D’une élection à l’autre, les élus marseillais “en campagne dès lundi”

Le bureau de vote du palais de la Bourse le 9 juin 2024. (Photo : LC)

Certains, tel le député Renaissance Lionel Royer-Perreaut, prennent “acte” et réservent leur expression au lendemain. D’autres trahissent leur surprise, telle la présidente de la fédération LR Laure-Agnès Caradec qui a le sentiment que le pouvoir en place “joue avec le feu”. Quand ils ne raccrochent pas carrément. Ce dimanche soir, dans la foulée de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, les élus locaux oscillent entre gueule de bois démocratique et remobilisation.

Les présidents de collectivités Renaud Muselier (Renaissance) et Martine Vassal (divers-droite) tissent des communiqués entre enseignements du scrutin et branle-bas de combat. “Nous rentrons dans une phase de grand affrontement politique, pour l’avenir et le destin de la France”, pose le président de région. “Désormais, nous devons construire une union, un avenir commun avec l’ensemble des forces républicaines. Sortons des logiques de petits clochers si nous souhaitons construire une véritable cathédrale !”, appelle celle qui est à la tête du département et de la métropole.

Comment ? Les stratégies des états-majors nationaux le diront. Côté majorité présidentielle, on indique déjà ne pas disputer leur siège aux députés sortants s’inscrivant “dans le champ républicain”. Comprenez sans les “extrêmes” qui sont “responsables des fractures de notre société”, selon Martine Vassal. Nul doute que les étiquettes politiques à mettre derrière ces termes feront débat.

Front populaire et retour de Ravier

Au RN, qui appelait cette dissolution de ses vœux, l’heure est aussi à faire simple. “On ne forme pas quelqu’un en trois semaines”, glisse Emmanuel Fouquart, délégué départemental adjoint et probable futur candidat dans la circonscription de Martigues. Mais, avec une liste Reconquête à près de 7 % dans les Bouches-du-Rhône, la question des investitures se posera aussi. “Il y a des choses qui sont impardonnables et je pense qu’au sein du RN, beaucoup de militants n’accepteraient pas le retour [du sénateur] Stéphane Ravier. Ce serait une grosse erreur”, tranche-t-il dès à présent. Ailleurs, l’union n’est ainsi pas exclue, mais à ses yeux, “au niveau marseillais, ce n’est pas possible.”

À gauche, le maire de Marseille Benoît Payan en appelle à l’union, sur le modèle du Printemps marseillais, mais avec la France insoumise en plus. Ailleurs, on ressuscite l’idée d’un “front populaire” sur les cendres de la Nupes. Comme du côté du PCF, ouvert à l’union mais “sans hégémonie avec le respect de chacun et chacune des composantes”. Peu importe l’appellation, l’essentiel est de faire vite, réagit le député LFI Hendrik Davi, pour qui “il faut que la Nupes reconduise tout le monde”. “Je suis prêt à repartir en campagne dès lundi. (…) J’ai déjà réservé le théâtre des Chartreux jeudi pour une assemblée de quartier, pour s’organiser”, ajoute l’élu du centre-Est de Marseille.

Face au “risque que le RN gouverne le 7 juillet et d’avoir les JO avec Marine Le Pen Première ministre”, formulé par Hendrik Davi, les réactions dépassent le champ des partis politiques. “Chacun a son poste de combat, harangue sur le réseau X le secrétaire général de la CGT 13, Olivier Mateu. Les syndicats doivent organiser la grève contre le fascisme partout. (…) Rdv demain 18h Marseille Préfecture.” Dès dimanche soir, alors que les dépouillements se poursuivaient encore dans certains bureaux, une petite centaine de jeunes a bravé la pluie pour manifester contre l’extrême droite.

Avec Violette Artaud, Lisa Castelly et Jean-Marie Leforestier