Economie : le grand oral attrape-tout de Stéphane Ravier

Economie : le grand oral attrape-tout de Stéphane Ravier

"Moi, en étant dans le 6/8, je vais travailler sur l'économie plutôt que sur la sécurité, leur montrer que nous avons un vrai programme à ce niveau", nous avait confié Michel Cataneo lors de la présentation des têtes de liste du Front national en vue des municipales. La conférence de presse (et aux militants) au Tempo Cadenelle offrait des airs de grand oral à Stéphane Ravier. Dans sa quête de respectabilité, le parti d'extrême-droite se sait attendu au tournant économique, loin de ses thèmes phares de la sécurité et de l'immigration. Le candidat doit montrer qu'il maîtrise les grands enjeux de la place marseillaise.

Le discours est écrit à la hache et Stéphane Ravier le sert de son débit de mitraillette. Il s'en détache moins qu'à l'habitude, le candidat n'est pas là sur ses terres habituelles. Après avoir rappelé que le maire n'a que "peu de pouvoir dans ce domaine", il énonce ses propositions à la chaîne en axant comme tous ses concurrents avant lui sur l'aspect maritime. Les propositions ont déjà été entendues à droite ou à gauche. Un aquarium, une zone franche portuaire, une Silicone Valley du numérique, un pôle de recherche médicale à Luminy, un guichet unique à destination de entreprises… Merci Gaudin, Mennucci et les autres. Mais c'est bien connu, les bonnes idées n'appartiennent à personne.

Libéral, planificateur et écologiste

Pour arriver à concrétiser ces objectifs, les choix proposés font là encore preuve d'un éclectisme notoire. Ravier fustige "le racket et le braquage fiscal", veut "dynamiser l'implantation d'entreprises mondiales phares" en proposant "une offre foncière et fiscale attrayante". Face à cet assaut de libéralisme, le patron local du Front prône aussi la "municipalité stratège" en usant notamment du "droit de préemption sur les locaux privés mais aussi sur les baux commerciaux" et parle de "travailleurs, comme dirait Arlette". Les notes écolos se multiplient aussi au fil du discours, le candidat vantant la biodiversité, les énergies renouvelables, les marchés paysans ou encore les conclusions du Grenelle.

Question finances en revanche, on ne comprend pas vraiment comment le candidat compte mettre en route une politique écologiste et volontariste tout en diminuant les rentrées fiscales. Ravier répond qu'il s'en prendra à "la nébuleuse associative" ou qu'il renégociera les emprunts avec les banques qui "comme chacun le sait sont nos amies". Il mise aussi sur "la remise en question" de la gestion de la municipalité persuadé de l'existence d'un "gaspillage, faute d'organisation".

Préférence locale

L'exercice dure finalement plus d'une heure. Dans le débat public, ces dernières années, l'antenne locale du Front national n'a pourtant que rarement pris de position sur l'économie locale comme en témoigne le détail des interventions du seul conseiller municipal FN Bernard Marandat en conseil municipal. Il serait toutefois faux d'écrire que rien de nouveau ne sort de ce discours. Hormis un parc d'attraction autour des jeux vidéos, ces idées neuves renvoient toutes ou presque à la préservation d'une identité et d'un savoir-faire locaux. Par exemple, "protéger les artisans et les commerçants marseillais" à grands coups d'"indications géographiques protégées" de "label d'excellence" ou d'"appellations d'origine". En guise d'exemple, Ravier lâche : "Nous avons la modestie de croire  que nous avons contribué à ce que la Savonnerie du Fer à cheval soit sauvée et avec elle le savoir-faire".

Clou du spectacle régionaliste, sa marotte : "la Voie royale, la Voie provençale, du parc Longchamp au Vieux-port avec des commerces et des artisans promouvant le savoir-faire local, des librairies régionales, un grand marché provençal en haut de la Canebière et un marché de Noël digne de celui de Strasbourg en décembre et janvier pour animer une période touristique aujourd'hui morne". Cet élan a sa justification proposée quelque peu en amont de son discours : Il s'agit de contrer "le changement culturel et cultuel provoqué par les politiques d'immigration massive". Qu'on se rassure le Front reste le Front.