Dans la Crau, la Transhumance arrive clopin-clopant

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le 5 Juin 2013
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Dans la Crau, la Transhumance arrive clopin-clopant
Dans la Crau, la Transhumance arrive clopin-clopant

Dans la Crau, la Transhumance arrive clopin-clopant

Il est des jours comme des événements où l'on joue a priori de malchance. Jusqu'à ce que la brume se dissipe, et que la journée soit sauvée de justesse. Il en est ainsi pour Transhumance, bloquée dans l'oeil cyclonique de la scoumoune : les semaines précédentes, les intempéries ont gâché une partie des festivités, annulées pour certaines. En arrivant sur le bivouac d'Istres, du côté de l'étang de l'Olivier, Manolo, co-directeur du Théâtre du Centaure  déjà – toujours – en selle, nous apprend que l'animaglyphe a été avancé. Pourtant ces figures dessinées avec les animaux dans le paysage forment les moments forts de Transhumance.

Il semblerait qu'il y ait eu une défaillance dans la communication. Raté. Si "le regard des oiseaux" aura sans nul doute été comblé, celui des deux journalistes radio venues de Suisse et d'Allemagne pour couvrir l'événement restera légèrement dépité. Deux organisateurs de Marseille-Provence 2013 s'avancent, passablement énervés : un journaliste de La Provence a apparemment tenté de s'infiltrer dans le bivouac sans autorisation, en défiant l'interdit dressé par les deux "gardiens". Ambiance.

Mais entre la clairière ensoleillée de cette fin d'après-midi, les tentes blanches plantées autour desquelles s'affairent les Butteri, éleveurs italiens à cheval des Maremmes, la beauté des animaux, vaches à longues cornes ou chevaux à la robe noire et baie, tout concourt à faire régner la bonne humeur. Le mauvais temps n'est plus qu'un mauvais souvenir, vague et déjà lointain. Ricardo, qui assure l'accueil des Butteri, raconte avec un sourire narquois : "imaginez la semaine dernière, les tentes en train de flotter dans les champs, toi tu sors, lève un pied et plaf, dans le crottin". Pas question de se plaindre pour autant. Manolo insistait hier encore, les caprices de la nature font intrinsèquement partie de la Transhumance, tant pis pour les urbains obtus ou délicats : "ces difficultés font sens par rapport à ce qu'est réellement le projet. Ce lien simple à la nature, aux animaux ne va pas de soi pour les urbains. Ils ont peur de cette nature".

"Un fanatique de la tradition"

Réunis autour d'une tente, les Butteri s'apprêtent à exécuter, dans quelques instants, une démonstration de lasso devant le public. Les vaches grises à cornes paissent tranquillement dans les champs. Jacardo décrit avec gouaille son métier traditionnel avec le bétail, des "vaches sauvages et difficiles à gérer". Cet éleveur de la région de Maremme – en Toscane – ne semble pas sensible à la dimension artistique du projet, balayée d'une rhétorique lapidaire : "oui, c'est artistique avec Manolo, tout ça, blabla". Ricardo le coupe : "il a un sacré pouvoir de synthèse, hein?". Jacardo insiste sur le côté traditionnel du projet, ce pourquoi il est là aujourd'hui : "ce métier se transmet de famille en famille. On espère que ça ne se perdra pas. Participer au projet Transhumance est une manière de faire connaître la tradition du pays de Maremme dans le reste de l'Europe. Je suis un peu un fanatique de la tradition…"

Alors que l'on cherchait désespérément des yeux une femme dans ce monde masculin, Fabiana s'approche, vêtue d'une tenue de cuir et arborant un sourire engageant. Un mirage qui tombe à pic. Elle participe également à la transhumance aux côtés des Butteri. Mais si elle possède un petit élevage de chevaux en Toscane, c'est la passion qui détermine sa présence ici. La pluie, le vent, la boue, elle a enduré les déboires des premiers bivouacs mais ne regrette rien : "C'était un peu fatiguant mais cette expérience était une occasion à ne pas rater. C'est un événement unique avec une atmosphère tout aussi incroyable, quelque chose qui ne se reproduira sans doute pas." Fabiana a ressenti la ferveur artistique de l'événement, et félicite le Théâtre du Centaure : "pour l'animaglyphe de tout à l'heure, il régnait un silence absolu, sans que personne n'ait suggéré ni même donné des indications. Cela a été une vraie réussite".

Un apéritif à peine englouti, les Butteri exécutent leur démonstration. Des poulains sont lâchés, puis les cavaliers s'amusent à se capturer entre eux au lasso. Rien de très spectaculaire. Plus tard, tandis que les participants dînent en plein air, le groupe Lo Cor de la plana de Manu Théron se produit avec El Maya, un groupe algérien. L'esprit de Transhumance semble bien là, dans une réunion champêtre de fin d'après-midi, en attendant la descente ultime vers la capitale.

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Commentaires

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  1. ric ric

    quel est le buget de cemoment de mp2013 ?
    cela devrait etre possible de le connaitre dans ces temps de transparence
    merci

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