Concertation publique mais discrète pour le projet de la Plaine
Le projet de rénovation de la place Jean-Jaurès est de nouveau soumis à l'opinion des habitants à partir de ce vendredi. Mais il ne faut pas s'attendre cette fois à des éclats de voix et à des réunions passionnées : une simple exposition, située en trois lieux, permettra aux riverains de découvrir le projet et de noter leurs remarques dans un registre.
Visuel d'architectes pour la rénovation de la place Jean Jaurès.
Cette fois-ci, on concertera, mais juste un peu. Le projet de rénovation de la place Jean-Jaurès entame ce vendredi une nouvelle étape : celle de la concertation publique. Un passage obligé dans la réalisation de la réhabilitation d’une des plus grandes places de Marseille, dont le budget total est annoncé à 11 millions d’euros. Pour autant, qui dit concertation ne dit pas forcément débats enflammés et grandes réunions publiques. Et encore moins participation effective des habitants au projet final. Pour cela, encore faut-il que ces derniers soient au courant qu’une concertation a bien lieu.
Or, c’est à la faveur d’une annonce légale publiée dans les deux quotidiens régionaux que la métropole, qui a la charge des projets urbanistiques, a rendu publique cette concertation, et pas autrement.
“Une concertation publique spécifique pour le projet de requalification de la place Jean-Jaurès, Marseille 1er, 5e, 6e arrondissements, est organisée pendant un mois, du vendredi 3 mars 2017 au vendredi 31 mars 2017 inclus. A cet effet, une exposition publique des documents explicitant le projet accompagnée d’un dossier d’information et d’un registre d’observations seront mis à la disposition du public.”
Pendant quatre semaines, une exposition sera donc installée en trois lieux, situés dans les trois secteurs auxquels la place Jean-Jaurès est attachée : dans la mairie des 1er et 7e arrondissements, dans celle des 6e et 8e arrondissements ainsi que dans le Centre municipale d’animation Méridien, le centre d’animation des 4e et 5e arrondissements. Soit dans des lieux qui ne sont pas à proximité immédiate de la place concernée. De plus, une demi-journée par semaine, dans chacun de ces lieux, “des permanences permettant d’apporter des explications et répondre aux questions, seront assurées par un technicien”. En résumé : des panneaux d’information, un registre et un technicien, et des horaires indiqués par annonce légale. Il y a plus ambitieux comme opération de concertation des habitants.
Pas de réunion publique, pas de conférence de presse
Légalement, la métropole est dans les clous. Si une procédure de concertation publique est bien nécessaire pour “les projets et opérations d’aménagement ou de construction ayant pour effet de modifier de façon substantielle le cadre de vie”, aucune modalité précise n’est imposée quant à la forme qu’elle doit prendre. La métropole a donc fixé ses propres règles pour le déroulement de cette phase, lors d’un bureau tenu le 30 juin dernier.
Cela n’empêche pas le président de la société d’aménagement publique, la Soleam, de se réjouir de cette nouvelle phase qu’il espère plus apaisée que les précédentes. Gérard Chenoz se défend d’ailleurs de ne pas assez communiquer. “On joue la transparence ! On met les éléments sur notre site internet régulièrement, assure Gérard Chenoz. Et si on faisait une réunion publique, il n’y aurait que 150 personnes, alors que là, tout le monde peut venir quand il veut !” Une trentaine de dessins ainsi qu’un cahier comprenant des détails techniques seront ainsi à la disposition des curieux, précise-t-il.
Moins d’un mois pour intégrer les remarques
“Après avoir pris en compte les remarques des habitants”, le projet présenté formera l’avant-projet sommaire, la base de travail du futur chantier. Gérard Chenoz indique que celui-ci devrait être prêt avant la fin avril, ce qui laissera moins d’un mois pour intégrer les critiques et remarques.
Les ateliers de concertation autour du pré-projet ont été parfois houleux, notamment en raison des tentatives de déstabilisation de certains participants, l’adjoint aux grands projets n’avait pas caché sa lassitude après seulement quelques ateliers. “C’est la deuxième fois que la Ville a recours à des professionnels de la concertation. Et franchement, je le regrette presque : si on avait fait ça discrètement, en élargissant un trottoir à gauche, puis à droite, personne n’aurait rien dit”, déclarait-il alors à Marsactu. Dès la fin des quatre ateliers, la Soleam annonçait donc que les futurs échanges avec les habitants se feraient sous la forme d’informations ponctuelles plutôt que par le biais de réunion publiques.
“Il n’y a aucun dialogue possible avec les élus”
Mais pour ceux qui avaient participé aux premiers ateliers, le goût d’inachevé est bien là. “C’est clairement une concertation au rabais, déplore Patrick Lacoste de l’association Un centre-ville pour tous. La Soleam nous mène en bateau depuis un an et demi. On nous avait promis des phases de concertation ou d’information en février 2016 pour présenter l’appel d’offres, puis en septembre pour le choix… Tout ça n’a pas eu lieu. Il n’y a aucun dialogue possible avec les élus. On nous envoie un technicien, le pauvre, qui va devoir répondre sur des questions qui relèvent des orientations fixées par le politique. Où sont les maires de secteur ?”
Il est vrai que ces derniers se sont faits tout petits depuis le lancement du projet. Bruno Gilles, maire des 4e et 5e, redirige vers la Soleam pour toute question sur le sujet. Yves Moraine, maire des 6e et 8e, n’a pas donné suite à nos sollicitations. Il n’y a que la maire des 1er et 7e arrondissements, Sabine Bernasconi qui a pris le temps d’évoquer le sujet, bien qu’elle reconnaisse que la partie de la place relevant de son secteur est “toute petite”. “La volonté des trois maires est bien là, et il y a une proposition de base qui va être mise au débat, puis amendée après l’expression des habitants, indique-t-elle. Les habitants que je rencontre sont plutôt favorables mais s’ils ont une inquiétude, ils ont la possibilité d’en faire part. […] Ce projet soulève, de manière curieuse, des réactions assez particulières, ça paraît incroyable, car il est fait pour améliorer les choses !”
Rendez-vous à l’exposition
Déjà échaudés par la publication dans la presse des premiers dessins d’architecte, plutôt que lors d’une présentation en bonne et due forme aux habitants, les contestataires trouvent déjà dans cette concertation de papier un nouveau motif de mécontentement. Dans un mail partagé à ses sympathisants, l’Assemblée de la Plaine, collectif en tête de la contestation de la rénovation, enjoint ainsi “tous ceux qui se sentent concernés par ce que contiennent les projets de transformation du centre ville de Marseille, que ce soit en termes de désertification comme de gentrification, [à] aller inscrire ce qu’ils en pensent sur ces registres.”
L’association Un centre-ville pour tous se rendra quant à elle dans les lieux d’exposition dès vendredi matin pour obtenir des réponses à ses interrogations, notamment sur la question de la circulation. Entre les curieux, les riverains, les usagers et les autres, combien feront le déplacement ? Houleux ou pas, une chose est sûre, cette fois-ci, les débats se feront à l’écrit.
Commentaires
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Cette procédure qui peut paraître discutable su le fond, découle malheureusement directement du comportement des membres de l’Assemblée de la Plaine qui ont rendu inaudibles les concertations préalables. Res Publica pourtant rôdé à ce type d’exercice n’avait jamais vu çà. Cette “assemblée” autoproclamée et largement sectaire s’est approprié les lieux au détriment d’un renouveau et d’un apaisement de cette place. Je retranscrit ici une déclaration faite par un intervenant lors de la dernière “réunion d’information” organisée par cette assemblée : “on peut remercier les rats et la saleté, çà évite aux “extérieurs” de venir… Je vous laisse juges.
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Tout à fait. On ne peut concerter qu’avec des gens intelligents. Là, cette bande de cassos et d’anarchistes subventionnés n’a comme objectif que de maintenir le cadre de vie minable qui leur permet de parasiter ce quartier. Au détriment des milliers d’usagers quotidiens ou occasionnels de ce qui devrait être le cœur de Marseille.
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Cette place a un potentiel énorme de par son architecture et sa dimension, un vrai cœur de ville pour déambuler, boire un verre, jouer avec ses enfants. Aujourd’hui elle est utilisée pour les voitures et les “plainards” susnommés. sans oublier certains forains sans foi ni loi qui considèrent cet espace comme une poubelle.
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A quand un schéma directeur global de réaménagement et de requalification du centre-ville de Marseille ? Nous avons actuellement un bout de projet pour la Plaine, un bout de projet pour la rue Paradis, un autre bout de projet pour le cours Lieutaud, encore un autre pour la rue Pollak à Noailles, etc.
A quand une vision d’ensemble de ce qu’on veut faire du centre-ville dans la décennie à venir : place de la voiture, place des piétons et des vélos, trame circulatoire, place des espaces verts et lieux de jeux pour enfants, place des marchés et des commerces, etc. ?
Ce n’est pas en faisant les choses par petits bouts et dans le désordre qu’on aura à la sortie un ensemble cohérent et réfléchi.
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Pourtant l’Agam sait faire tout cela (et le fait). Les travaux et les documents, souvent très intéressants, existent.
La responsabilité du foutoir revient donc bien aux élus qui n’en font rien (et continuent à proposer des tramways doublons du métro, des bouts de pistes cyclables sans queues ni têtes et dangereux, etc.).
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On est bien d’accord, aucune vision urbaine de long terme, aucun plan d’ensemble ce qui au demeurant coûte beaucoup plus cher au final puisqu’il faut repenser à chaque fois les connexions avec ce qui est requalifié et ce qui ne l’est pas. Ces chantiers épars qui participent d’une forme de mitage du centre ville servent surtout à faire mousser les élus de secteur à l’occasion des élections. Les études de l’Agam sont effectivement toujours passionnantes et leurs orientations appropriées et intelligentes, mais elles se fracassent contre le mur de l’incompétence crasse qui règne sur ce territoire.
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Vivement qu’ électeur du 8, Cehere et Laplaine se présentent aux élections municipales et gèrent cette ville.
S’ils gèrent notre ville avec autant de talent que le talent qu’ils mettent à critiquer, nul doute que les choses marcheront mieux.
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La critique n’implique pas plus l’ambition de faire une carrière politique que l’incompétence n’interdit de se présenter aux élections. Si l’on n’a pas la modestie et la capacité d’écoute nécessaires pour supporter la critique, soit on la muselle, soit on évite d’étaler publiquement ses limites. Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.
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On notera du reste que cette intervention, “critiquant la critique”, n’apporte au demeurant aucune réflexion sur le fond du problème qui est de savoir pourquoi ces élus compétents en vingt ans n’ont jamais proposé le début du commencement d’une réflexion sur le devenir du centre-ville de Marseille.
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Quoi ! on veut nous priver des sacs plastiques sur le sol et dans les arbres à la fin du “marché” ? enlever les voitures de la place ? mais c’est inadmissible !
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Pour certains oui c’est inadmissible, “vive les voitures et le marché semi sauvage”.
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