"Demain, le commerce sera l'industrie de Marseille"

"Demain, le commerce sera l'industrie de Marseille"

La fédération des commerçants du centre-ville de Marseille fédère 17 associations de commerçants et représente plus de 1000 boutiques dont 80% d'indépendants. Elle est dirigée depuis quatre ans par Laurent Vandamme, gérant de Pain et compagnie, place aux Huiles. Sur le plateau de Marsactu, il fait le point sur l'actualité des commerces de l'hyper-centre en ce début d'année alors que la ville voit fleurir les projets de galeries marchandes.

Quand on interroge un commerçant, la première question concerne forcément la période des soldes qui vient de s'achever. Et, en ces temps de crise, le bilan est comme le climat, plutôt morose. "La fin de l'année a été plutôt difficile et beaucoup d'enseignes se sont lancées dans des ventes privées avant l'heure. Quatre ou cinq ans après la loi sur les soldes, le consommateur est désorienté. Il ne sait plus quand il paie le vrai prix. Il y a une vraie réflexion à lancer là dessus".

Autre point d'actualité récurrent : l'ouverture des commerces le dimanche. L'initiative a été lancée par les commerçants du centre-ville dans l'espoir d'attirer des chalands qui ont pris l'habitude de baguenauder dans les surfaces commerciales de Plan-de-Campagne ou de La Valentine. Une centaine de pionniers se sont lancés dans l'aventure. Et certaines organisations syndicales ont même emboîté le pas aux petits patrons. Mais, plusieurs mois après, l'expérience est encore peu concluante. "Ça démarre tout doucement. Cela va prendre trois ou cinq ans à faire vivre un centre ville qui, historiquement, n'a jamais été ouvert le dimanche. Une charte a été signée en septembre, ensuite octobre et novembre ont été des mois difficiles. Ensuite, en décembre, tous les commerces sont ouverts le dimanche, ça a bien marché mais c'était déjà le cas l'année d'avant. Il ne faut pas baisser les bras. On travaille pour les dix à vingt ans à venir".

Question de parking

Laurent Vandamme n'est pas un apôtre de la langue de bois. Sur les travaux du Vieux-Port, il ne reprend pas la complainte des commerçants demandant le retour de la voiture : "Je pense que la nouvelle esplanade va faire beaucoup pour l'attractivité du centre ville". En revanche, il fustige les tarifs prohibitifs des parkings du centre-ville : "C'est vrai qu'à Aix-en-Provence, ils ont des parkings de centre-ville à des tarifs compétitifs. On est pénalisés. Il faut qu'on est une vraie démarche pour offrir des minutes de parking à nos clients par l'intermédiaire de cartes de fidélité. On fait aussi du lobbying auprès des politiques en s'associant avec la confédération des comités d'intérêts de quartier pour qu'il y ait des tarifs attractifs". Or, c'est une question clef alors que des centres commerciaux sortent de terre aux quatre coins de la ville.

Terrasses du port, Docks rénovés, voûtes de la Major, nouveau Centre Bourse, Vélodrome, Bleu Capelette… La liste est longue et le nombre de victimes collatérales risquent également d'être important. "On regrette beaucoup cette concomitance des projets, note Vandamme. La crise est passée par là. Par exemple, la rue de la République aurait dû être finie depuis longtemps. Du coup, elle va sortir en même temps que les Terrasses du port. Or, il n'y a pas assez de commerces pour s'accaparer tous ces locaux. La responsabilité en incombe aux politiques. La création de la métropole devrait permettre une vraie étude d'impact de l'industrie commerciale. Car je pense que le commerce sera l'industrie de Marseille, demain." La fédération des commerçants demande la création d'un observatoire pour éviter une trop grande casse en centre-ville et au sein des projets à venir.