Covid-19 : tous les voyants virent au rouge à Marseille et dans la région

Décryptage
le 29 Jan 2021
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Depuis près d'un mois, les signaux de suivi de l'épidémie s'allument un par un. Aujourd'hui, ils dessinent une situation largement dégradée, semblable à celle de la deuxième vague à Marseille, dans le département mais aussi dans toute la région PACA.

Les réanimations de la Timone sont au cœur du dispositif régional. (Photo : Emilio Guzman)
Les réanimations de la Timone sont au cœur du dispositif régional. (Photo : Emilio Guzman)

Les réanimations de la Timone sont au cœur du dispositif régional. (Photo : Emilio Guzman)

Voilà plusieurs jours que médecins et observateurs voient la situation épidémique se dégrader. De toutes parts en France, les voyants s’allument. Ce jeudi 28 janvier le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reconnu que le couvre-feu à 18 heures “ne freine pas suffisamment” la propagation du virus.

Cela est particulièrement vrai en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Alors que l’ombre d’un troisième confinement plane et que l’instauration de mesures restrictives pourrait dépendre de multiples indicateurs, la région semble cocher toutes les cases. “Clairement, dans notre région, la troisième vague est là”, actait ce jeudi Anthony Valdez, directeur de l’organisation des soins à l’agence régionale de santé (ARS) PACA dans un article du Monde.

À Marseille, les premiers signaux préoccupants sont remontés au retour des vacances de Noël. Début janvier, les marins-pompiers publiaient une carte de la ville teintée de rouge et orange. Les tests quotidiens dans les eaux usées de la ville ont révélé la présence “d’une dynamique.” Cette forte augmentation est désormais stabilisée sur un plateau haut. Ces signaux inquiètent les pouvoirs publics : dans une vidéo publiée mardi, le maire de Marseille Benoît Payan (PS) s’alarme de l’analyse des eaux usées qui montre désormais que le virus est “10 fois plus présent dans la ville qu’il y a trois semaines”.

“Circulation très importante dans la population”

Avec une technique similaire à celle des marins-pompiers, le réseau de laboratoires missionnés par l’État, Obepine, collecte des résultats qui viennent corroborer la tendance annoncée. On y voit une courbe grimper depuis la fin de l’année et l’indicateur dépasser le taux de 120 à Marseille, comme cela avait été le cas avant le deuxième confinement (l’étude n’était pas encore lancée durant le premier). “Au-dessus de 80, l’indicateur représente une circulation importante à très importante dans la population”, précise Obepine.

STEU : station de traitement des eaux usées.

Cette propagation épidémique, qui est corroborée par les données des tests PCR et antigéniques, se ressent au sein des hôpitaux marseillais. La “situation inquiétante” décrite à la mi-janvier par le chef du service de réanimation à l’hôpital Nord à Marseille et chargé de la coordination de la réanimation dans toute la région, Laurent Papazian, se dégrade franchement. Le 12 janvier, 34 personnes étaient hospitalisées en réanimation dans les services de l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM). Elles sont aujourd’hui près de 68. Ce qui ne laisse que deux lits de libres, en attendant des ouvertures prochaines annoncées. Quant aux personnes hospitalisées hors réanimation, leur nombre a doublé entre le 12 et le 26 janvier, passant de 87 à 178. L’AP-HM prévoit de déprogrammer massivement les interventions chirurgicales non urgentes à partir du 1er février.

Tout le département concerné

Dans les Bouches-du-Rhône, ce n’est jamais redescendu très bas comme cela a pu être le cas ailleurs.

Laurent Papazian, chef du service réanimation à l’hôpital Nord

“On observe une reprise forte, associée à une activité non Covid importante, et une pénurie de soignants, détaille le professeur Papazian. Les étudiants [infirmiers en formation anesthésie-réanimation qui ont prêté main forte au printemps et cet été, ndlr] sont retournés à l’école et nous avons assez peu d’embauches. Nous avons besoin de mobiliser.”

D’autant que tout le département est concerné. “Dans les Bouches-du-Rhône, ce n’est jamais redescendu très bas comme cela a pu être le cas ailleurs”, reprend le praticien hospitalier. Quelque 130 nouvelles admissions ont été comptabilisées en réanimation entre le 21 et le 27 janvier, contre un maximum de 164 au début du précédent confinement.

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Mais le département n’est pas le plus à plaindre de la région. Toutes proches, les Alpes-Maritimes subissent un important regain épidémique, avec un taux de positivité de 9,1 %. L’AP-HM a d’ailleurs déjà reçu des transferts de patients de ce département le week-end du 22. “Il est fort possible qu’on en accueille d’autres”, indique un porte-parole de l’AP-HM.

“Impact sur la mortalité”

S’il existe des disparités entre les départements (les Hautes-Alpes semblent moins touchées) les indicateurs régionaux passent globalement au rouge. Avec, par exemple, un taux régional de positivité (8,3%) et un taux d’incidence (370) bien supérieurs à la moyenne nationale. De manière générale, “l’activité Covid est en hausse dans les services des urgences et dans les associations SOS Médecins, indique l’ARS PACA. Tous les indicateurs hospitaliers connaissent une dégradation importante et l’impact de l’épidémie dans les établissements sociaux et médicaux sociaux est toujours élevé, y compris sur la mortalité.”

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Durant la semaine du 18 au 24 janvier, en région PACA, 366 personnes ont perdu la vie à l’hôpital ou dans un établissement médico-social (centre d’accueil pour personnes en situation de handicap, maison de retraite, Ehpad…). Lors de la deuxième vague, au plus fort de la crise, la mortalité avait bondi jusqu’à 465 décès en une semaine. Le pic n’est pas encore atteint, mais il n’est plus très loin.

(Infographies : Julien Vinzent)

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Commentaires

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  1. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Nous sommes pris entre deux feux. Entre la possibilité d’être une fois de plus confinés entre les quatre murs de nos imaginations en quête d’objets à se mettre sous la dent quand les conditions si prêtent et l’autre de croire les chiffres, les infographies, les propos alarmants de ”ceux-qui-savent-pour-notre-bien” et qui parfois le font pour notre bien ou bien pour le leur…
    Nous sommes pris entre deux feux. Celui des dominants qui voient leurs intérêts et l’immense majorité de ceux qui comme rats de labo prennent le labyrinthe parce que c’est prévu comme ça. Cette ”crise sanitaire” révèle les profondes injustices de notre société où dans la crise les puissants font feu de tout bois. À chaque guerre, ses profiteurs et ses profité(e)s. Le réveil va être difficile…!

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    • Pierre12 Pierre12

      Oulala, c’est de pire en pire ici

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  2. Jean Pierre RAMONDOU Jean Pierre RAMONDOU

    Depuis une quinzaine de jours je constate que de nombreuse personnes rentrent dans les magasins sans se laver les mains.
    Lorsqu’il y a un vigile à l’entrée il n’intervient pas.
    La semaine dernière et cette semaine je suis allé à la bibliothèque de l’Alcazar et là aussi de nombreuses personnes rendrait sans se laver les mains et les vigiles n’intervenaient pas, à ma remarque ils mon répondu dans le style qu’ils e “avez rien à foutre”
    J’en ai informé le secrétariat de Madame Rubirola.
    Se laver les mains est en geste peu contraignant et efficace et qui pourrait éviter des contraintes plus sévères comme en confinement.

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    • leb leb

      Je vais régulièrement à l’alcazar et je trouve au contraire les vigiles assez rigoureux sur le lavage de mains.

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