Eau : des élus en manque de transparence à Marseille

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le 24 Sep 2010
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Eau : des élus en manque de transparence à Marseille
Eau : des élus en manque de transparence à Marseille

Eau : des élus en manque de transparence à Marseille

Une ancienne première dame, un totem en forme de bouteille signé Philippe Starck, un slogan simple « l’eau bien commun de l’humanité » et la sortie mondiale du film Water Makes Money consacré au sujet… Pour les élus à la communauté urbaine de Marseille, au conseil régional et les associations qui militent pour un retour à une maîtrise publique de l’eau, la présence de Danielle Mitterrand hier a semblé avoir un effet galvanisateur.

« Il y a enfin un débat »

La présidente de l’association France Libertés a d’emblée clarifié les choses : « ce n’est pas la peine d’aller au Forum mondial de l’eau« , qui se tiendra en mars 2012 à Marseille. « Ils écoutent, mais ils n’entendent pas. Ils n’ont qu’une seule idée: faire de l’argent. » « Ils », ce sont les entreprises privées du secteur de l’eau, et notamment la Société des Eaux de Marseille (SEM), dont le patron Loïc Fauchon préside également le Conseil mondial de l’eau, institution hybride qui organise le FME. A la place, une coordination « Eau bien commun » a été mise sur pied début septembre pour organiser un forum alternatif, quelques jours avant.

Et pour tenter d’ici là de rassembler le plus possible autour de cette bataille d’eau. « Le combat n’est pas évident à Marseille. Aujourd’hui, l’ensemble des forces de gauche ne vote pas pour la gestion publique« , reconnaît Pierre Semeriva, conseiller Europe Ecologie à la communauté urbaine. Autrement dit, on retrouvait hier plutôt des convaincus : Europe Ecologie, le Front de Gauche et le Modem. « Mais il y a enfin débat alors qu’on était rentrés dans une routine à force de signer des délégations de service public » (DSP), ajoute-t-il.

Une eau peu transparente

Une bataille qui aura lieu en grande partie au Pharo d’ici l’échéance des contrats (2012 pour l’assainissement et 2013 pour la distribution). Cette semaine, la commission AGER de la communauté urbaine, chargée de se pencher sur la question, a été suspendue. Les élus Europe Ecologie ont en effet refusé d’examiner les rapports « faute d’avoir obtenu les documents qu’ils ont demandés à plusieurs reprises auprès de la Direction Générale des Services -en particulier, les rapports de contrôle des DSP eau et assainissement de MPM et le contrat de la DSP liant MPM à la Société des Eaux de Marseille. »

Sylvie Nespoulous, qui siège au sein de cette commission, dénonce le manque de contrôle de la collectivité dans ce domaine et assure que « cela peut aller très loin. On pourra refuser de voter en séance plénière car nous n’avons pas eu les éléments nécessaires. » D’ici là, elle va déposer des recours en rappelant « le droit des élus à accéder aux documents administratifs« . Même si le retour à une gestion publique « peut être très compliqué, on se battra pour avoir au moins un débat réel en toute transparence« , appuie Jean-Luc Bennahmias, conseiller communautaire Modem.

Appel au peuple

Le chemin sera long. En juillet, la commission s’est vue présenter une étude commandée par MPM concluant que le prix de l’eau est élevé, mais surtout « que la pluralité des contrats rend la gestion complètement opaques« , indique Jacqueline Durando, conseillère communautaire MRC. « Ce qui m’a paru le plus significatif, c’est qu’on explique qu’il y a deux possibilités : ou le prix de l’eau est élevé mais le risque est faible pour l’élu, ou alors le prix de l’eau est plus bas, mais là, il prend des risques. On fait peur aux élus, s’indigne Josiane Teissier, membre d’Attac Marseille et du collectif Eau bien commun. Cela pose la question des expertises et de leur qualité car le rapport n’est pas censé être là pour faire de l’idéologie. »

Comment faire pencher la balance ? « J’ai remunicipalisé l’eau dans ma commune, mais j’en ai passé des nuits à ne pas dormir avec la boule au ventre. Il n’y a que le peuple qui pourra faire bouger les choses. Il faut que vous preniez la main et les élus suivront« , lançait l’ancien maire de Varages (Var) Michel Partage aux spectateurs de Water Makes Money, projeté hier aux Variétés.

Un film qui permettra aux néophytes de saisir la plupart des enjeux, et aux autres de découvrir des perles comme ce rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) de Provence-Alpes-Côte d’Azur consacré à Fréjus Saint-Raphael, où l’eau est confiée à la CMESE, une des nombreuses filiales de Véolia, dont on vous épargne le sigle : il considère que « ne sauraient rentrer dans les comptes des délégations de services publics (c’est-à-dire sur la facture des usagers, ndlr), toutes les dépenses nombreuses et variées telles que les dépenses de sponsoring, des voyages au Vietnam, une soirée étape à Mougins offerte à un cadre de l’agence de l’eau et dont le coût s’est élevé à 4 140 F ; une participation à hauteur de 10 000 F à une campagne électorale en 1994 (cantonales) ; des voyages à Malte et en Sardaigne payées à un « négociateur » sans contrat  pour un montant de 170 000 F ; un séjour au club St-James à Paris pour un élu du Var-est pour un montant de 5 120 F ; des honoraires payés à un avocat des Alpes-Maritimes sans qu’aucune justification n’ait pu être produite pour un montant de 270 000 F ; deux factures d’un cabinet d’audit faisant actuellement l’objet d’une procédure judiciaire et pour un montant de 1 362 929 F ; un voyage et séjour à Cardiff pour 4 personnes dont deux au profit d’un cadre d’une collectivité territoriale du Var-Est et pour un montant de 32 080 F. Une mission à l’initiative de la CMESE et confiée à un cabinet d’audit varois pour un montant de 600 000 F HT qui concernerait le SEVE (Syndicat de l’eau de l’Est Varois, ndlr) qui n’en a pas été informé. Indéniablement, la CMESE a eu abusivement tendance à imputer sur le compte de charges du service, des dépenses de relations publiques, voire d’approches personnelles. C’est ce qui s’appelle un croustillant inventaire à la Prévert ! Aux dernières nouvelles, Véolia est toujours aux manettes à Fréjus… L’occasion également pour les courageux de se replonger dans le rapport de 2000 de la CRC consacré à la gestion de l’eau à Marseille.

Un lien Loïc Fauchon, empereur des Eaux de Marseille, et humaniste incompris ?, sur Marsactu

Un lien Le site du film Water Makes Money

Un lien Le blog du journaliste spécialisé Marc Laimé (qui n’a étrangement pas aimé Water Makes Money)

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Commentaires

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  1. bob bob

    Tu parles en F en ancien F, en Louis d’Or ? ouah le sujet super récent…

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  2. céhère céhère

    Merci Marsinfo d’avoir couvert cet évènement et de donner de l’information. Il semblerait que la pravd… la provence n’ait pas daigné accorder son auguste intérêt à ce dernier. Les autres non plus.

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  3. prapin prapin

    c’est bon .avec guérini ,on va avoir l’eau gratis…

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  4. bob bob

    Et en même temps à l’époque le financement des partis par des entreprises privés n’était pas illégal…
    Et tu crois dans le prix de l’eau des régies, il n’y a pas à boire et à manger non plus ?

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