Le conseil départemental des Bouches-du-Rhône couve un projet de centre LGBT+
Un collectif d'associations planche depuis plusieurs mois sur la création d'un centre LGBT+, sur un modèle existant dans plusieurs villes de France dont Nice et Avignon. Le conseil départemental s'est dit ouvert à un financement dans le cadre du conseil d'orientation et de lutte contre les discriminations.
Dans le défilé de la marche des fiertés 2015. Photo : Yves Vernin.
Relevé des copies. Ce mardi, le conseil d’orientation et de lutte contre les discriminations (COLD) examinera un projet de centre LGBT+, monté depuis plusieurs mois par un collectif d’une dizaine d’associations. L’idée a germé en juin 2017, au cours de la réunion de lancement de ce même COLD. L’organisme, rattaché au conseil départemental, a succédé à l’observatoire des droits des femmes (lire notre article), avec pour focale les trois thématiques de l’égalité hommes-femmes, du harcèlement scolaire et de l’homophobie. “Le COLD pourra notamment décider de lancer un appel à projet, de financer une campagne de communication ou encore de porter une action de sensibilisation”, a annoncé Martine Vassal, présidente LR du département, lors de cette réunion. Avec une exigence, bien spécifiée aux associations siégeant au COLD : il ne s’agit pas de financer indirectement l’activité d’une d’entre elles.
En marge de la séance, celles-ci ont fait remonter un premier constat : contrairement à de nombreuses villes de France, Marseille manque cruellement d’un centre LGBT+. Une idée qui a retenu l’attention de Martine Vassal et sa vice-présidente déléguée à la lutte contre les discriminations, Sylvie Carrega. À charge pour les associations de présenter un projet. “Il est trop tôt pour en connaître les contours ou les missions puisque ce sont les associations qui vont les déterminer”, commente-t-on au conseil départemental, sans poser de conditions ni s’engager plus avant au-delà d’un “oui” de principe.
“Aucune hégémonie”
“À Marseille, il n’y a aucun lieu d’accueil permanent, justifie Véronique Godet, vice-présidente nationale de SOS homophobie, même si comme d’autres associations elle tente de tenir des permanences régulières. “Un jeune qui a des problèmes, qui ne nous connaît pas, peut être orienté vers nous. Ou bien si c’est plus pertinent vers SOS homophobie. C’est important d’avoir un lieu où tout le panel des associations soit représenté”, abonde Sébastien Moullet, délégué départemental du Refuge, qui en a plaidé la cause en juillet lors d’une visite dans ses locaux de Sylvie Carrega. Une “dimension sur la mémoire des luttes”, “un lieu où l’on puisse se réunir”, “un côté festif” : les autres axes potentiels évoqués par Véronique Godet sont larges, à l’image des réflexions du collectif.
Parti du COLD, dont le nombre de membres est restreint, le projet a fait l’objet d’une vigilance particulière – selon ses porteurs – au fait que les discussions soient élargies au maximum. “L’idée est qu’il n’y ait aucune hégémonie et que les associations qui ont quatre adhérents aient la même place que les grosses structures. Et ce n’est pas parce que SOS homophobie a participé au lancement que nous devons avoir une place particulière”, assure Véronique Godet.
Pour Christian De Leusse, membre fondateur de Mémoire des sexualités, qui fait partie des figures anciennes du mouvement à Marseille, le projet doit éviter les écueils d’un “milieu associatif local très divisé”. Les querelles autour de l’organisation des marche des fiertés 2010 et 2012 en ont été l’illustration la plus visible, l’Europride 2013 virant même au fiasco public. Si la gestion de ce grand rendez-vous annuel semble désormais aplanie, restent de nombreux autres points de débats : rapport aux structures commerciales – cafés, bars etc. – et à d’éventuels mécènes, place accordée aux femmes, aux trans, aux précaires… “Avançons à pas comptés. Commençons d’abord sur une charte, un texte sur lequel on est à peu près tous d’accord, puis rédigeons des statuts”, plaide Christian De Leusse. Ces débats n’effraient pas Véronique Godet : “Sinon, il n’y aurait qu’une seule asso LGBT, c’est ça la richesse de notre tissu, répond-elle. La démocratie, cela prend du temps pour dégager des consensus.”
Une maison départementale ?
Un calendrier compatible avec celui du CD 13 ? Contactée, Sylvie Carrega s’est refusée à tout commentaire. Reste qu’avec le COLD, la collectivité s’est fixée l’objectif d’être rapidement “dans l’action” pour dépasser le caractère supposé plus documentaire de l’ancien observatoire des droits des femmes. Elle n’a d’ailleurs pas attendu le démarrage de la structure pour lancer une campagne de communication “Retirons les étiquettes”, dont la focale très centrée autour des trois axes du COLD a fait se lever quelques sourcils (lire notre article). Depuis juillet, les réunions du collectif s’enchaînent donc à un rythme soutenu pour être en mesure de présenter un projet lors de la séance de rentrée, ce mardi. À la clé, une ligne budgétaire qui pourrait être votée lors d’une séance plénière de la collectivité fin 2017.
Impossible pour l’heure de connaître les contours de l’enveloppe que le département serait prêt à débloquer. La réponse à cet autre point d’interrogation ne sera pas sans incidence sur l’autonomie du futur centre, que le CD 13 aimerait bien voir nommé “maison départementale”. Le collectif doit-il toquer à la porte d’autres collectivités, comme celui de Nice, ouvert en 2011 et qui bénéficie du soutien de la Ville, du département, et de la région ? Le CD 13 proposera-t-il de suivre modèle avignonnais, où la mairie met gracieusement à disposition un local, inauguré en avril 2017 ? Ces questions sont encore en suspens, mais Véronique Godet pose d’emblée une ligne : “Il s’agit de ne pas dépendre d’une alternance politique au département, ni de servir de faire-valoir. Le département propose une opportunité, on la saisit, mais on reste indépendants, lucides et militants.”
Commentaires
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Seules ces 3 thématiques aient été retenues. Que fait-on des multiples discriminations au travail, au logement,au contrôle (au faciès) dont on parle peu, surtout au Conseil départemental, mais qui touchent un très grand nombre de personnes – hommes, femmes et enfants ? Dommage et gravissime au “pays des droits de l’homme” (sic)
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