Dans les 15/16, Sophie Grech (RN) craint l’abstention de ses électeurs “apeurés”
Sur l'ensemble de la ville, le RN est arrivé en 3eme position et s'est imposé dans tous les secteurs. Le parti d'extrême droite estime avoir largement souffert de l'abstention de ses électeurs effrayés par le coronavirus. Dans les 15/16, fief de Samia Ghali, Sophie Grech est arrivée en deuxième position. Tout en espérant que ses électeurs se déplacent, elle poursuit sa campagne sur un axe anti-islam.
Sophie Grech lors de la campagne des municipales en 2020. (Photo : Emilio Guzman)
Gros paquets de tracts bien en main, sac de randonnée sur le dos et petite robe légère : Sophie Grech, tête de liste du Rassemblement national dans les 15e et 16e arrondissements est parée pour un après-midi de “boîtage”, comme on dit dans le jargon militant. Pour l’aider à remplir les boîtes aux lettres du quartier de Saint-Henri, cinq militants et colistiers sont regroupés à l’ombre d’un platane devant l’église, point de départ. “On a commencé la campagne en septembre, alors on a l’habitude”, retrace la candidate de Stéphane Ravier, qui a été le premier à se déclarer officiellement candidat pour la mairie de Marseille.
Au premier tour, le parti d’extrême-droite est le seul à avoir franchi la barre des 10 %, nécessaire pour accéder au second round dans tous les secteurs de la ville. Ambitieux sont ceux qui espèrent toujours voir Stéphane Ravier s’asseoir sur le fauteuil du maire de Marseille. En revanche, celui-ci est arrivé en tête dans le secteur qu’il détient depuis 2014, les 13/14, et ses candidats se retrouvent bien placés dans les 11/12, le 9/10 ou encore les 15/16, secteur où se présente donc Sophie Grech. Mais contrairement à son mentor, celle-ci devrait avoir plus de mal à s’imposer dans le fief de Samia Ghali, qu’elle voit comme sa “seule adversaire”.
Samia Ghali dans le viseur
Quelques mètres à pied dans le quartier suffisent à le lui rappeler. “Allez Samia Ghali !”, lance joyeusement comme un chant de l’OM un jeune homme qui passe en scooter. De quoi agiter les militants RN qui n’osent pas lui répondre directement, mais ne manquent pas d’adjectifs pour qualifier la candidate divers gauche et ses soutiens. “Elle n’a pas de valeur, elle n’est là que pour la place, et pas celle de maire, mais celle de sénatrice. Elle s’affiche avec Macron, discute avec Vassal. Elle est implantée dans les 15/16, c’est vrai. Mais c’est parce qu’elle a des relations, des contacts, joue sur le communautarisme. Elle n’a pas de programme, sauf d’être contre le FN”, glisse l’air de rien Sophie Grech qui finit toutes ses phrases par un large sourire.
Au premier tour, Sophie Grech a fait 22,17 % des voix. Samia Ghali 25,84. La faute à l’abstention, estime la candidate d’extrême-droite qui s’était déjà présentée aux législatives dans la circonscription qui recouvre la majeure partie du secteur. Arrivé troisième, avec 19,2%, Jean-Marc Coppola, candidat du Printemps marseillais a choisi de se maintenir. Cette configuration en triangulaire laisse donc le jeu relativement ouvert aux surprises.
“Climat délétère” dans les bureaux de vote
“Les gens ont eu peur du covid. On a perdu la moitié de nos électeurs comparé aux européennes”, se désole la tête de liste RN. Mais Sophie Grech lie l’abstention à une seconde raison. “Le climat était délétère, il y avait une tension énorme. Les bureaux de vote étaient blindés, les personnes âgées, nos électeurs, étaient intimidés, ils ne se sentaient pas en sécurité”. Sans en dire plus, elle appelle l’une des militantes qui l’accompagne. Nedjma s’arrête net de glisser ses prospectus sous les portes, et vient livrer son témoignage d’assesseure dans le bureau 1538. Elle vise directement les proches de Samia Ghali qui, selon elle, font régner la peur et le “racisme anti-blanc”. Sophie Grech approuve.
Comme à l’accoutumée, chaque camp accuse ses adversaires, mais sur l’ensemble de la ville, de Samia Ghali à Bruno Gilles, en passant par le Printemps marseillais ou les Verts, tous ont dénoncé des irrégularités flagrantes qu’ils attribuent plus particulièrement au camp Vassal. Et le 15/16, où le candidat de Martine Vassal s’est retiré après le premier tour, n’est pas celui qui a fait le plus parler de lui. Très vite, le discours décomplexé de ces militants RN dérive sur les origines et la religion.
“Je me suis faite agresser verbalement car je suis kabyle, Front national et que je ne suis pas musulmane”, monte dans les tours Nedjma qui explique avoir refusé que l’on parle arabe dans le bureau de vote. Conserver “l’identité française”, stopper l’immigration, combattre “l’islamisation de la France” et “le communautarisme”. Le programme du Rassemblement national est clair et ici, à Saint-Henri, le discours semble trouver des oreilles attentives.
“Il est logique que les chrétiens aient plus de faveurs”
Un verre d’eau fraîche au Bar des as est le bienvenu. Sophie Grech y est accueillie à bras ouverts. “On y a fait une réunion avec toute la communauté gitane”, se félicite la candidate qui visiblement, ne rejette pas toutes les communautés. Elle salue Juan, le tenancier du lieu. “Bien sûr que je vote pour Sophie, c’est une amie, n’hésite pas l’homme en payant sa tournée. Je suis espagnol, comme elle. Mais eux, ils ont tout. Je ne suis pas raciste mais il faut que ça change.” Eux ? Juan répond d’un geste du bras. Tout le monde paraît comprendre le sous-entendu. Mais personne ne dit “arabe”.
Autour de Sophie Grech ce jour, la majorité des militants ne sont, eux ou leur parents, pas nés en France. Portugais, Algériens, Vietnamien… Sophie Grech elle-même a des grand-parents maltais, espagnol, hongrois. “Ce ne sont pas des Français de souche. Mais ils respectent la France. Quand tu es invité chez quelqu’un, tu ne demandes pas à ce qu’on change la tapisserie”, métaphorise-t-elle. Et pour Sophie Grech, “l’islam est politique”. Elle, prône la laïcité et l’expression du culte en privé. Mais considère que “la France est chrétienne” et qu’il “est logique que les chrétiens aient plus de faveurs. Cela fait 2000 ans que nous sommes là, pas 50.” D’ailleurs, pour elle, la christianisme est en France plus une tradition qu’une religion. Une vierge tatouée recouvre son avant-bras. La laïcité à la carte donc.
Accrocs
La candidate entre dans un magasin d’ustensiles de cuisine. Elle pense en connaître le propriétaire. Mais celui-ci vient de vendre. “Vous lui passerez le bonjour de la part de Sophie Grech du Rassemblement national”, tente-elle. Ni une ni deux le nouveau gérant lui indique la direction de la porte. “Je suis Français et musulman, madame. Vous n’êtes pas la bienvenue ici.” Poliment, Sophie Grech s’étonne de si peu d’amabilité avant de sortir. “C’est lui qui s’exclut”, analyse-t-elle sur le pas de la porte. À l’intérieur, le gérant s’inquiète. “Ces gens là font du mal”, lâche-t-il hors de lui.
Si Sophie Grech estime avoir eu seulement trois ou quatre accrocs durant la campagne, on ne peut pas dire que ses troupes soient bien accueillies dans tout le quartier. “Je me suis déjà fait traiter de facho trois ou quatre fois”, raconte Mario tandis que Nedjma revient d’un pas cadencé après une prise de bec avec des habitants des logements sociaux de la Montjarde. Des noms d’oiseaux s’envolent des deux côtés. Sophie Grech, méticuleuse dans son attitude comme dans son métier à la police scientifique, n’est, elle, pas du genre à crier ou employer la vulgarité. “Ce n’est pas moi qui attise la haine, ce n’est pas moi qui mets les gens dans des cités. Moi non plus je n’étais pas riche et je n’avais pas de privilèges. Pour autant, je n’ai pas tout cassé”, lâche-t-elle avant de s’excuser de “s’emporter”. Il ne faudrait pas augmenter l’anxiété de ses électeurs, déjà craintifs.
Commentaires
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ils sont surtout apeurés car ils prennent conscience que le fn est le vrai danger pour marseille
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Le découpage de la ville en secteurs fait beaucoup de mal, guerre des communautés, guerre des religions, les populistes Ghali et Ravier s’en régalent et les valeurs de la république sont ici balayées
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Elle a pourtant une tête bien sympathique vue de l’extérieur…
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Horrible toute cette chiasse verbale qui peut sortir de la bouche de cette dame de peu de valeurs, de ses militants et de ses soutiens.
Sinon, lorsqu’elle viendra siéger au conseil municipal, au conseil métropolitain ou au conseil d’arrondissement, il est impératif qu’elle recouvre ses bras et ses tatouages à connotation religieuse. C’est bien beau de venir parler de “laïcité”, encore faut-il la respecter réellement et ne pas la dévoyer quand ça nous arrange.
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