Condamné, le sénateur Ravier a “porté atteinte à la confiance dans le système démocratique”
Le tribunal judiciaire de Marseille a condamné le sénateur Reconquête et conseiller municipal de Marseille à six mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité. Une condamnation, dont il fait appel, qui vient sanctionner l'embauche de son fils au sein des services municipaux et entraver la suite de sa carrière politique.
Le sénateur Reconquête Stéphane Ravier lors d'une "campagne de terrain" contre le projet d'halte soin addiction à Marseille. (Photo : VA)
“Alors qu’il a été choisi pour servir et représenter ses concitoyens, il a favorisé son fils et à travers lui son intérêt personnel au détriment de ses mandats.” C’est avec solennité que le tribunal judiciaire de Marseille a choisi de condamner le sénateur et conseiller municipal marseillais Stéphane Ravier (Reconquête) à six mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêts. La peine est inférieure aux réquisitions du parquet qui avait réclamé un an de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité.
Cette décision vient sanctionner le recrutement de son fils au sein des services de la mairie des 13e et 14e arrondissements qu’il dirigeait de 2014 à 2017. Si le tribunal a reconnu qu’administrativement, les maires de secteur n’ont aucun pouvoir d’embauche, il s’est appuyé sur plusieurs témoignages de fonctionnaires pour établir les interventions successives de Stéphane Ravier. D’un côté, l’ancienne directrice générale des services de la mairie de secteur et l’ex-directrice de cabinet de Stéphane Ravier ont expliqué avoir dû intercéder à la demande de celui-ci pour la reconduction des contrats de son fils Thomas. De l’autre, en mairie centrale, Claude Bertrand, directeur de cabinet du maire Jean-Claude Gaudin, a affirmé avoir reçu cette demande de la part de Stéphane Ravier, ce qu’a confirmé le directeur des ressources humaines d’alors, Yves Rusconi.
“Un discours de justification” devant la presse
Cette embauche familiale, révélée par Marsactu, a longtemps été assumée. Lors de notre premier article, Stéphane Ravier avait rétorqué en guise de défense qu’il aurait “pu l’embaucher comme assistant parlementaire” et expliqué qu’il s’agissait d’un “choix collectif des élus du 13/14”. Quelques années plus tard, il nous confiait : “J’ai bien compris qu’en embauchant mon fils, ça allait me retomber sur la gueule à un moment donné.” “Les propres déclarations de M. Stéphane Ravier à la presse constituent selon lui une bravade mais il prend la précaution de préciser que c’est un choix collectif. [Cela] semble plus proche d’un discours de justification et de déresponsabilisation que d’une bravade”, commente le tribunal dans ses motivations.
Il note encore que, malgré nos révélations et la polémique qui en a découlé, Thomas Ravier, affecté au sein d’une brigade de propreté dédiée au secteur, a continué à profiter de multiples renouvèlements jusqu’à sa titularisation comme fonctionnaire. C’est sur ce même constat de permanence du comportement délictueux qu’il conclut à la culpabilité de Thomas Ravier qui avait conscience de receler le produit d’un délit : “Thomas Ravier prétend ignorer l’intervention de son père dans son embauche. Cependant, ces faits sont de notoriété publique suite à la publication de l’article en octobre 2015 dans Marsactu, publication reprise par de nombreux organes de presse et opposants politiques, et qui n’avait pas pu lui échapper.”
Plus généralement, celui-ci vient rappeler le caractère nuisible des embauches familiales, souvent minimisées par le personnel politique. “Les autres candidats potentiels à ces emplois n’ont pas eu en réalité aucune chance de pouvoir y accéder. [Stéphane Ravier] a, par son comportement, porté atteinte à la confiance que doivent nourrir les citoyens envers le système démocratique pour en assurer son bon fonctionnement et son acceptation par tous.”
Condamnation “politique”, argumente Ravier
De son côté, Stéphane Ravier, qui n’était pas présent au délibéré, continue de se dire innocent. “Accepter une condamnation, ce serait reconnaître que je suis coupable, je ne peux pas m’en satisfaire”, explique l’élu d’extrême-droite. Il fait donc appel de cette décision qu’il fustige comme “politique”. “Monsieur Dupont-Moretti en a ras-le-bol de Reconquête en général et de Stéphane Ravier en particulier. Le parquet a décidé seul de poursuivre, la Ville de Marseille – qui n’a aucun cadeau à me faire – ne s’est même pas portée partie civile”, poursuit-il, oubliant que la procureure de Marseille avait été destinataire d’un signalement de l’agence française anticorruption à son sujet.
La suite judiciaire, avec cette deuxième audience devant la cour d’appel et un éventuel pourvoi en cassation, pourrait venir percuter l’année électorale 2026. Alors que son deuxième mandat de sénateur prendra fin en septembre, Stéphane Ravier entend bien se présenter au printemps aux municipales. Si son chemin politique s’est rétréci depuis son départ du Rassemblement national, c’est désormais la justice qui pourrait l’entraver.
Commentaires
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Si on comprend bien, le fils garde le job et le père ne subit aucune sanction financière au-delà de ces peines de principe ?
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C’est Marseille bébé !
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Il a bien appris sa leçon auprès de son maître, Stéphane.
Quand Z, fin mars dernier, est condamné en appel pour injure à caractère raciste (une habitude, chez lui), il fustige “ces juges politisés [qui] veulent [le] condamner pour intimider les Français” (on appréciera l’immense modestie de ce grand homme qui se prend déjà pour l’incarnation de la France).
Quand Steffi est condamné pour prise illégale d’intérêts, il y voit une décision “politique”.
Les juges sont toujours “rouges” pour les politiciens véreux de droite et d’extrême-droite, et toujours “de droite” pour les politiciens véreux de l’autre bord. A force, cette “analyse” usée jusqu’à la corde finit par faire rire tout le monde. Sauf les juges, probablement, car elle cherche à discréditer la justice et ceux qui la servent.
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Bon, d’accord, c’est pas beau.
Malheureusement, ce type d’arrangement avec les règles déontologiques concerne toute la classe politique et les hauts fonctionnaires qui s’y rattachent.
Que penser du maire de secteur précédent qui favorisait systématiquement les fournisseurs appartenant à sa communauté dans des petits marchés où la mise en concurrence est peu formalisée?
Que penser de la directrice de cabinet de la mairie des 2/3, destinataire d’une indiscrétion lui permettant d’échapper à une mise à pied sans solde, en se faisant “malencontreusement” une entorse juste avant que ne lui soit notifiée cette mise à pied (sans jeu de mot)?
Que penser d’une maire secteur qui convoque et fait signer à ses agents de catégorie C, des témoignages pré-écrits en faveur de la personne citée ci-dessus?
Etc, etc….
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” ce type d’arrangement avec les règles déontologiques concerne toute la classe politique et les hauts fonctionnaires qui s’y rattachent”
Non André, pas tous ! Ce n’est pas parce que vous connaissez des exemples que c’est le cas pour tous.
J’en connais quelques uns qui ont préféré quitter Marseille pour ne pas tremper dans des combines.
De plus, vous présentez cela comme une excuse alors que ce n’en est pas une.
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Explication de texte : “Toute la classe politique” signifie l’ensemble de toutes les formations qui la composent, sans pour autant que tous les membres de chaque parti ne soient systématiquement adeptes de ces pratiques.
De plus, mes propos ne constituent en rien une excuse mais au contraire que le cas Ravier n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qui ont, eux, échappé aux tribunaux mais n’en sont pas moins tout aussi coupables.
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Pascal L ,autrement dit : Marseille = Combines.
Dites moi pas que c’est pas vrai !
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oui, c’est pas cher payé.
les complotistes en tout genre s’en donne à coeur joie.
non, les élus ne sont pas tous pourris, mais il serait vraiment appréciable pour la démocratie et la confiance en nos élus, que les profiteurs, corrompus, et malfrats qui ont obtenu des mandats de leurs électeurs soit jugés et punis en conséquence. pas juste pour marquer le coup.
il y a des peines plus lourdes pour les assassins des forces de l’ordre, ou par ailleurs pour les personnes “ayant autorité”…etc.
pas pour les politiques élus, qui sollicitent les voix de leurs électeurs, et c’est intenable.
déjà que la plupart d’entre eux promettent souvent monts et merveilles et ne font rien, ils peuvent “piquer dans la caisse” quasi impunément
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Dommage, vraiment dommage pour Reconquête qui risque de perdre un (mauvais) atout. Si j’ai bien compris, Monsieur Ravier risque de se retrouver bientôt simple pékin? Yessss!
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“mains propres, tête haute” comme disait leur idole.
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C’est plutôt ” mains dans la caisse et tête ailleurs”.
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On peut que se satisfaire de voir le sémillant M. Ravier être condamné pour avoir fauté.
Ceci dit, c’est tellement ridicule au regard de ce que je peux voir quotidiennement dans le système municipal et métropolitain depuis plus de 20 ans.
Travaillant dans une entreprise privée qui a 100% de son activité avec des collectivités, les “requêtes” pour embaucher l’une ou l’autre, pour favoriser tel ou tel prestataire que je dois mandater, etc. sont encore aujourd’hui pas quotidiennes (n’exagérons pas pour une fois), mais bien trop régulières. Et encore, quand les élus et surtout leurs sbires en sont là, c’est que tout le reste est déjà passé sous les radars.
Bref content qu’il soit sanctionné pour sa faute, mais clairement cette condamnation est l’arbre qui cache la forêt (giboyeuse, la forêt).
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Nous sommes d’accord, les dérives font tellement partie du paysage que certains finissent par trouver cela normal, comme un privilège de leur charge.
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Chèh !
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“Les autres candidats potentiels à ces emplois n’ont pas eu en réalité aucune chance de pouvoir y accéder.” on peut comprendre le sentiment d’injustice éprouvé à être un des rares punis d’une pratique assez répandue pour que plusieurs commentateurs connaissent plusieurs cas. Favoriser jusqu’à l’exclusivité un ami ou allié hors de sa famille reste plus discret.
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