Ecoles à Marseille : l’État s’abrite derrière la com’ municipale
La ministre de l'éducation Najat Vallaud-Belkacem est venue à Marseille pour un "point d'étape" sur les écoles. Mais les millions d'euros qui devaient être débloqués en urgence se sont fondus dans la communication municipale.
photo EC
À la préfecture, sur l’estrade aménagée pour le point presse de la ministre de l’éducation Najat Vallaud-Belkacem, le ton est martial : face au scandale des écoles délabrées de Marseille, “qui a suscité à juste titre la polémique”, “l’État, garant du service public devait prendre ses responsabilités et en aucune façon détourner le regard”. Suspendus aux mots de la ministre, les journalistes attendent l’annonce d’un plan Marshall qui ne viendra pas. Tout au plus, quelques mesures réchauffées, que l’on a du mal à démêler des annonces faites depuis des mois par la communication municipales. Après l’affrontement, Ville et État font désormais communication commune.
Pourtant, la ministre de l’éducation et celui de la Ville avaient enjoint début février le préfet des Bouches-du-Rhône et le recteur d’académie à se saisir du sort des écoles marseillaises. Il était alors question de préparer un programme de travaux en lien avec la mairie de Marseille, ce qui a bel et bien démarré.
Pas de fonds supplémentaires
Dans le “point d’étape” distribué par les services de la ministre (en ligne ici), les “engagements de l’État” n’occupent que quelques lignes en quatrième et dernière page. Ils s’appuient principalement sur la dotation de la politique de la ville, dont 3 millions d’euros seront consacrés aux écoles et 1 million aux équipements sportifs utilisés par les écoliers. Mais ces crédits n’ont rien de spécifique puisque Marseille y a droit comme les 119 autres villes les plus pauvres de France. Début février, la préfecture avait déjà promis de “mobiliser” – et non de débloquer l’enveloppe de 5 millions d’Euros de la dotation politique de la ville dont bénéficie Marseille en 2016. En 2015, Marseille a touché 3,4 millions d’euros consacrés à des projets d’écoles, de crèches, gymnases, centres sociaux, etc. De même, les “crédits de l’ANRU” mentionnés correspondent à des programmes de rénovation urbaine (La Castellane, Air-Bel, La Savine…) retenus depuis fin 2014.
Si la ministre précise que cette dotation de la politique de la ville sera reconduite au moins jusqu’à la rentrée 2018, aucune enveloppe supplémentaire n’est envisagée. Quant à la liste des écoles sur lesquelles l’État souhaiterait agir en priorité – “une douzaine” selon Najat Vallaud-Belkacem – leurs noms ne seront pas dévoilés aujourd’hui. Une seule annonce se détache : le nouveau groupe scolaire de Sainte-Marthe, doté de 15 classes et prévu pour septembre 2017, sera cofinancé par l’État via le fonds de soutien à l’investissement local. Mais aucun montant n’est précisé pour l’heure.
La ministre se réjouit pourtant largement des “réponses trouvées à la hauteur des enjeux” et salue les travaux d’urgence engagés par… la Ville. Dont “une soixantaine engagés pendant les vacances de Pâques” – sur les 114 écoles repérées comme nécessitant des travaux de degrés d’urgence différents – précise Jean-Claude Gaudin, qui s’est engagé à son tour à débloquer environ 5 millions de crédits cette année (près de 4 millions ont d’abord été votés au dernier conseil municipal). Un effort qui sera renouvelé chaque année pendant trois ans pour un montant compris entre 3 et 5 millions.
C’est encore la Ville qui reçoit les félicitations de la ministre pour son engagement, avec le lancement le 1er avril de son numéro d’urgence “Allô Mairie Ecoles” dédié aux directeurs d’école, afin que ceux-ci ait un seul numéro pour demander une intervention urgente. La Ville a d’ailleurs opportunément choisi ce jour de rentrée et de visite ministérielle pour envoyer son communiqué de presse sur le sujet.
Nouveau point début mai
Visiblement convaincue par la communication de la Ville, Najat Vallaud-Belkacem s’estime également satisfaite des “330 postes en plus pour les écoles de Marseille dont 150 dédiés au 1er degré”. Un effet d’annonce que Marsactu a déjà démonté : ces chiffres gonflés d’embauche de personnels municipaux dans les écoles et les crèches masquent une réalité plus contrastée : il s’agit majoritairement de remplacement de départs à la retraite.
À part ça, aucune annonce ne sera faite sur les moyens donnés à l’éducation, lorsqu’un rapport de l’UNICEF vient d’épingler la France en matière d’égalité pour les enfants en la matière. Elle est classée 35e sur 37e sur les pays de l’Union européenne et de l’OCDE. Cette inégalité creusant un fossé dans l’éducation des enfants de la République, l’enseignante Charlotte Magri le soulignait justement dans sa lettre en plus des questions nombreuses de vétusté…
Rendez-vous est pris le 4 mai, date du conseil départemental de l’éducation nationale (CDEN) – instance officielle consultative devant réunir l’État, les élus, les personnels et représentants des parents d’élèves – prévu pour faire le point sur les travaux à venir. D’ici là, la liste des écoles prioritaires de l’État sera peut-être enfin connue. Mais on sait déjà qui paiera la facture.
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Retrouvez notre dossier écoles
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Commentaires
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Merci å monsieur le maire, grâce å sa gestion sans failles et å son relationnel remarquable, les écoles marseillaises seront exemplaires! Au fait, les conseillers municipeux doutaient-ils que leurs administrés craignent qu ‘ ils n’aimassent pas la France?
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Merci å monsieur le maire, grâce å sa gestion sans failles et å son relationnel remarquable, les écoles marseillaises seront exemplaires! Au fait, les conseillers municipeux doutaient-ils que leurs administrés craignent qu ‘ ils n’aimassent pas la France? Nous sommes la risée du monde et la gabegie devrait faire l’objet de poursuites, cette gouvernance d’une incompétence crasse doit ětre sanctionnée ainsi que la bêtise arrogante dont elle fait preuve.
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Si on peut rejoindre la ministre c’est bien sur son analyse que le premier problème des écoles Marseillaise n’est pas un manque d’argent, qu’on trouvera facilement dans les dépenses de propagande plus ou moins personnalisées, mais un problème de gestion et de priorités. De là à lancer des fleurs … Enfin quand on a asséné à l’école de la république par des activités péri-scolaires territorialisées et donc inégalitaires, avec en prime une problématique de garde du mercredi après-midi pénalisant les travailleurs, on reste dans un logique assez politicienne.
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En matière de com’, difficile de démêler le tien du mien; La ministre et Le maire confrontent leur talent de joueurs de bonneteau, les crédits, ils sont là, ils sont là, là, où sont ils… hé non! Des phrases puis des phrases, plus quelques éléments de langage… ite missa es… Reste plus aux enseignants et autres parents d’élèves qu’à trouver le numéro de la ligne “Allô Ministre Ecoles”!
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