Des "parents référents" contre les grèves : la mairie s'emmêle les crayons

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le 10 Nov 2010
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La situation reste bloquée dans les cantines de Marseille. A l’appel de l’intersyndicale (CGT, SDU13-FSU, UNSA, CFDT, CFTC), la grève devrait se poursuivre jusqu’au 30 novembre. Nous avons rencontré les tatas, comme on les appelle ici, de l’école maternelle Copello dans le 5e arrondissement de Marseille. Sylvie, Josiane, Nathalie, Auria et Laurence sont indignées par la situation actuelle. Elles nous parlent notamment du service minimum mis en place par la mairie pour assurer la garde des enfants entre midi et deux. « Il y a un agent municipal et une vacataire pour encadrer 95 enfants », expliquent-elles. Autant dire que les règles de sécurité sont difficilement respectées.

Elles évoquent aussi le refus du maire de les recevoir. « Je discute en priorité avec le syndicat majoritaire (Force Ouvrière, qui ne suit pas le mouvement, ndlr). Je ne recevrai donc pas les grévistes, dont les motivations sont avant tout politiques », justifiait-il ce week-end dans La Provence. Ajoutant : « On ne va pas se laisser dicter notre conduite par des syndicats qui ne sont que minoritaires. » On n’est pas loin des « scories » raillées par Elie-Claude Argy, secrétaire général FO des Territoriaux.

« Comme un repas d’anniversaire »

Mais Danièle Casanova, adjointe au maire à l’éducation, a décidé, justement à la demande de Gaudin, de mettre en place un système un peu particulier, celui des « parents référents ». « Nous voulons avoir une liste de parents référents qui pourraient ainsi s’occuper des enfants et les encadrer. Ce type d’action existe à Paris où, quand il y a grève, la solution est identique », déclarait-elle lundi dans La Provence. Mais de quoi s’agit-il au juste ? Selon Mme Casanova, ce système, qui devrait être mis en place à partir de la semaine prochaine, ne sera utilisé que dans des conditions extrêmes. Une liste de parents sera remise à l’inspection d’académie et ces derniers viendront garder les enfants dans l’enceinte de l’école.

Une solution condamnée par les cantinières, les parents ou grands-parents n’étant pas qualifiés pour s’occuper d’un important groupe d’enfants, qui plus est en bas âge. Ce que dément aussitôt l’adjointe au maire. « Vous savez, c’est comme quand on organise un repas d’anniversaire. Il y a beaucoup d’enfants et pourtant on y arrive. » Mais elle ajoute qu’« en s’inscrivant sur la liste, ils s’engagent à assumer un rôle très important. » Quitte à transférer la responsabilité de la ville aux parents ?

Le faux exemple de Paris

Surtout, l’exemple de Paris, pratique pour désamorcer d’éventuelles réticences, tombe à l’eau : renseignement pris, un tel dispositif n’y a jamais été mis en place. Selon la mairie, dirigée par la gauche, certains élus UMP en avait fait la demande qui a aussitôt été refusée. « C’est contraire à ce que l’on souhaite. Nous disposons d’un service minimum pour prendre en charge les enfants. Mais nous refusons que des parents viennent les garder au sein de l’école. Le personnel doit être qualifié et compétent. Certaines associations de parents s’en occupent peut-être mais ce n’est pas de notre ressort. Si le service minimum ne peut pas être mis en place, l’établissement ferme », nous explique-t-on.

En réponse Mme Casanova insiste : « c’était pourtant ce qui était prévu. Ils n’ont jamais connu de grèves totales alors… » Et de s’empresser de rectifier : « je n’ai pas vraiment vérifié si ça existe dans d’autres villes mais je sais que certains communes ont trouvé ce système lorsqu’elles n’ont pas d’autre choix. Par exemple, j’ai eu plusieurs fois le maire de Rognac au téléphone et dans sa commune, ça fonctionne assez bien ».

Encore raté. Un bref coup de téléphone à la mairie de la commune nous indique qu’aucun parent référent n’a jamais gardé d’enfants dans les écoles. On connaissait le coup de Jarnac, Danielle Casanova nous fait le coup de Rognac. « Il faudrait que je révise alors… » ajoute l’adjointe au maire, légèrement embarrassée. En effet, il le faudrait…

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