Crise économique, logement : les dossiers chauds du conseil municipal du 23 novembre

Actualité
le 23 Nov 2020
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Le conseil municipal prévu le 9 novembre a finalement lieu ce lundi. Crise oblige, les questions sanitaires, sociales et économiques seront au cœur des débats.

Détail de la salle de Bargemon où se réunit le conseil municipal. Photo Emilio Guzman.
Détail de la salle de Bargemon où se réunit le conseil municipal. Photo Emilio Guzman.

Détail de la salle de Bargemon où se réunit le conseil municipal. Photo Emilio Guzman.

Faire front commun par temps de crise. Tel est le maître-mot avancé par Michèle Rubirola en vue du conseil municipal de ce lundi 23 novembre. C’est ainsi que la maire de Marseille a retiré de l’ordre du jour trois rapports sur l’aide aux migrants et aux associations qui leur portent secours. Exit aussi le bilan annuel du rapport de la chambre régionale des comptes qui aurait permis à la nouvelle majorité à critiquer ses prédécesseurs. Avec ce report, c’est toute une série de dossiers relatifs à  la déontologie qui ont été remisés. Il en reste un conseil plus consensuel, marqué par la crise sanitaire et la présentation de la stratégie de lutte contre l’habitat indigne. En voici les principaux dossiers :

1000 repas solidaires par jour

“600 000 euros ont ainsi été réalloués pour des dépenses d’urgence qui permettront de doubler l’aide alimentaire portant à 1000 repas et 2000 masques quotidiens distribués par les équipes du Samu social”, assure la majorité municipale. Il s’agit en fait d’un retour à ce qui avait été mis en place durant le premier confinement. Une rallonge sera aussi accordée au centre communal d’action sociale et une contribution sera apportée au CROUS pour la fourniture de repas aux étudiants, alors que les files s’allongent devant les points de distributions alimentaires sur les campus. Des dossiers qui incarnent l’urgence sociale et qui ne devraient pas susciter d’oppositions dans l’hémicycle même si la droite pose des réserves. “On va tout voter favorablement mais on sent bien qu’il n’y a pas cette mobilisation qu’il faudrait avoir. Le département de son côté a débloqué 200 millions d’euros”, grince Lionel Royer-Perreaut, maire des 9e et 10e arrondissements et nouveau premier vice-président du département. Il englobe toutefois l’effet des baisses de recettes dans son chiffrage.

EXONÉRATION DE TAXES POUR LES COMMERÇANTS

C’est un dossier sur lequel la majorité va être interpellée par ses oppositions du Rassemblement national et du parti Les Républicains. Le rapport à l’ordre du jour prévoit l’exonération de la taxe d’occupation du domaine public pour les commerçants en novembre. Insuffisant pour l’élue LR Isabelle Savon : “Nous déposons un amendement afin de porter à neuf mois l’exonération des taxes d’occupation de l’espace public et sur la taxe sur les enseignes et la publicité”, explique-t-elle estimant que la mairie observe “un silence assourdissant” sur la question des commerces. “En réalité, les pouvoirs réels de la mairie sont très limités. Quand on est maire de Marseille ou son premier adjoint, il y a une mobilisation de l’institution vis-à-vis de l’État. Je ne la vois pas”, tance de son côté Stéphane Ravier.

La feuille de route du logement

Priorité du conseil municipal du 9 octobre, le logement est toujours à l’ordre du jour mais il est désormais devancé par la crise sanitaire, économique et sociale. En cinq pages, la nouvelle majorité esquisse sa stratégie en terme de logement, une compétence qu’elle n’a pourtant que peu en main. Elle souhaite notamment construire “3000 logements sociaux par an au regard des 42 000 demandes en instance” en cherchant à “équilibrer l’offre sur le territoire”. “Les chiffres annoncés sur le logement social ne sont pas en adéquation avec ce qui pourra être réalisé”, assure l’opposant LR Lionel Royer-Perreaut, par ailleurs président du bailleur HLM départemental 13 habitat et de la Soleam.

Comme à son habitude, le RN devrait combattre cette politique de création de nouveaux HLM : “Le Marseille populaire ne doit pas devenir Marseille du tiers-monde. On doit continuer à attirer des familles et des investisseurs dont nous avons besoin”, juge Stéphane Ravier, ancien maire des 13e et 14e arrondissements, qui a demandé dix minutes de temps de parole supplémentaire à la maire de Marseille pour s’exprimer sur ce sujet.

Une voie en hommage aux victimes de la rue d’Aubagne

Le conseil municipal devrait voter le principe d’une voie au nom des huit victimes des effondrements des numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne. Cette décision intervient 15 jours après le deuxième anniversaire du drame et moins d’une semaine après la mise en examen de Julien Ruas, ex adjoint à la prévention des risques de Jean-Claude Gaudin.

encadrement des loyers : une demande rejetée avant d’être formulée

Le conseil municipal est invité à voter une demande d’encadrement des loyers, marqueur des politiques de gauche en matière de logement. “C’est une demande d’expérimentation, nous sommes raisonnables”, assure Joël Canicave, président du groupe municipal majoritaire. “Cela contribue à réguler le marché quand il est tendu comme c’est le cas à Marseille”, défend à son tour Patrick Amico, l’adjoint au logement. Toutefois la métropole, qui doit effectuer formellement la demande à l’État, a déjà répondu non par la voix de Lionel Royer-Perreaut qui n’entend pas se prosterner devant ce “totem de la gauche”.

Les cahiers de doléances cyclables

“Martine Vassal se plaignait qu’on ne donne pas assez de projets. La mairie de secteur a remonté des éléments et on va l’envoyer à la métropole. Après, Martine Vassal en fera ce qu’elle veut.” Voilà comment Joël Canicave résume l’action de la Ville concernant la création de pistes cyclables. Vingt-trois axes prioritaires ont ainsi été identifiés dont Flammarion-Voltaire-Liberté-Athènes-Dugommier (1er arr.), les avenues d’Haïfa, Hambourg et Mazargues ou encore la rue Paradis (6e et 8e arrondissements). Il s’agit en réalité, comme sur de nombreux sujets, d’essayer de forcer la métropole à se mobiliser sur cette question.

Des formations à la laïcité

“Après l’assassinat de Samuel Paty, on a cherché à savoir comment ça se passait sur le terrain et on s’est rendus compte qu’il était compliqué pour les acteurs de l’éducation populaire d’intervenir sur ces questions dans les centres aérés et les centres sociaux”, justifie l’adjointe à l’éducation populaire Marie Batoux. La Ville de Marseille veut financer des projets associatifs autour des valeurs de la République notamment à destination des jeunes ou pour la formation des animateurs. Le montant reste modeste : 10 000 euros.

Perte d’autonomie en mairie de secteur

Cela semble en contradiction apparente avec le programme du Printemps marseillais visant à donner plus de pouvoir aux mairies de secteur. La capacité à passer seul des marchés pour une mairie de secteur va être considérablement réduite. Là où celles-ci pouvaient prendre des engagements à hauteur de 240 000 euros, elles ne pourront plus le faire qu’à hauteur de 90 000 euros. Un changement de pied qui a entraîné un vote contre dans des conseils d’arrondissements dirigés par l’opposition.

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