Conseil général : neuf petites voix pour les cantons neufs

À la une
le 24 Fév 2014
9
Conseil général : neuf petites voix pour les cantons neufs
Conseil général : neuf petites voix pour les cantons neufs

Conseil général : neuf petites voix pour les cantons neufs

Ce n'est certainement pas dans le département de Jean-Noël Guérini que Manuel Valls attendait un vote favorable sur sa réforme des cantons (voir nos cartes interactives). Saisi pour avis, le conseil général des Bouches-du-Rhône a suivi ce lundi après-midi la tendance globale de défiance envers cette modification du mode de scrutin – en 2015, les conseillers généraux seront élus par binôme homme/femme – doublée d'un redécoupage de la carte électorale. La venue du préfet de région en personne pour présenter l'esprit du texte n'a pas suffi à éviter un vote sans appel : 45 contre, 9 pour, 2 blancs, 1 nul.

Pendant une demi-heure, le préfet Cadot a surtout mis en avant l'ancienneté du découpage actuel, source de "distorsions significatives" dans la représentativité des cantons. Le plus petit, celui des Saintes-Maries-de-la-Mer, compte 2296 habitants, contre 70 500 pour le plus peuplé, celui d'Aix-en-Provence Sud-Ouest. En 2010, le conseil constitutionnel a estimé que "le principe d'égalité devant le suffrage" ne pouvait autoriser des écarts que "dans une fourchette de plus ou moins 20%", a-t-il ajouté. La création par Nicolas Sarkozy du statut de conseiller territorial, abrogé après l'alternance, devait d'ailleurs s'accompagner d'une refonte des cantons.

Sans forcément s'opposer au principe, nombre d'élus apprécient peu la manière, qui "ne respecte pas les circonscriptions, ni les intercommunalités, ni les bassins de vie", a formulé Lucien Limousin (divers droite). Michel Cadot a donc dû affronter les chahuts, avec Jean-Noël Guérini dans le rôle de l'arbitre :

Après le départ du préfet, l'hostilité s'est reportée vers la ministre Marie-Arlette Carlotti. Conseiller général de la Blancarde, dont le territoire sera éclaté en trois cantons, Maurice Di Nocera lui a remis cérémonieusement des ciseaux d'or en hommage à ce "charcutage". Des bancs de droite, comme du groupe communiste, les critiques ont fusé, tandis que le président du groupe socialiste s'abstenait de donner une consigne de vote.

On aura même vu Robert Assante tenter l'argument du mariage pour tous. Le maire du 11/12, opposé à la loi permettant l'union de personnes de même sexe, s'étonne que le gouvernement interdise dans le même temps "à deux hommes ou deux femmes" de se présenter aux cantonales… Au milieu des moues dubitatives de ses collègues, l'élu a poursuivi le parallèle sur les conditions particulières d'exercice du mandat : "Chacun sait que la vie de couple est toujours plus compliquée que quand on est seul", a-t-il souligné.

Plus inspirée, la présidente du groupe l'Avenir du 13 (UMP-UDI), Martine Vassal a mis le doigt où ça fait mal, dans le détail des coïncidences surprenantes, derrière l'impératif "d'égalité" mis en avant par le préfet.

La suspicion est toutefois le lot de ce genre d'exercice. "Je trouve assez surprenant que la droite donne des leçons de ciseaux après les découpages de Pasqua (en 1986, ndlr)", a réagi Hervé Schiavetti, l'un des rares à faire entendre une touche positive. Le maire communiste d'Arles n'est pas mécontent d'intégrer ses voisins des Saintes-Maries-de-la-Mer et de Port-Saint-Louis-du-Rhône pour "avoir enfin un canton de Camargue".

Si l'avis du conseil général n'est que consultatif, Martine Vassal compte d'ores et déjà porter la bataille sur le terrain juridique : "Lorsque le décret sera paru, nous attaquerons devant le Conseil d'État ce scandaleux découpage". Jean-Noël Guérini, bien plus mesuré, s'est contenté de "prendre acte". Il a même fallu que Marie-Arlette Carlotti le pousse pour qu'il se résolve à ironiser sur le traitement de faveur de sa meilleure ennemie.

"Je n'ai pas de leçon d'éthique et de morale à recevoir de la ministre", s'agaçait-il ensuite. Quitte à en rajouter au passage. Le canton Marseille-1, qui semble dévolu à Marie-Arlette Carlotti, ne récupère pas dix mais deux bureaux de vote de son canton des Grands-Carmes. Et même si ce sont ceux où les socialistes ont réalisé leur meilleur score au premier tour des législatives 2012 (43%), on est loin des 70% évoqués par Jean-Noël Guérini. Pour lui, l'enjeu est de toute manière ailleurs que dans ces cas personnels : parviendra-t-il à conserver la présidence après le renouvellement de 2015 ?

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. zaqsa2000 zaqsa2000

    Ces politicars sont toujours aussi pitoyables !!!! Surtout ne pas toucher à leurs prébendes acquises de “longues” luttes…Si l’on songe à la centaine de victimes ukrainiennes qui revendiquait la fin de la corruption et plus de démocratie ….il y a de quoi s’interroger sur l’éthique de tous ces “élus”….

    Signaler
  2. marseillais marseillais

    L’amnésie de cette noble assemblée est totale, et il est choquant d’observer tant de collusion entre la droite et le silence honteux des conseillers généraux de gauche face aux attaques qu’a subi une nouvelle fois Marie-Arlette Carlotti. Car, souvenez-vous les découpages sans vergogne des Pasqua/Sarkozy, qui ont tenté à 2 reprises d’anéantir Carlotti en découpant “à la hache” son canton devenu ingagnable pour la gauche….Et à chaque fois, elle a GAGNE ! Souvenons-nous le découpage Sarkozy/Muselier de la 5ème circonscription : 5 bureaux trés à gauche retirés et 5 bureaux trés à droite intégrés…Et elle a GAGNE en 2012 ! Tout cela avait été dénoncé haut et fort par la majorité de gauche et son Président. Aujourd’hui, silence complice . Donc, pas de leçon à recevoir d’une droite autiste qui parvient avec la complaisance de Guérini à trouver la tribune idéale pour attaquer en séance publique une Ministre de la République. Je suis un citoyen scandalisé.

    Signaler
  3. Valmy Valmy

    une preuve de plus de la collusion entre la droite de Gaudin et la gauche de Guérini. Encore une fois Carlotti une femme courageuse seule contre tous.

    Signaler
  4. Flutiot Flutiot

    Parviendra-t-il à rester jusqu’en 2015 ?

    Signaler
  5. jeje jeje

    encore un cadeau du Château à cette pauvre carlotti, pauvre France, où va-t-on????????

    Signaler
  6. Marcelle Marcelle

    Un seul mot d’ordre se débarrasser du boulet Guérini et son alliée Vassal, municipales obligent
    A Aix il y a les 2 G en haut du cours
    Et bien à Marseille aussi ! Gaudin et Guérini

    Signaler
  7. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Dans cette assemblée obsolète, qui sont, en dehors de Hervé Schiavetti (et probablement MAC), les quelques élus qui ont eu le courage de ne pas simplement suivre la meute des ultra-conservateurs ?

    Signaler
  8. julijo julijo

    Les leçons d’éthique et de morale seraient pourtant les bienvenues pour apprendre à vivre à Guérini !! Et ils pourraient être donnés par Carlotti ! Ce serait peut être une grande perte de temps pour MAC. Il y a mieux à faire.
    Les propos de Guérini sont scandaleux. Que fait le PS à Solferino ? Ils entérinent les injures ? Ils montent le dossier ?

    Dans le fond, pas si mal ce découpage nouveau !

    Signaler
  9. Anonyme Anonyme

    schiavetti le boulimique
    refus d entendre les gens de salin maintenant il se voit roi de la camargue apres avoir decide de mettre la main sur le nord des bdr
    tout petit c est un vorace l exemple du politicien professionnel

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire