Du son au trait, l'aventure d'un concert dessiné

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le 8 Oct 2014
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Du son au trait, l'aventure d'un concert dessiné
Du son au trait, l'aventure d'un concert dessiné

Du son au trait, l'aventure d'un concert dessiné

Quelques notes, aussi douces que légères, bulles suspendues dans l'atmosphère, parviennent du fond de l'atelier. Situé dans la rue de l'Arc, pentue et fleurie par les habitants, il abrite le temps d'une répétition trois artistes en vue d'une soirée proposée dans le cadre des Littorales, rencontres marseillaises des livres et auteurs créées par les libraires indépendants associés. Ce jeudi, au théâtre Mazenod, Frédéric Nevchehirlian chanteur, Thomas Azuélos, dessinateur et Gildas Etevenard, percussionniste offrent pour la première fois aux spectateurs un concert animé, sur une proposition de la librairie la réserve à Bulles.

Des feuilles couvertes de peinture rouge, des esquisses réalisées par Thomas Azuélos jonchent le sol. Celui-ci, concentré sur la musique de Frédéric Nevchehirlian, trace du bout de son pinceau, formes et silhouettes reprises et agrandies par un rétro-projecteur. Sa respiration est contenue pour ne pas troubler le geste, son regard ne cesse d'aller et venir vers le chanteur, pratiquement immobile devant un écran sur lequel se projette son ombre. Alors que la voix de Nevchehirlian soutenue par sa guitare et les percussions se module, les mouvements du dessinateur s'accélèrent et se précisent. Puis lentement, Thomas Azuélos fait glisser la feuille hors du champ, l'accompagnant dans sa chute jusqu'à terre. Les mains rougies, il garde le pinceau suspendu au-dessus de la vitre sur laquelle il s'est mis à l'oeuvre. 

"Créer du suspens"

De ce moment de poésie, il n'en restera rien. Ou rien d'autre qu'un joli souvenir. Ni les dessins, effacés, ni cette complicité artistique pourtant féconde mise au service d'un court instant d'art ne laisseront de trace. C'est autour de l'album Rétroviseur de "Nevche" que les trois artistes ont imaginé la performance. Les chansons relatent "la somme des choses qui arrivent, qui ont pu m'arriver à Marseille et qui constituent ce que l'on devient" présente le compositeur. "L'objet est de regarder derrière sans nostalgie tout en regardant devant", comme l'indique le titre de l'album.

"Mais le dessin qui commence et qui se termine n'est pas un spectacle vivant," insiste Thomas Azuélos. Pour autant, précise Frédéric Nevchehirlian, "on y retrouve tous les ressorts du concert, du cinéma et de la peinture en action. Il faut créer du suspens, faire s'interpénétrer les choses." Plus qu'un décor, la peinture de Thomas Azuélos relève davantage de la scénographie. Pour lui qui a déjà goûté au dessin animé, le principe n'a rien à voir. "La question de l'espace est très importante. Il ne s'agit pas juste d'une illustration en rapport avec la musique. Il n'y a pas d'images finies, mais un certain nombre de repères, la recherche d'une synchronisation et beaucoup d'improvisation". D'ailleurs, "la chanson n'est pas fixée sur un support visuel" complète le chanteur.

"Sur le fil"

La trame suit la logique de l'album. Le reste est amené par les artistes qui se laissent dériver au gré de l'exercice. Seuls quelques moments du concert dessiné sont fixés par des rendez-vous précis choisis à l'avance par les trois compères. Le tout est d'équilibrer l'importance de chaque discipline, que l'une ne donne pas l'impression de dominer l'autre. "La fragilité est très importante. Il faut que cela soit perçu comme un truc sur le fil", explique Frédéric Nevchehirlian tandis que Gildas Etevenard enchérit : "Ce concert animé est quelque chose de sensible, en rapport avec l'inspiration du moment". L'éphémère est recherché. Les matériaux utilisés – la peinture, une vitre et du papier lisse  – sont gras, susceptibles d'être transformés, effacés, étalés afin de permettre une évolution.

Si une association de ce type constitue une première pour les trois artistes, chacun s'avoue perméable à la discipline de l'autre, y compris dans la pratique quotidienne de leur art respectif. Ainsi, Frédéric Nevchehirlian se dit sous influence d'images durant ses compositions. "Je suis capable d'écrire un carnet entier lorsque je vois une exposition de peinture ou de photos," glisse-t-il. Gildas Etevenard raconte qu'"en jouant, ce qui me vient, ce sont des paysages, des images fugaces ou au contraire persistantes". Comme le reflet d'un rétroviseur.

Dans le Rétroviseur, concert dessiné, Théâtre Mazenod, 88 rue d'Aubagne (1er), 19 h 30. Suivi de la projection du court métrage de Serge Avedikian, Chienne d'Histoire, à 21 h 30. Tarif : 7 € (sur réservations au 06 32 50 91 76). Programmation complète des Littorales en ligne.

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