Dans le centre de Marseille, le “dissident” Hendrik Davi réussit son pari

Le député sortant Hendrik Davi, dimanche 1er juillet 2024, devant son local de campagne à Baille. (Photo : CMB)

“Vive les dissidents !” Il aura fallu attendre jusqu’au dépouillement du dernier bureau de vote pour que les soutiens d’Hendrik Davi, réunis rue Sainte-Cécile (5e), s’autorisent à crier victoire. Le député sortant de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône aura donc réussi à devancer l’insoumis officiel, Allan Popelard, investi à sa place par le Nouveau front populaire. Aux alentours de minuit, le suspense prend fin : près de 500 voix sépareront finalement les deux candidats.

Si les soutiens du député sortant se félicitent, ils sont sommés par Hendrik Davi de ne “pas applaudir trop fort”. Déjà parce qu’il est minuit passé et que le groupe est rassemblé sur le trottoir, ensuite pour ne pas oublier que le vrai gagnant de la soirée, c’est le Rassemblement national. Comme dans la majorité des circonscriptions du pays, ici aussi, dans le centre-ville de Marseille, c’est le candidat d’extrême droite Franck Liquori qui est arrivé premier avec 25,8 % des suffrages exprimés. Hendrik Davi le suit donc avec 24,4 % des votes, talonné par Allan Popelard, qui termine à 23,3 %. Contacté, ce dernier n’a pas souhaité s’exprimer. Il ne s’est pas non plus montré au QG de La France insoumise, contrairement à ce qui était prévu.

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“J’appelle à un premier rendez-vous ce lundi soir pour préparer le second tour. D’ici là, j’imagine que j’aurais eu Allan Popelard au téléphone”, s’avance Hendrik Davi. Pour demander à ce dernier de ne pas rester dans la course. “Mais j’imagine qu’il va se retirer”, poursuit le député sortant. C’est en tout cas la consigne annoncée sans ambiguïté pour tout candidat du Nouveau front populaire arrivé, comme lui, en troisième position. Si ce schéma se confirme, grâce aux reports des voix, Hendrik Davi n’aura aucune difficulté à se hisser en tête des votes dimanche prochain, au terme du deuxième tour des législatives.

Du terrain et des surprises

Au local de la rue Sainte-Cécile ce dimanche soir, difficile de cerner ce qui a permis, réellement, à Hendrik Davi de creuser (un peu) l’écart avec son concurrent. Au fil de la soirée, les résultats remontés bureau de vote après bureau de vote paraissent comme aléatoires. “On fait un très bon score sur Vauban. On a tracté là-bas en porte-à-porte il y a quelques jours et ça a fait la différence”, analyse la suppléante du candidat, Pauline Tournier, les yeux rivés sur un tableau Excel. Même bonne surprise sur le bureau de vote Chabanon, entre le cours Lieutaud et la Préfecture. “Les parents d’élèves nous connaissent là-bas, car on a déjà fait une intervention en classe”, s’avance encore Pauline Tournier.

“On a des résultats très surprenants”, confirme Hendrik Davi de retour au QG après un passage sur les plateaux TV, vers 23 h 30. “La seule chose qu’on peut dire à ce stade, c’est qu’à chaque fois qu’on a ciblé des quartiers et qu’on a investi le terrain, ça a marché. J’ai le sentiment que le vote Popelard s’est réduit à un vote légitimiste. Les gens ont voté Popelard quand ils ne savaient pas quoi voter”, conclut-il sans détour. Ce qu’il faut bien noter aussi, c’est que la confusion était plus que compréhensible dans la mesure où le bulletin Hendrik Davi reprenait la mention “Nouveau front populaire”, et toute la charte graphique qui va avec. Une méthode dénoncée par son opposant, mais avalisée par la justice.

Mais pour les soutiens d’Hendrik Davi, sa victoire ne doit rien au hasard, et ils n’ont aucun mal à lister ses atouts. À commencer par un point qui pourrait sembler paradoxal : “moi, ce qui m’a convaincu, c’est que le Nouveau front populaire lui a refusé l’investiture, lance par exemple une femme. Alors comme ça, nous, on devrait se plier au chef et ne pas avoir notre mot à dire ?” À ses côtés, on souligne “son engagement auprès des associations, sur le terrain”. Pauline Tournier n’aura pas d’autres mots : “c’est le fruit d’un travail militant mené sur des années”. Un jeune militant, justement, explique comment il a résumé le tableau auprès de ses amis qui ne savaient pas pour qui voter : “je leur ai dit, il y en a un qui est de Paris, et il y en a un qui est de Marseille !” La formule “Davi contre Goliath” est ici approuvée.

Invitations

“On veut soutenir ceux qui ont travaillé. On ne peut pas débarquer comme ça sur un territoire et rayer les gens qui sont là depuis des années”, s’émeut Bénédicte Gomis, qui a été suppléante de l’insoumis Mohamed Bensaada dans la 3e circonscription en 2022. Et qui, avoue-t-elle, est aussi amère que le candidat de sa circonscription n’ait pas été réinvesti non plus.

Dans le local de campagne d’Hendrik Davi, les traces du scrutin de 2022, où le candidat avait atteint 40 % des voix au premier tour en balayant la députée (LREM) Cathy Racon-Bouzon, sont encore partout. Sur un mur, des affiches de la Nupes. Sur un autre, une photo encadrée de Jean-Luc Mélenchon. Dans un cadre, aussi, un dessin représente le député sortant aux côtés de Manuel Bompard, son voisin de la 4e circonscription, réélu dès ce dimanche, en train de dédicacer un maillot de l’Olympique de Marseille.

Le seul détail qui annonce un changement d’époque, c’est l’absence du logo de La France Insoumise sur les affiches réalisées pour ces nouvelles élections. Peu importe à Hendrik Davi qui, malgré sa purge, veut appeler à “un grand rassemblement de tout Marseille ce jeudi, de Bompard à Payan. Il faut qu’on fasse un évènement, je réitère ma proposition. À voir s’ils sont d’accord, bien sûr…” Avant cela, le candidat propose la date de mercredi pour une soirée de circonscription aux Chartreux. Allan Popelard est invité.

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