plonger le matin et on verra que c’est l’inverse : la couche maronnasse orangée puante est basée sur la mer et le fond de la ville avec un dégradé de blanc vers le haut du brouillard. Plus de bleu. Circulez y arien à voir !
La situation est suffisamment flippante, il ne faut pas en rajouter avec un visuel choc ! Merci.
Sinon, devant cette abération, ne peut-on pas porter plainte en collectif par exemple pour non assistance à personnes en danger ? Je m’interroge….
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Bonjour, il s’agit en effet d’une image d’illustration, qui ne correspond pas à la période actuelle.
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J’ai également tiqué sur la photo ; quand je lis La Provence, je ne me pose même pas (plus) la question, en revanche, ce genre de pratique sur Marsactu, c’est gênant. Par ailleurs, le texte est une synthèse remarquable.
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D’après un ami amateur de planche à voile, ces fumées rousses qu’on voit régulièrement à l’horizon mer seraient des largages de Fos. ON
Elles sont d’ailleurs peut être particulièrement toxiques si elles sont nitreuses.
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C’est bien principalement l’incurie de Gaudin et ses équipes successives, depuis des lustres, en termes de TC qui est pointée là. Les 40 ans de retard sont bel et bien là et le rattrapage va coûter très cher si tant est qu’il soit possible.
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“la seule nouveauté à Marseille en cette matière depuis 20 ans, ce sont les voix de bus”
Bonjour Lisa, et merci de donner -enfin- la parole aux transports en commun!
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… Surtout qu’ils n’ont que rarement voie au chapitre.
Bon article
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Oui, mais les bus ont parfois la voix enrouée : ceux des anciennes générations sont de gros fumeurs (c’est moins vrai pour les générations les plus jeunes).
Qualifier de “nouveauté” les voies de bus à Marseille ne me donne en réalité pas envie de rire. Cela souligne en creux l’immense retard pris ici dans les transports en commun.
Évidemment, développer ceux-ci supposait de prendre une partie de la place occupée par la voiture : quelle horreur, comment allons-nous expliquer cela à nos électeurs ? Ailleurs, des élus intelligents y sont parvenus (et en plus, ils se sont même fait réélire).
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Les bateaux de croisières + les vieilles bagnoles fumantes + les vieux bus +une voiture avec chauffeur par élu + l’incompétence et l’inertie des pouvoirs publics …un boulevard pour les cancers !
Faudrait pas trop compter sur le mistral pour prendre ses responsabilités !!!
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L’incompétence de la municipalité pour apprendre aux citoyens les comportements responsables est récurrent. Et tout ce qu’elle a su faire, c’est supprimer les trolleybus qui desservaient les collines marseillaises. Il faut voir le 57 crachoter et monter péniblement le boulevard Vauban…
Une fois encore, Lyon montre l’exemple avec ses trolleybus à perches sur la Croix Rousse et ailleurs…
La honte !!!
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La suppression des trolleys et des trams a eu lieu en France comme aux USA avant la 2ème guerre mondiale pour laisser la place à la voiture.
Aux USA les compagnies pétrolières et Général Motors achetaient les compagnies de tramway pour les mettre en faillite et démonter les lignes.
Il y a même eu un procès à ce sujet dans les années 50, qui a reconnu leur culpabilité. (cf la préface à l’ouvrage Propaganda de Edward Bernays).
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A Marseille, il y a eu des lignes de trolleybus jusqu’en 2004 : les lignes 54 et 81 ont été les dernières à être ainsi équipées. La suppression du matériel roulant électrique au moment où Lyon, au contraire, modernisait le sien fait partie des multiples erreurs stratégiques de la gestion Gaudin.
A la grande époque, il y a même eu une ligne de trolleybus d’Aix à Marseille ! (https://www.laprovence.com/actu/actualites/1137634/le-reseau-de-trolleybus-a-compte-jusqua-20-lignes.html)
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J’ajoute qu’en France, la suppression des lignes de tramway n’est pas intervenue avant la seconde guerre mondiale, mais plutôt à la fin des années 1950 et dans les années 1960 (à de rares exceptions près : le tramway de St-Etienne, la ligne 68 à Marseille).
On peut suivre l’évolution du réseau de tramway de Marseille de 1930 à 2015 – et constater qu’en 1958 il avait encore de beaux restes – sur ce site : http://www.tundria.com/trams/FRA/Marseille-1958.shtml
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“Marseille est difficile à sevrer du tout voiture. Premièrement parce qu’elle est, avec son port, la destination finale des camions, qui ne peuvent donc pas être temporairement détournés vers une autre direction”
Les suisses qui savent ce que c’est la propreté ont inscrit le ferroutage obligatoire dans leur constitution, pour les camions qui traversent la Suisse. Ni la France, ni Marseille n’en sont capables.
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La suppression des trolleys et des trams a eu lieu en France comme aux USA avant la 2ème guerre mondiale pour laisser la place à la voiture.
Aux USA les compagnies pétrolières et Général Motors achetaient les compagnies de tramway pour les mettre en faillite et démonter les lignes.
Il y a même eu un procès à ce sujet dans les années 50, qui a reconnu leur culpabilité. (cf la préface à l’ouvrage Propaganda de Edward Bernays).
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D’après un ami amateur de planche à voile, ces fumées rousses qu’on voit régulièrement à l’horizon mer seraient des largages de Fos. On les voit plutôt le matin… les largages doivent se faire dans la nuit.
Elles sont d’ailleurs peut être particulièrement toxiques si elles sont nitreuses.
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« les voix de bus », à Marseille les bus parlent !
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6500 places dans les parkings relais de Lyon…3300 à Marseille. A Lyon ils sont gratuits, et ouverts à tout titulaire d’un titre de transport. A Marseille ils sont réservés aux titulaires d’un transpass et payants, en sus ..le prélèvement se fait sur la carte et passe inaperçu !! Le dimanche ils sont fermés(en dehors de Dromel..allez savoir pourquoi alors qu’il existe déjà,face au parking payant ,un plus ancien qui a toujours été ouvert et gratuit). Certains parties de la ville sont extrêmement mal reliées aux autres:ainsi il est compliqué et long de se rendre par transport en commun des quartiers est aux quartiers sud . Bref:cet ensemble ne favorise guère les déplacements collectifs.
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