Depuis la Mède, la CGT des raffineries à l’avant-poste du mouvement de grève
À la veille de mouvement national contre la réforme des retraites, la CGT de plusieurs industries de l'étang de Berre, a annoncé lundi qu'elle entamait une grève reconductible.
La CGT tenait une conférence de presse à La Mède ce lundi 6 mars à la veille de la journée de mobilisation. (Photo : VA)
Total, Pétroinéos, Esso, Kem One mais aussi des cheminots… Les représentants syndicaux CGT des industries du pourtour de l’étang de Berre étaient nombreux ce lundi matin dans le petit local du syndicat, situé à la Mède. Surreprésentés, les syndicalistes de la pétrochimie comptent bien peser lourd dans le mouvement de grève contre la réforme des retraites qui est appelé à s’amplifier ce mardi 7 mars. Devant un parterre de journalistes, Olivier Mateu, le secrétaire de l’union départementale de la CGT des Bouches-du-Rhône annonce la couleur : “Trop c’est trop ! Tant que la balance ne sera pas économiquement en notre faveur, nous ne lâcherons rien.”
Celui qui incarne la frange dure de la CGT est clair : la grève sera reconductible jusqu’à ce que le gouvernement abandonne la réforme. Il va même plus loin. “On n’entend pas s’arrêter au retrait de la réforme”, promet-il avant de demander en sus la retraite à 60 ans (la réforme débattue en ce moment la fixe à 64 ans, alors qu’elle intervient actuellement à 62 ans). À ses côtés, Emmanuel Lépine, le secrétaire général de la Fédération nationale des industries chimiques-CGT, détaille le plan d’action à venir : “Les champs professionnels ont vocation à être étendus, mais la priorité est mise sur les secteurs les plus structurants. Ce ne sera pas forcément des grèves de huit heures, mais l’objectif est de peser de manière forte sur l’économie.”
“On ferme les vannes”
Autrement dit, d’actionner en premier lieu le levier de l’activité pétrochimique. “La grève va débuter dès ce soir [lundi soir, ndlr] 21 heures, prévient ainsi Lionel Arbiol, délégué CGT Esso. Je ne connais pas un travailleur dans les raffineries qui est satisfait de la réforme. Des difficultés d’approvisionnement sont donc à prévoir, la situation sera similaire à cet automne.” Du côté de chez Esso à Fos, “plus aucune sortie de carburant” n’interviendra, complète ce dernier. Chez Pétroinéos (Martigues), comme pour Total à La Mède, le discours est le même. “Plus aucun produit ne sortira par pipe, wagon ou bateau, on ferme les vannes”, promettent de concert les représentants CGT de ces installations.
Concrètement, il ne s’agit pas là d’un appel au blocage, mais bien d’un préavis de grève, reconductible, qui entraîne l’arrêt de ces activités. Des baisses de la production nucléaire, thermique et hydraulique sont également à prévoir, insistent les autres syndicalistes présents. Bref, “une semaine noire de l’énergie”, est à prévoir, estiment-ils. Reste à savoir qui du gouvernement ou de la mobilisation tiendra le plus longtemps. Pour les travailleurs, la grève risque forcément d’avoir un coût conséquent.
Olivier Mateu est conscient de cet enjeu. Mais préfère pour le moment repousser la question. “De toute façon, il y a danger”, balaie-t-il en réponse à l’interrogation de Marsactu. Le secrétaire départemental de la CGT 13 préfère forcément axer son argumentaire sur le coût de cette grève pour l’économie globale. “Il faut qu’ils se rendent compte que quand les travailleurs ne sont pas là, il n’y a plus de création de richesses. Ils nous ont assez craché dessus”, lâche-t-il.
Vous touchez un camarade dans une raffinerie, on vous met le feu.
Olivier Mateu
Ces derniers jours, celui qui est candidat à la tête de la confédération au niveau national hausse le ton. Il s’est notamment fait remarquer la semaine dernière dans une allocution qui circule en boucle sur les réseaux sociaux. “On est allés voir le préfet. On lui a dit à la première réquisition c’est la guerre. (…) jusqu’au dernier CGTiste, vous devrez nous crever. Vous touchez un camarade dans une raffinerie, on vous met le feu”. Ce lundi matin, pas de discours violent, mais le ton reste ferme. Comment l’État va-t-il réagir face à ce qui se qualifie aisément de menace ?
Réquisitions ?
La question des réquisitions revient forcément sur le devant de la scène. Contactée, la préfecture n’a pas répondu officiellement à notre sollicitation. Mais cette hypothèse ne pourra être envisagée avant “un état des lieux en fonction de la réalité”, souffle-t-on dans les couloirs des services de l’État. Pour la CGT, une réquisition n’est acceptable que si elle vise les services d’urgence. “Sinon, c’est illégal !, défend Lionel Arbiol. Pour l’essence, cela ne pourra servir qu’aux véhicules de pompiers ou de secours, mais pas aux particuliers.”
Mais cette mobilisation dure qui prend sa source dans les pipelines et chez les travailleurs de l’industrie va-t-elle faire tache d’huile ? Les transports, les territoriaux, le scolaire devraient suivre, promet Olivier Mateu. “À la RTM on promet de grosses perturbations”, ajoute-t-il.
Ton plus mesuré à la CFDT
Du côté des autres syndicats, le ton est sans surprise moins enflammé. Si une large intersyndicale appelle à “mettre la France à l’arrêt” ce mardi, ce sont les jours d’après qui pourraient faire la différence. “Nous attendons le bilan de la manifestation et le positionnement de l’intersyndicale pour décider de la suite”, indique par exemple à Marsactu Alain Rei, secrétaire général de l’union départementale CFDT 13.
Ce syndicat n’est en effet pour le moment pas dans l’optique d’une grève reconductible. “Tous les moyens sont bons et chacun doit faire ce qu’il sait faire. Nous, c’est le tractage dans les services pour élargir la prise de conscience”, reprend Alain Rei qui mentionne le “double frein à la grève, financier et de conscience professionnelle”, notamment pour des métiers comme ceux de l’éducation. Les prochains jours diront si l’étincelle venue de l’industrie se propage en véritable incendie social.
Commentaires
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Les profiteurs de la guerre en Ukraine et des super-profits sont sur le terrain, nos “amis” de la CGT qui ont bien pris les primes issues des résultats des pétroliers sans se gêner viennent pourrir la vie des gens pour préserver des systèmes de régimes spéciaux.
Quand la retraite a été calculée pour le privé sur les 26 meilleures année, ils étaient où les grévistes professionnels ?
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pourquoi n’auraient ils pas pris les primes ! ils auraient dû les laisser aux actionnaires
Il ne faut pas se tromper si dans le privé la retraite est calculée sur les 25 ou 26 années il faut que le privé revienne comme avant cette fameuse réforme et ce n’est pas les travailleurs des raffineries ou autres qui en sont les responsables mais cette politique mené par la droite (Hollande en a fait parti) qui veut tout privatiser
Petit rappel les grévistes “professionnels” ne sont pas payés et leurs luttes profitent à tous et en particulier à ceux qui ne peuvent pas faire grève
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C’est bien joli, les réflexes pavloviens, mais Total, Pétroinéos, Esso, Kem sont des boîtes tout à fait privées relevant d’entreprises mondiales qui gavent leurs actionnaires.
À part ça, à l’époque de la première grande attaque contre les retraites du privé militant syndical dans la Fonction Publique, j’étais donc ce que Brallaise appelle “gréviste professionnel”… nous les militants avions appelé aux grèves (et perdu à chaque fois du salaire, contrairement à la légende), les non-syndiqués n’avaient pas suivi. Et ce sont en général les non-syndiqués qui reprochent alternativement aux syndicats de “faire de la politique” ou de “ne rien faire”, ce qui est autre chose que de discuter la pertinence de telle ou telle action, pratique démocratique élémentaire.
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Comme quoi cet “argent sale”selon eux ne les a pas trop géné.Sale, pour les entreprises, mais pas pour eux .Je le souligne.
Après la CGT défend surtout et avant tout ses bastions qui bénéficient des régimes spéciaux.
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Ils ont bien raison de tout bloquer, marre de ce nivellement vers le bas, qu ils commencent à supprimer les regimes spéciaux des parlementaires, ça les rendra un plus crédibles.
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Celui des députés, cela est fait.
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C’est effectivement fait pour les députés. Et si on faisait de même avec la SNCF, EDF, e tutti quanti ?
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Et le reste,nos chers, très chers sénateurs ?ils doivent se prononcés d ailleur sur cette nouvelle loi .
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Truc drôle : ils suffisent à bloquer le pays, puisqu’ils tiennent l’approvisionnement en carburants. Manifestants et autres protestataires, appréciez votre pouvoir comparé à eux : aucun.
C’est peut-être à partir de ce constat flagrant d’inégalité dans la capacité à protester qu’il faudrait réfléchir à la Démocratie.
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