L’élu Daniel Sperling parachuté à la tête du conseil de développement de la métropole

Enquête
le 15 Fév 2021
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Le conseiller municipal d'opposition (LR) Daniel Sperling est pressenti pour prendre la présidence du conseil de développement d'Aix-Marseille-Provence, instance censée représenter la société civile. La métropole ferait ainsi le choix d'une personne qui a construit sa carrière dans un mélange des genres inédit entre fonction d'élu et de fonctionnaire territorial. Au point de faire l'objet d'une enquête judiciaire.

Daniel Sperling lors de la campagne des municipales 2020. (Photo : JV)
Daniel Sperling lors de la campagne des municipales 2020. (Photo : JV)

Daniel Sperling lors de la campagne des municipales 2020. (Photo : JV)

L’atterrissage n’est pas officiel mais l’intéressé le confirme volontiers, sans s’appesantir, encore porté par la voile de son parachute. Le conseiller municipal d’opposition, élu sur la liste menée par Lionel Royer-Perreaut dans les 9/10 a été choisi par Martine Vassal pour présider le conseil de développement de la métropole Aix-Marseille-Provence. Aucun arrêté n’est venu entériner la décision de la présidente de la métropole mais Daniel Sperling est déjà au travail. Si ce choix est confirmé, il prendra la place de Robert Goninet, le directeur d’Airbus helicopters à Marignane.

L’instance concertative forte de 240 membres est censée incarner la voix de la société civile au côté du conseil des élus métropolitains. Le futur président travaille donc d’arrache-pied pour constituer les nouveaux collèges qui accompagneront l’institution durant le prochain mandat. Il y voit une “nouvelle aventure passionnante” pour la dernière partie de sa vie publique sans souhaiter s’étaler sur ce futur mandat qui n’a pas encore débuté.

Daniel Sperling met en avant ses deux dernières années passées “dans le privé” pour justifier le choix qui le prédestine à la présidence de cette instance. Il ne nous a pas précisé quel était ce nouvel emploi qui n’apparaît pas sur ses différents profils publics.

Une enquête en cours pour détournement de fonds

À y regarder de plus près, le choix peut paraître incongru, voire choquant. Daniel Sperling incarne le politique professionnel dans ce qu’il a de plus caricatural. Il a construit une longue carrière dans une oscillation permanente entre ses mandats électifs et celui de fonctionnaire territorial, notamment à la région. C’est au sein de cette institution qu’il finit par atteindre le grade d’administrateur hors classe, le plus haut statut – et donc le plus gros salaire – de la fonction publique. Élu à l’état civil depuis 2001 sous Jean-Claude Gaudin, il est devenu conseiller régional en 2010 avant de rendre son mandat en 2017.

Sa carrière relève dans sa quasi-intégralité de la sphère publique, au conseil régional d’abord mais aussi à l’AP-HM dans un cumul de fonctions qui interroge. Interrogation suffisamment lourde pour susciter l’intérêt du parquet national financier qui, depuis 2015, a lancé une enquête préliminaire sur des soupçons de prise illégale d’intérêt et de possibles détournements de fonds publics. La justice enquête notamment sur sa qualité de chargé de mission auprès de la direction de l’AP-HM à partir de 2007.

Les éléments que Marsactu et Mediapart avaient rassemblés à l’époque laissent songeur quant au caractère réel de l’emploi occupé par l’élu local au sein des hôpitaux de la ville. Démarrée il y a cinq ans, l’enquête arrive à son point final et pourrait valoir à l’élu et futur président du conseil de développement un renvoi devant le tribunal correctionnel de Paris dans les mois qui viennent.

Des remous dans l’organigramme

Ce n’est pas la première fois qu’un élu prend la tête du conseil de développement métropolitain. Avant Daniel Sperling, l’astrophysicien Jacques Boulesteix élu au titre de la société civile avait siégé en même temps au conseil municipal dans le groupe de Jean-Noël Guérini et au sein du conseil de développement de Marseille-Provence-métropole. Du reste, rien ne l’interdit du moment que l’élu choisi ne siège pas directement dans l’institution dont dépend le conseil. L’intéressé se souvient :

“À l’époque, j’étais allé voir Eugène Caselli qui venait d’être élu président à la surprise générale pour lui proposer de relancer le conseil de développement dont Jean-Claude Gaudin ne s’était jamais occupé. Non seulement, il avait accepté mais il avait doté notre instance de vrais moyens pour réfléchir le territoire. Je crois que cela s’est un peu perdu par la suite”.

Sollicitée par Marsactu, la métropole se refuse à confirmer le choix arrêté sur Daniel Sperling. Elle préfère évoquer un “groupe de travail” qui œuvrerait collectivement à la mise sur pied du nouveau conseil de développement, dont le lancement a été ralenti par la crise sanitaire.

Si la décision n’a pas été prise définitivement, elle a déjà suscité un peu de remous dans l’organigramme des élus LR. En effet, Catherine Pila que l’on dit agacée du choix de Daniel Sperling a rendu sa délégation de conseillère métropolitaine consacrée au conseil de développement. “Je ne suis pas du tout fâchée, conteste l’élue marseillaise. Je m’entends très bien avec Daniel Sperling. Je pense d’ailleurs que c’est un très bon choix, notamment pour la qualité de son relationnel. Il connaît très bien les différents territoires de la métropole. Simplement, je considère que puisqu’il est là et au travail, il n’y a pas forcément besoin que je m’investisse“. L’élue déléguée au conseil de développement n’a pas l’air de faire partie du groupe de travail mis en place par la métropole. À moins que celui-ci ne soit qu’un parapluie…

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Copinages, renvois d’ascenseur, carriérisme politique, mépris pour les juges, appétit personnel pour l’argent public… La vieille droite locale sait choisir ses compétences.

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  2. petitvelo petitvelo

    Le rapport de l’institut Montaigne ne devait pas plaire

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  3. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Cet individu à fait l’objet de deux articles dans Marsactu le 22 Oct 2015 et le 8 Mar 2016 et de deux articles dans Médiapart le 25 octobre 2015 et le 9 novembre 2015 d’où il ressort :
    – Qu’il a fait « une carrière de rêve, sans avoir jamais passé aucun concours de la fonction publique territoriale. Entré comme simple contractuel à la Région en septembre 1984 »
    – « Il fait en effet partie d’une vague d’une quarantaine d’heureux élus intégrés au titre de la loi Sapin du 3 janvier 2001 pour – ça ne s’invente pas – « la résorption de l’emploi précaire ». « Le fait du prince, celui de Vauzelle », grince l’un de ses anciens collègues à la direction de la formation et de l’apprentissage. »
    – – qu’il a cumulé, la plupart du temps, son traitement de fonctionnaire et ses indemnités d’élus « vraisemblablement deux indemnités, estimées selon les grilles en vigueur à environ à 4 134 euros (brut) pour son mandat d’adjoint au maire (voir ce tableau publié par Marsactu) et 2 661 euros brut comme conseiller régional » alors que « la règle est ainsi faite qu’elle incite un certain nombre d’élus à prendre un temps partiel, et à compter alors sur leur(s) indemnité(s) d’élu pour compenser la perte de salaire. »
    « Selon plusieurs fonctionnaires interrogés, Daniel Sperling servait d’intermédiaire entre la mairie de Marseille à droite et la Région à gauche. »

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    • Jacques89 Jacques89

      Merci pour cet historique qui nous rappelle qu’il vaut mieux avoir de bons copains que de beaux diplômes. Un « bel » exemple pour notre jeunesse !

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    • vékiya vékiya

      Comme disait, sans rire, feu Maurice Arreckx (maire de Toulon, pour les plus jeunes). “La justice pour tous, les faveurs pour mes amis”.

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  4. Alceste. Alceste.

    Quelqu’un posait la question dernièrement sur le fait que quand même Vassal faisait des choses biens . Oui effectivement elle fait des choses bien , elle s’occupe bien d’abord d’elle même et elle s’occupe surtout bien des copains et ils sont nombreux.
    D’ailleurs j’ai une pensée pour un recalé , le père Gilles , qui si il n’avait pas tourné le dos à Vassal , temporairement je vous rassure , aurait été sans doute bombardé à la tête du Haut Conseil de l’Etude des Marées de la Méditérannée entre la Vielle Chapelle et la Baie des Singes.
    Marseille est dans une situation financièrement déplorable, le département idem, la métropole itou. Quel est le point commun aux trois :l’équipe dirigeante , et cela va continuer. Il faut recaser ces bras cassés accompagnés de leurs suite , secrétaire, adjoints et compagnie. Cela fait des sous.
    Pour le fun ,vous vous rendez compte Sperling a travaillé deux ans dans le privé ,à noter qu(‘il il est vite revenu se planquer dare dare dans le public .
    Bon à rien et mauvais en tout

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    • Pierre12 Pierre12

      Benoît a travaillé combien de temps dans le privé ? 😉
      Samia ?
      Jean marc ?

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    • julijo julijo

      oh quelle tristesse, est ce que parce que d’autres ont fait la même chose ou éventuellement pire que c’est acceptable ? on va loin comme ça. comme d’habitude : pas d’arguments pour sauver le soldat sperling !
      cette politique des copains et des coquins érigée en procédure classique est lamentable, méprisante et arrogante.
      on aurait pu imaginer qu’un brin d’honnêteté aurait troublé cette équipe départementale et métropolitaine après la déculottée marseillaise…mais non. peut être même au contraire.
      maintenant entre nous, sperling aurait tort de ne pas en profiter. celà ne changera en rien le mépris que beaucoup de gens lui portent.

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    • Make OM Great Again Make OM Great Again

      PIERRE12 : Benoit, Samia ou Jean-Marc ont-ils un mandat pour exclusivement dédié à la représentation de la société civile ? Non

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  5. Alceste. Alceste.

    Pierre12 , comme vous le rappelle avec courtoisie MALFETTES , relisez les articles et les inteventions précédentes , vous verrez que Benoit , Samia , Jean Marc et les autres en ont pris des “sévéres” . Mais pour le moment c’est Vassal qui dirige la nouvelle aegence de la métropole l’APEBC , l’Agence Pour l’emploi des Bras Cassés.

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    • Pierre12 Pierre12

      Pendant la campagne électorale…depuis pas grand chose, c’est gentillet !

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  6. Rémy Bargès Rémy Bargès

    Recaser Daniel Sperling c’est comme recaser Alexandre Gallèse (voir l’article de Coralie Bonnefoy du 2 décembre dernier). Les deux côtoient les hautes sphères salariales de la fonction publique territoriale avec leur statut d’administrateur hors classe…
    Martine Vassal ne réfléchit pas en termes de compétences, d’intérêt général, ce ne sont que des calculs politiciens destinés à ressouder son clan autour d’elle et assurer un rente à ses amis.
    Elle cultive comme eux une mentalité d’assiégés (il faut rester dans l’entre soi dans un monde très manichéen) et des réflexes de propriétaires (les postes de cadre sont des prébendes qui lui appartiennent et qu’elle peut distribuer à sa guise).
    Et au passage remplacer Boulesteix par Sperling pour faire de la prospective territoriale et de l’expression citoyenne c’est un peu comme passer de la ligue 1 à la division d’honneur.

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    • MarsKaa MarsKaa

      Quelle description au poil de notre presidente ! C’est très bien écrit, vous avez parfaitement cerné le personnage ! Magistral. Merci !

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  7. Manipulite Manipulite

    La politique des ressources humaines de nos féodaux à la tête des collectivités est une insulte permanente au droit.
    Après Alexandre Gallese (ex adjoint à l’urbanisme d’Aix mis en examen et chargé de mission au conseil régional) désormais à l’abri à la Métropole sur un poste de convenance, voilà Daniel Sperling récompensé par la même Vassal ; l’individu est connu par sa faible capacité de travail ( l’anecdote de lourds dossiers avec lesquels il se déplaçait dans les couloirs de l’APHM en prenant un air pénétré mais sans rien faire est connue). De même au Conseil régional où il a en effet bénéficié de la mansuétude de Vauzelle en son temps comme d’autres collaborateurs du groupe d’élus de droite. Sperling a une corde de plus à son arc : ses connexions communautaires, toujours utiles auprès des politiciens locaux.
    Des nominations qui passent crème auprès de contrôle de légalité qui regarde ailleurs. Quant aux enquêtes pénales, on attend toujours l’issue…

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  8. vékiya vékiya

    Un cv et des casseroles en parfaite adéquation avec le droite locale. vive la crasse politique décomplexée.

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  9. Taquin Taquin

    Juste… à vomir !
    Le bruit des casseroles doit couvrir pour notre belle droite marseillaise la colère d’une population qui n’en peut plus de ce vieux système.
    On ne change pas une équipe qui gagne !
    Combien de claques lui faudra-t-il encore avant de comprendre qu’elle doit faire le ménage et se renouveler intégralement ???

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  10. Zumbi Zumbi

    Si vous voulez vous marrer grassement, un conseil : faites un tour du côté de https://www.danielsperling.com/biographie
    C’est lui qui le dit !
    Et ce qui est le plus parlant, c’est qu’apparemment il se considère toujours comme adjoint au maire de Marseille.
    Gageons que d’ici quelques jours ses petits copains de la com’ auront relooké tout ça… Prenez des copies d’écran si vous voulez archiver.

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  11. kukulkan kukulkan

    Quelle honte

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