Des chercheurs marseillais démasquent le coup marketing des bracelets Power Balance dans Capital

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le 11 Jan 2011
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Des chercheurs marseillais démasquent le coup marketing des bracelets Power Balance dans Capital
Des chercheurs marseillais démasquent le coup marketing des bracelets Power Balance dans Capital

Des chercheurs marseillais démasquent le coup marketing des bracelets Power Balance dans Capital

Quel est le point commun entre Cristiano Ronaldo, les All Blacks et Catherine Deneuve ? Ils portent tous un bracelet Power Balance, convaincus par les vertus pour « l’équilibre, la force et la souplesse » de ce produit. Un « succès planétaire » qui a été adopté par des millions de personnes explique l’émission Capital de M6, qui lui consacrait dimanche une enquête. Même Laurent Blanc, le président, et Kate Middleton, future épouse du prince William l’arborent, c’est dire…

Lancé par des surfers californiens

Autant dire que c’est le jackpot pour les frères Troy et Josh Rodarmel, deux surfers californiens d’une vingtaine d’années et leur boîte de 50 salariés. Du EFX au Supra Energy, le Power Balance a même des émules… Oui mais voilà, personne n’est encore en mesure de dire comment fonctionne ce bout de plastique serti d’une pastille, qui est fabriqué en Chine pour quelques centimes et vendu 36 euros sur les pistes de ski françaises. Ce qui n’a pas manqué d’intriguer une équipe de la faculté des sciences du sport à Luminy.

« Nous nous intéressons notamment à la posture, à la locomotion et au risque de chute chez les personnes âgées. C’est un vrai problème de santé publique qui préoccupe des chercheurs dans le monde entier. Quand une boîte sort un produit soi-disant révolutionnaire qui, même s’il permet de faire beaucoup de bénéfices, coûte relativement peu cher, on est tout de suite intéressé pour savoir si c’est une opération marketing ou pas », nous glisse Jean-Jacques Temprado, de l’Institut des sciences du mouvement, qui dépend de l’université Aix-Marseille II.

Démarche scientifique

Dans le reportage, on voit comment l’expérience de ces chercheurs marseillais aboutit à une absence d’effets du bracelet. Pour Jean-Jacques Temprado, il s’agit surtout « de montrer la démarche scientifique face à un phénomène marketing ». Et au passage de rappeler que, des chaussures de randonnées aux masques de plongée, des entreprises qui tiennent à faire les choses dans les règles de l’art font appel à eux pour prouver et optimiser les qualités de leurs produits.

Dans le cas du Power Balance, vous pourriez presque faire l’expérience à la maison. Prenez une douzaine d’étudiants à qui vous faites réaliser le test qui se retrouve dans toutes les vidéos sur le Web concernant ce produit : alors qu’ils sont en équilibre sur une jambe, vous leur appuyez sur le bras pour voir s’il chutent ou non. Le tout sans bracelet, avec le bracelet Power Balance et avec un bracelet « placebo » (c’est-à-dire identique visuellement mais sans la « haute technologie » des frères Rodarmel). Dernière chose : remplacez le vendeur, qui pourrait être tenté d’appuyer plus ou moins fort selon ce qu’il veut vous faire croire, ou le copain pas forcément fiable par un poids de 5 kilos.

Bref, le ba-ba de la démarche scientifique. Seule (grosse) différence : vous ne pourrez pas troquer vos mirettes pour des capteurs afin de mettre le mouvement des cobayes dans un graphique. Résultat : si des différences individuelles existent, en moyenne les étudiants réagissent dans les trois cas de manière quasi-identique. CQFD. « Je ne veux pas passer pour celui qui s’incrit en faux contre le bracelet Power Balance, avertit Jean-Jacques Temprado. Il faut rester prudent et ne pas rentrer bille en tête : tout d’abord parce que c’est inoffensif (et quand on voit ce qui se passe aujourd’hui avec le Mediator…) et ensuite car si les gens croient que c’est bon pour eux grand bien leur fasse. Certains achètent des bracelets, d’autres vont aller payer des voyantes ou des gourous… Dans le milieu du sport c’est très courant. Ce qui m’interpelle, c’est la relation entre les gens qui vendent ce produit et ceux qui leur achètent. »

Avertissement en Australie

Un bon sujet pour des chercheurs, mais cette fois-ci en sciences sociales. Sauf que les millions de personnes qui ont été soulagées de plusieurs dizaines d’euros, si elles y trouvaient pour certaines un gri-gri réconfortant, ont pour beaucoup gobé les belles promesses de vendeurs. Comme cette pro dans la station de ski où Capital a posé ses caméras, qui affirme même que le Power Balance est bon pour le sommeil. En Australie, où le Power Balance a échoué à un autre test, le président de l’équivalent de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a d’ailleurs averti : « les fournisseurs de ce type de produits doivent s’assurer qu’ils ne font pas valoir des avantages supposés sans preuve scientifique », rapporte Discovery News. La branche australienne de la compagnie a même dû reconnaître avoir « trompé » le public et s’engage à rembourser tous ceux qui se sentiraient floués.

Mais, sur son site français, le fabricant prend « beaucoup de précautions », en précisant notamment que ce n’est pas un produit médical, remarque Jean-Jacques Temprado. Idem pour les vertus du bracelet : « En l’absence de preuves scientifiques formelles, notre meilleur faire-valoir est les milliers d’athlètes ainsi que les plus grands champions de la planète qui l’ont adopté sans être payés pour le porter ». Ou encore : « les utilisateurs qui l’ont adopté ont le sentiment d’avoir un meilleur équilibre, une meilleure souplesse et d’être emmené à 100% de leurs possibilités ». Tout est dans le « sentiment ». Pas sûr que notre DGCCRF nationale, dont nous attendons la réponse, trouve a y redire.

Même si quelques boutiques de sport se font tirer les oreilles, les frères Rodarmel ont donc encore de beaux jours devant eux. D’autant plus qu’ils viennent de trouver un nouveau filon : promouvoir une bonne cause avec des bracelets ad hoc. En l’occurence celle du Fonds pour la recherche sur le cancer des ovaires, une organisation américaine. « 50% de la recette ira à la lutte pour trouver un remède. Les bracelets sont vendus $29.99″, annonce la marque dans Business Wire. A vous de jouer maintenant : connaissant le prix de revient approximatif, on vous laisse faire le calcul du bénéfice de l’opération pour Power Balance…

Un lien Revoyez l’enquête en intégralité sur M6 Replay

Un lien Dans un autre style, 5 attrape-gogos écolos, dans Terra eco

Un lien Un site spécialisé dans les attrape-nigauds

Un lien Pour tout ce qui traîne sur Internet, la référence francophone : Hoaxbuster

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Commentaires

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  1. Casanovette Casanovette

    … hum … Peut-être le prétexte à un nouveau proverbe ? On pourrait lancer un concours ?
    Le mien : “plus on est de cons plus on est nombreux à porter le bracelet Power Balance” …

    Bon, en même temps, ça vaut ce que ça vaut … Qui dit mieux ?

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  2. kalev kalev

    “Power balance au poignet
    Pigeon avance piégé”…

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  3. Casanovette Casanovette

    Tant va la cruche à l’eau, sur sa planche de surf, qu’à la fin elle finit par s’acheter le bracelet Power Balance … qui du reste, casse pas des briques et ne la rendra pas moins cruche …

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  4. Marius Marius

    La naïveté de certaines personnes est sans limites. Et des petits malins en profitent.

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  5. cani cani

    le vieux “demain je rase gratis” demeure et demeurera toujours d’actualité.
    Hélas, cette communication poussant à la dépense pèse souvent lourdement dans le panier des dépenses familliales !!

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  6. monpitt monpitt

    pas pire que les matchs de lutte ou de catch,,,,,,,,certains y croient dure comme fer,,,,,et alors.

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  7. pmo pmo

    Comme quoi, la co…….ie humaine a toujours un bel avenir devant elle !!!!!! Et contre celà on a toujours pas trouvé de parade,même pas un bracelet !!!!! Bonne Mère,priez pour nous !!!

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  8. Talon d'achile Talon d'achile

    Ben moi j’ai essayé sur ma mémé qui a 89 ans rien de rien, elle est toujours sourde et avec sa cane. Par contre hier on lui a essayé le collier anti-puce du chat et ho miracle ça marche, elle court comme un lapin et elle ne se gratte plus. Merci à minou qui a bien voulu prêter son collier, je vais acheter le même à mémé pour Noël.

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