Deux conseillers municipaux lâchent Martine Vassal, Michèle Rubirola renforcée

L'hémicycle de Bargemon, théâtre des conseils municipaux marseillais. (Photo : Emilio Guzman)

Deux de chute pour la droite marseillaise. Marsactu est en mesure de révéler que deux élus du groupe “une volonté pour Marseille”, constitué autour de Martine Vassal (LR) au conseil municipal ont décidé de quitter leurs anciens colistiers. Tous deux ne comptent pas parmi les conseillers municipaux les plus connus puisqu’ils inaugurent leur premier mandat. Christian Bosq et Sami Benfers ont endossé leur première écharpe au début du mois de juillet après la victoire de David Galtier dans les 13e et 14e arrondissements.

Ces défections vont mathématiquement profiter à la maire de Marseille Michèle Rubirola. L’étau autour de sa majorité devrait s’en trouver desserré. Lors du conseil municipal du 4 juillet qui a fait d’elle la nouvelle maire de Marseille, l’écologiste – actuellement en retrait pour raisons de santé – avait tout juste recueilli la majorité des voix en s’associant à Samia Ghali et ses soutiens.

À 51 voix sur 101, tout conseiller municipal qui ferait défection dans le groupe majoritaire pourrait mettre en péril la validation d’une décision. Une situation qu’avait connu Jean-Claude Gaudin en 2008 et dont l’ancien maire avait souvent souligné la difficulté. Comme lui à l’époque, Michèle Rubirola pourrait donc profiter de ces défections pour renforcer sa majorité. Benoît Payan, premier adjoint qui assure l’intérim de Michèle Rubirola, comme Joël Canicave, le président du groupe majoritaire, n’ont pas répondu à nos demandes de commentaire.

“Je vais siéger en non inscrit”

Si au sein du groupe majoritaire, on juge que le ralliement est “acquis”, Christian Bosq n’est pas si catégorique : “Je ne suis pas dans la majorité mais je suis ouvert à la discussion. Je vais siéger en non inscrit, je voterai les rapports qui me conviendront”, explique-t-il à Marsactu. Il se montre toutefois très ouvert pour le vote le plus important, celui du budget qui doit intervenir avant la mi-avril. “Je n’ai pas encore le document mais je pense que je vais accepter le budget bien entendu”, déclare-t-il. Avant de prendre sa décision, outre David Galtier, ancienne tête de liste dans les 13e et 14e arrondissements et Marion Bareille, nouvelle maire du secteur, celui-ci a “rencontré Benoît Payan” avant d’affirmer sa décision.

Cinquième sur la liste de David Galtier, Sami Benfers a de son côté attendu ce mercredi pour acter sa décision. Lui aussi se décrit comme un “homme de gauche” qui a rejoint Martine Vassal “parce qu’elle a décidé d’ouvrir largement ses listes”. Il a informé la présidente LR de la métropole et du département de sa décision de ne plus siéger à ses côtés. “Elle est déçue, forcément, commente le chef d’entreprise. Elle a toujours été réglo avec moi mais ce n’est pas le cas des éminences grises qui l’entourent”.

“Élu sur une liste de droite”

Figure de l’éducation populaire à travers l’association Episec ou le club de foot de l’Entente, Sami Benfers était très présent durant la campagne, notamment dans les quartiers populaires. Il ne voit pas pour autant comme une trahison sa volonté de quitter le groupe, “même si je serai toujours celui qui a été élu avec la droite”, assume-t-il.

Ces ralliements interviennent très tôt et pourraient interroger les électeurs qui pensaient avoir élu des citoyens de droite dans un secteur où la gauche avait fait le choix de se retirer du deuxième tour pour y barrer la route au Rassemblement national. Christian Bosq nie toute trahison : “les gens qui ont voté pour moi me connaissent. Je ne dois mon élection à personne mais à mon engagement dans cette campagne”, jure-t-il. Il justifie son choix par son parcours : “On a intégré une liste au nom de la société civile. Dans le 13/14, j’ai très mal vécu l’arrivée du RN, je voulais m’engager. Par l’intermédiaire d’un ami, j’ai été présenté à LR. Ils m’ont proposé des choses, au contraire des quatre listes de gauche. Je n’ai jamais fait de politique mais je suis plutôt de gauche : j’avais créé le syndicat SUD à la RTM où j’ai travaillé 38 ans, j’ai représenté les salariés.”

“J’aurais aimé qu’on m’écoute”

Ses premiers pas d’élus semblent l’avoir déçu. Il n’a pas obtenu le poste d’adjoint au sport qu’il convoitait en mairie de secteur. Et il avait le sentiment d’être un pion : “Il n’y avait aucune communication. J’ai un parcours, j’aurais aimé qu’on m’écoute un peu mais on n’a jamais voulu m’entendre. Par exemple, David Galtier a été appelé à d’autres fonctions à la métropole et on ne nous a rien demandé pour désigner Marion Bareille.”

Christian Bosq et Sami Benfers entendent tous deux représenter un mouvement baptisé “ambition citoyenne” qu’ils espèrent voir rayonner au delà du conseil municipal. Sami Benfers dit être en discussion avec des partis politiques, y compris du centre, qui verraient l’occasion d’être représentés dans l’hémicycle. Pour l’heure, les deux élus n’ont pas donné de signe de ralliement même s’ils reconnaissent discuter avec le Printemps marseillais. Le prochain conseil municipal du 5 octobre devrait donner une première indication sur l’attitude qu’ils choisiront d’adopter vis à vis de la majorité.