Confinement en récits : l’heure du non-bilan

Échappée
le 9 Mai 2020
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Pendant le confinement, Marsactu a invité ses lecteurs à partager leurs écrits dans l'Agora, l'espace de libre-expression du journal. Pour ce dernier samedi confiné, chacun s'affaire à tirer un bilan, ou à ne pas en tirer du tout.

(Illustration Michéa Jacobi)
(Illustration Michéa Jacobi)

(Illustration Michéa Jacobi)

“Voilà c’est fini”, semblent nous dire les contributeurs de l’Agora. Fini, enfin, presque. Puisque tout le monde semble comprendre, à quelques jours du 11 mai et au fur et à mesure des annonces, que la suite ne ressemblera pas à une grande libération.

“Sentiments mêlés quand je réalise que je ne veux pas remettre mes filles à l’école dans ces conditions, écrit Jeanne Zam dans son carnet griffonné. Je comprends que la logistique de tous les instants va être mon quotidien pour encore semaines (mois ?)”.

Michéa Jacobi aussi a l’âme mélancolique et partage une de ses expériences marquantes de la période. “Faisons par exemple l’éloge du plaisir paradoxal de se promener au parc Longchamp sans jamais y entrer”, propose-t-il aux lecteurs, à travers quelques vers et images.

“Liste de manque/manque pas”

Forcément, dans ces conditions, difficile de tirer un bilan de cette expérience que beaucoup appréhendaient en aventuriers fougueux il y a de cela sept semaines. José Rose, qui s’interroge aussi dans un billet sur le retour à l’école, livre pour sa part une somme des manques et des “manque pas” qu’il observe aujourd’hui :

“La liste est longue de nos manques. Manque d’espace d’abord, espace de vie et de déploiement, manque de temps aussi et c’est paradoxal. Manque de variété encore et de patience et de bras réconfortants. Manque d’essentiel et de ces petits riens qui font la vie, terrasses de café, soirées entre amis, échanges en tête à tête, flânerie en librairie, rencontres au coin de la rue, longues balades en forêt ou bord de mer, manifs, réunions, spectacles vivants, baignade, soirs de match…tout cela nous manque. Comme manque le côté quand on veut où on veut comme on veut.

Chacun pourrait ainsi dresser sa liste de manque-manque pas. Car les deux font la paire et, en ces temps confinés, les manque pas sont également légion, voitures manquent pas, pollution manque pas, sujets d’exaspération manquent pas, scènes cocasses manquent pas non plus, comme ces masques portés en visière, bonnet ou bavoir, de travers ou canaille et relevés pour fumer ou se gratter le nez. Manque ou passe, pair ou impair, rouge ou vert ? Les jeux sont faits, rien ne va… plus !”

Explorations généalogiques

Dans l’Agora en tout cas, personne ne s’aventure à lister ses exploits de créativité confinée, et nulle trace de prouesses pâtissières ou de postures de yoga par ici. Le temps ralenti aura tout de même permis à Tarama d’interroger un autre bilan, celui de la bétonnisation qui guette les abords du parc Borély.

L’esprit survolté de Loreleï n’aura pas chômé non plus, puisqu’après avoir relancé l’écriture d’un roman, elle a remonté son arbre généalogique pour se trouver un lien de parenté direct avec Charlemagne, rien que ça.

“Ma famille de cultivateurs et de marchands albigeois écrivait beaucoup, ah, tiens, ils étaient souvent praticiens, des clercs, des greffiers, etc. et avaient l’habitude des contrats de mariage, des dots et des testaments. Ils devaient donc avoir de nombreux abonnés dans leurs réseaux. Et l’un de ces, je suppose, riches marchands – enfin riche à l’époque, ça veut dire aubergiste, en vrai, je l’ai lu – a, au 16e siècle, pris en épousailles (ou on lui a vendu, au choix) la dernière rejetonne d’une famille de noblesse d’épée « d’extraction chevaleresque ». Monjoie, Saint-Denis ! Qu’est-ce que ça sonne bien. Des damoiselles et damoiseaux, descendants de chevaliers, chambellans, barons, comptours (ceux qui comptent les sous), croisés, naissances dans des châteaux, armes de gueules, au chef d’argent chargé de 3 tourteaux de gueules. Bref. De seigneur féodal en sainte, véridique, non vierge évidemment, on finit par des duchés d’importance, de Nevers, d’Aquitaine, de Bourgogne, de Macôn, et l’on se retrouve avec des Othon-Guillaume L’Étranger de Bourgogne-Comté époux d’Ermentrude de Roucy. L’étape d’après, ce sont des rois de Saxe, d’Italie, et zou, Pépin d’Italie, fils de Charlemagne, fils de Pépin le Bref, fils de Charles Martel. J’y crois pas ! Comment ça claque sa mère.”

Un rebondissement que l’on n’aurait certainement pas imaginé il y a sept semaines de cela… Pour ce qui est des conclusions à tirer ? Dans un autre billet, Loreleï raconte sa terrible expérience d’une rage de dent à soigner un jour férié, en plein confinement. Devant les péripéties qu’elle a dû affronter avec son conjoint pour parvenir à être soignée, notre lectrice conclut par un bilan qui parlera peut-être à beaucoup d’autres confinés : “Je crois qu’en fait, tout cela a bien réussi à me gonfler. Ça au moins, c’est réussi !”

Les lecteurs sont aussi dans notre podcast
Chaque semaine, les journalistes de Marsactu racontent les actualités du confinement dans un podcast, Débrief de confinement. Dans chaque épisode, les récits de confinement de l’Agora ont droit à une rubrique entière, et pour la dernière semaine, deux contributeurs ont même directement pris la parole pour expliquer leur démarche ou partager leurs textes. Tous les épisodes sont à retrouver ici.

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