Les deux pieds dans la métropole, Jean-Claude Gondard garde un orteil à la Ville

Décryptage
le 23 Juin 2016
7

Directeur général des services à la Ville et à la métropole, Jean-Claude Gondard va devoir consacrer 80% de son temps à la nouvelle institution et 20% à la municipalité. Pour le seconder à la Ville, le directeur de l'attractivité, Jean-Pierre Chanal est sur les rangs.

Jean-Claude Gaudin lors de son élection le 9 novembre à la présidence de la métropole.
Jean-Claude Gaudin lors de son élection le 9 novembre à la présidence de la métropole.

Jean-Claude Gaudin lors de son élection le 9 novembre à la présidence de la métropole.

80/20. La proportion s’applique au temps de travail que le directeur général des services (DGS) de la Ville, Jean-Claude Gondard, devra consacrer à la métropole (80%) d’un côté et à la municipalité de l’autre (20%). Loin des dénégations que ce fidèle de Jean-Claude Gaudin opposait aux questions des journalistes il y a quelques mois encore. Ainsi lors de la visite expresse des écoles marseillaises, en février dernier, Jean-Claude Gondard affirmait : “Je mènerai les deux de front. Après tout, regardez ce qui se passe à Bordeaux ou à Lyon. Il y a un seul directeur des services pour la ville et la métropole et ça marche très bien”. Ou en d’autres occasions, il tentait la pirouette : “C’est très simple. Je travaillerai deux fois plus”.

Depuis la position de l’intéressé a évolué. Lors de la prochaine séance du conseil municipal, lundi 27 juin, les élus voteront la mise à disposition pour 3 ans du DGS de la Ville à la métropole. Le rapport 225 pose principe de la répartition du temps de travail du futur DGS et, ce faisant, la nomination d’un directeur général des services adjoint qui n’existait pas jusque là dans l’organigramme municipal.

Comme annoncé il y a plusieurs mois, l’actuel directeur général à l’attractivité et à la promotion de la ville, Jean-Pierre Chanal devrait coiffer cette nouvelle casquette sur son chef chenu. Une promotion qui ne fait pas que des heureux dans l’appareil municipal, notamment en regard de son profil plus politique qu’administratif.

Murmure à l’oreille des puissants

Ancien journaliste du Provençal, passé à la direction du service de communication de la société des eaux de Marseille, l’homme est un proche du maire. Il accompagne notamment les écritures de ses mémoires dont les derniers chapitres seront forcément métropolitains. Il a été de tous les combats électoraux de Jean-Claude Gaudin comme homme de l’ombre de sa communication. Mais ce n’est qu’après 2014 qu’il a véritablement pris place dans l’organigramme avec cette nouvelle direction de l’attractivité taillée pour satisfaire ce grand communicant. L’intéressé se refuse pour l’heure à commenter son arrivée tout au sommet de la Ville avant les conseils, municipal et métropolitain qui doivent l’entériner.

La solution d’un recours extérieur par voie de recrutement à la métropole ou à la Ville a été définitivement écartée. En marge des vœux du maire à la presse, fin janvier, Jean-Pierre Chanal soulignait l’ancienneté des relations nouées entre le maire et son premier cercle qu’il soit administratif, Jean-Claude Gondard et Henri Loisel en son temps, ou politique, Maurice Battin et Claude Bertrand encore aujourd’hui. Après plusieurs décennies d’intimité partagée, l’arrivée d’une nouvelle tête à la Ville ou à la métropole aurait nécessité de très longs mois d’acclimatation réciproque avec le risque d’une greffe qui ne prenne pas. Des langues acérées pointent le peu d’attractivité d’une ambiance fin de règne à la Ville, dupliquée à la métropole naissante.

Pas de solution interne

Quant aux solutions internes, elles sont peu nombreuses. L’actuel directeur de l’urbanisme et directeur général de la métropole, Domnin Rauscher, un temps pressenti, n’a pas donné suite aux sollicitations. Il a déjà fort à faire avec le bouquet très garni des compétences dont il a la charge dans les deux institutions. “Il est très bien à l’urbanisme”, glissait Jean-Pierre Chanal, lors des vœux.

Au sein du pavillon Daviel où s’est installée la direction de l’attractivité, les agents ont pris le plis des coups de gueule du patron. Patelin, le secrétaire général de Force ouvrière, Patrick Rué, rappelle que son syndicat a approuvé la nouvelle organisation lors du passage en comité technique instance au sein de laquelle les représentants syndicaux et élus donnent leur avis sur les rapports soumis au vote. “Nous étions satisfaits de voir monsieur Gondard arriver à la métropole car c’est quelqu’un avec qui nous avons l’habitude de discuter et qui sait faire preuve de consensus”, se félicite-t-il.

Du côté du SDU13-FSU, le hourra est moins tonitruant. Le nouveau secrétaire général du syndicat à la Ville, Jean-Luc Zanlucca rappelle la position de son organisation : “Nous étions plutôt favorables à l’idée que chaque entité est son propre directeur des services. Nous prenons acte de cette nomination et nous allons très vite demander un rendez-vous au nouveau DGS adjoint.”

Le syndicaliste rappelle que le dernier rendez-vous officiel avec l’actuel DGS “à la demande du maire” date de l’été 2014 “avec la mise en place des temps d’activités périscolaires. Depuis, cette date nous n’avons plus eu de rendez-vous”.

Très rigoureux

Sur Jean-Pierre Chanal, le syndicaliste pousse un hourra moins bruyant : “Il a la réputation d’être un fonctionnaire très rigoureux avec un sens précis de l’organisation du service public. Ce n’est pas une mauvaise chose à l’heure où la Ville a besoin d’un souffle nouveau.” Sa réputation d’intransigeance, un brin colérique ? “Il est très rigoureux, sa réputation n’est pas usurpée, euphémise Patrick Rué, avant d’ajouter : Pour ce que je le connais, ce n’est pas quelqu’un de fermé. Il peut avoir un point de vue très arrêté mais si vous venez avec des arguments, il est capable de changer d’avis.”

Reste à savoir comment Gondard et Chanal seront appelés à travailler de concert. S’agit-il d’une simple formule administrative destinée à donner le change à ceux qui estiment que la métropole est un boulot à temps plein ou une nouvelle répartition des compétences entre l’un et l’autre ?

“Il ne faut pas se tromper, analyse pour sa part Jean-Luc Zanlucca du SDU13-FSU. Jean-Pierre Chanal gérera les affaires courantes mais les gros dossiers municipaux continueront d’être supervisés par Jean-Claude Gondard.

Joly et Placide au cabinet, sans Bertrand, ni Battin

Dans les mois qui viennent, la montée en charge de la métropole devrait permettre d’y voir plus clair dans ce nouvel organigramme, y compris au sein du cabinet, pléthorique à la Ville et étique à la métropole. D’après nos informations, seuls Nicolas Joly et Annette Placide ont intégré le cabinet du président. Actuel directeur de cabinet adjoint à la Ville, Maurice Battin aurait renoncé à la double casquette. Il est par ailleurs conseiller régional délégué aux lycées, une responsabilité déjà fort prenante.

Mais ce qui est décrit sur le papier n’est pas forcément le reflet de la réalité. Ainsi, lors des conseils métropolitains du parc Chanot, Maurice Battin et Claude Bertrand avaient pris place derrière le président et son directeur des services, sans que ceux-ci n’aient d’attribution officielle au sein de la nouvelle institution. Au-delà de l’organigramme, seul compte la réalité du pouvoir et la façon dont il s’exerce.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. LaPlaine _ LaPlaine _

    A Bordeaux où à Lyon “çà marche très bien”… oui à Bordeaux et à Lyon. Ici c’est la pétaudière et l’incompétence qui règnent avec de fait des (un?) syndicats qui organisent les “activités” des personnels. Un territoire non géré.

    Signaler
  2. Renardsauvage Renardsauvage

    On ne parle pas de ses primes mais il ne doit pas être loin de prendre sa retraite å moins qu’il soit déjà dans cette position et cumule pension et salaire. Quand on est aussi aimė å ce à ce poste c’est qu’on sait bien courber l’échine. Et puis on a des avantages en voitures au pluriel surtout quand on couvre à mort un petit chef avec des casseroles au cul, peut-être à t il un fils qui utilise le bien public et qu’on meurt de trouillard que ça se sache. Ceci n’est qu’une boutade, un suppositoire au pardon une supposition.

    Signaler
  3. Regard Neutre Regard Neutre

    Jean-Claude Gondard avance pour justifier le contrôle sur tout : —“C’est très simple. Je travaillerai deux fois plus”—. Aussi, c’est bien connu, en dispersant son temps de travail, il assure déjà sa défense en justification d’incompétence car le DGS ne sera ni à la ville ni à la campagne…Par ailleurs consacrer seulement 20 % de son activité à la ville dénote un aveu criant de dévalorisation du poste qu’il a occupé pendant plusieurs années. La ville Marseille n’ayant pas perdu des compétences administratives était peut être sur administrée ? M. Gondard , en voulant travailler deux fois plus, rechercherait des économies d’échelle pour redresser les finances de la ville et de la métropole qui n’aura qu’un DGS à mi-temps…. Une très bonne gestion territoriale pour éponger les dettes …

    Signaler
  4. Renardsauvage Renardsauvage

    Heureusement que le Front National sera le pour contrôler les incompétences et les magouilles institutionnelles ! Vive le Brexit , il nous faudrait aussi un référendum pour nettoyer la puanteur de Marseille.

    Signaler
    • LaPlaine _ LaPlaine _

      C’est sût qu’ils sont très investis dans le devenir du territoire, leur seul champ de vision c’est la prochaine élection.

      Signaler
  5. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    La ville de Marseille disposera donc désormais d’un maire présent deux jours par semaine et d’un DGS présent un jour par semaine. C’est plus que suffisant : tout le monde peut en effet voir que tout roule ici, et qu’aucun problème structurel majeur ne requiert de s’en occuper à temps plein.

    La comparaison avec Lyon et Bordeaux, villes connues pour être gangrenées par des difficultés financières, économiques, sociales et urbanistiques, s’impose donc. N’y voir aucun foutage de gueule.

    Signaler
    • LaPlaine _ LaPlaine _

      La tragi-comédie marseillaise continue de plus belle. En même temps c’était prévisible, une portion de gâteau en plus pour tous ces morfalous.

      Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire