Elias Sanbar et Macha Makeïeff, hakawâtis des Milles et une Nuits

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le 14 Mar 2013
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Elias Sanbar et Macha Makeïeff, hakawâtis des Milles et une Nuits
Elias Sanbar et Macha Makeïeff, hakawâtis des Milles et une Nuits

Elias Sanbar et Macha Makeïeff, hakawâtis des Milles et une Nuits

Lorsqu'Elias Sanbar, écrivain, poète, diplomate et ambassadeur pour la Palestine à l'Unesco et Macha Makeïeff, directrice du théâtre de la Criée, se retrouvent comme deux vieux camarades, leur amitié flagrante déborde du cadre de l'interview. Alors qu'ils évoquent, hors champ caméra, leurs souvenirs les plus cocasses, une bonne humeur contagieuse éclabousse le hall du théâtre : "La pire anecdote dont je me souvienne, raconte Macha Makeïeff, c'est cette fois où j'ai interprété en allemand des textes de Rainer Maria Rilke. Après le spectacle je retourne dans la coulisse, et là une bourgeoise me poursuit en criant mon nom. Je me retourne, pas peu fière, m'apprêtant à recevoir des éloges sur ma prestation. Là elle me demande : 'C'est de qui votre robe?'". Elias Sanbar enchérit : "c'est comme lorsque l'on est invité à une émission et qu'à la fin ou vous dit juste "c'est bien que vous soyez là". Peu importe ce que vous avez pu dire…"

Ali Baba le ferrailleur

Au cours de l'interview, Macha Makeïeff explore sa dernière création, Ali Baba, jouée en ce moment à la Criée. Autant vous prévenir, insiste Elias Sanbar qui a participé à l'adaptation du conte, "nous avons été très souvent au-delà des convenances". Conséquence de cette grande liberté prise avec le conte originel, d'abord perse, arabe puis français, les quarante voleurs deviennent une bande de mafieux tandis qu'Ali Baba apparaît en ferrailleur. "Il passe de l'idiotie magnifique au nouveau riche", interprète Macha Makeïeff, rappelant le prosaïsme d'un conte ancré dans le réel, nimbé de magie salvatrice. Tout comme les Apaches et leur univers du music-hall, le burlesque, la musique et les acrobaties de la troupe tiennent une part au moins aussi importante que le texte.

 

 

Avec sa voix de fabuliste, Elias Sanbar explique la tradition des raconteurs d'histoires du monde arabe, les hakawâtis, de plus en plus rares dans les cafés en Syrie, en Palestine et ailleurs, victimes des télévisions. "C'est un rituel de café. Le hakawâti avait souvent un livre manuscrit […] Il était toujours assis sur une chaise, elle-même posée sur une des tables pour que tous les consommateurs le voient. Il avait toujours un doigt glissé au milieu du livre, pour insinuer qu'il s'était arrêté là, que c'était un conte en cours."

L'écrivain Elias Sanbar évoque aussi son livre en cours d'écriture, où il sera question d'un naufrage. "Il y a des chances pour que ça me plaise", rigole Macha Makeïeff. "Ce navire a mis longtemps à disparaître, tellement longtemps qu'à l'adolescence la partie émergée nous servait de plongeoir. […] Le naufrage a eu lieu à Beyrouth, une nuit de Noël. Ce paquebot s'appelait Le Champollion, entièrement décoré de hiéroglyphes. Le commandant, le pauvre, s'appelait la Bourde". Reprenant son sérieux, Macha Makeïeff confie : "On rit beaucoup, c'est important car la scène, ça fait peur. C'est beaucoup de joie mais on a tant de responsabilités […] que c'est important d'avoir le recul très sain du rire. Ça donne des forces."

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Commentaires

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  1. ALAIN PERSIA ALAIN PERSIA

    Merci MACHA pour ALI BABA . Avec vous on est encore plus fier d’être Marseillais. Votre talent est immense et j’espère que vous resterez longtemps à la tête de La Criée.

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