La coupe est Plaine
“La Plaine n’est pas un canton suisse”
Ce jeudi 17 décembre, dernier rendez-vous des ateliers de concertation autour de la rénovation de La Plaine. Au cours de ces quatre ateliers participatifs, les habitants de la place Jean-Jaurès et des alentours n'ont pas ménagé leurs interlocuteurs. Ils refusent une rénovation en trompe-l'oeil, destinée à faire monter en gamme le quartier. Interview bilan avec le directeur de l'agence en charge de la concertation et l'élu qui défend le projet.
“La Plaine n’est pas un canton suisse”
Concertation de la Plaine, dernier acte. Hier soir, la salle de la bibliothèque du conservatoire de Marseille accueillait la réunion de restitution des débats, après avoir été le théâtre de quatre ateliers au cours des dernières semaines. Des moments d’échanges pas toujours apaisés, où les habitants n’ont pas hésité à donner de la voix. Pour bon nombre d’entre eux, ce processus de concertation est destiné à servir de faux-nez à un embourgeoisement du quartier.
À l’aide de différents formulaires, outils pédagogiques et tours de table, l’agence Res Publica, missionnée par la Soleam (la société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise) a pris la température, plutôt élevée, du quartier qui entoure la place Jean-Jaurès. En lançant cette concertation très en amont des travaux qui doivent être terminés en 2019, la volonté de la Ville était d’associer les riverains, réputés éruptifs. Rencontre avec Gilles-Laurent Rayssac, directeur de Res Publica et Gérard Chenoz, adjoint au maire (LR) et président de la Soleam.
Au terme de plusieurs semaines de concertation, comment avez-vous fait pour synthétiser toutes les contributions ?
Gilles-Laurent Rayssac : C’est du travail, on rassemble tout ce qui a été dit et écrit avec pour objectif de repérer les points d’accord et de désaccord. En général, il y a plus de points d’accord mais les désaccords sont difficilement réductibles par l’échange. À la fin c’est le décideur légitime, donc la Ville, qui décide de valider ou non les points de consensus et tranche les dissensus en fonction de ses critères et de ses contraintes. C’est important que les élus expliquent ces décisions par la suite.
Quelle masse de données avez-vous collecté dans le cadre de cette concertation ?
Gilles-Laurent Rayssac : Cela représente 3-4 pages par atelier, pour 4 ateliers (les comptes-rendus sont disponibles ici). Nous ne cherchons pas tant la quantité que la diversité. Nous avons effectué un gros travail pour faire venir tout le monde. Au conservatoire, la salle est grande, pratique, mais avec plus de place on aurait pu accueillir facilement 300 personnes par atelier vu la mobilisation. Mais c’est un problème qui n’est pas propre à Marseille, la France offre peu de salles pour organiser de grands débats.
Quels usagers avez-vous pu croiser ?
Gilles-Laurent Rayssac : Pour préparer les ateliers, nous avons rencontré des habitants, les commerçants, des associations, à l’exception de l’Assemblée de la Plaine [qui mène la contestation et a refusé des rencontres individuelles, ndlr], en tout cela représente autour de 200 personnes, avec qui nous avons échangé quelques minutes, un quart d’heure parfois. On voulait avoir la plus grande diversité, ces échanges sont un objet très important pour nous.
Gérard Chenoz : En comptant les inscrits aux ateliers, nous avons consulté près de 500 personnes. Les usages de cette place sont très divergents. Nous avons parlé à la maman qui veut plus de place pour le parc aussi bien qu’au jeune qui boit sa bière sur un banc. Mais en tant qu’élus nous devons trancher en fonction d’une vision plus globale, à l’échelle de la ville, de la métropole. Nous devons avoir une vision cohérente.
“Un certain nombre de personnes ont estimé que ce processus de concertation ne leur convenait pas. On retrouve ça partout, les gens sont méfiants vis-à-vis des initiatives de la ville, et ici, cela a été particulièrement vigoureux, voire violent.”
Gilles-Laurent Rayssac
Que diriez-vous de l’accueil que vous avez reçu parmi les riverains ?
Gilles-Laurent Rayssac : Il y a eu deux types de réaction : individuellement, l’accueil a été plutôt chaleureux, marseillais, sympathique, avec des gens qui n’hésitaient pas à dire ce qu’ils avaient sur le cœur. En revanche, la première série d’ateliers a donné lieu à beaucoup de malentendus, de difficultés de compréhension, un peu de mauvaise foi peut-être. Un énervement s’est manifesté, peut-être conjoncturel, peut-être structurel. Un certain nombre de personnes ont estimé que ce processus de concertation ne leur convenait pas. On retrouve ça partout, les gens sont méfiants vis-à-vis des initiatives de la Ville, et ici, cela a été particulièrement vigoureux, voire violent. La deuxième série d’ateliers s’est bien mieux passée. Mais il n’est pas étonnant de voir ce genre de réactions quand on donne la parole à des gens qui ne l’ont pas souvent. On ouvre la porte à toutes les expressions. Et qui peut nier qu’en France beaucoup de gens ont de quoi se plaindre ?
Tout le problème consiste, à partir de cette matière, la colère, le mécontentement, d’en tirer quelque chose d’utile à la réflexion. Les échanges ont été particulièrement riches. Sur ce côté-là, on est contents. Pour l’ambiance en revanche, on peut reconnaître que ce n’est pas un canton suisse, ici on ne s’ennuie pas.
Je sais bien que cela ne représente que 150 personnes sur 800 000, c’est juste une poignée d’irresponsables.
Gérard Chenoz
Gérard Chenoz : C’est la deuxième fois que la ville a recours à des professionnels de la concertation. Et franchement, je le regrette presque : si on avait fait ça discrètement, en élargissant un trottoir à gauche, puis à droite, personne n’aurait rien dit. Et là, on s’est retrouvés avec des gens qui lancent des avions en papier pendant les ateliers. Les gens critiquent, ils prennent des pseudos, font des lettres anonymes et ne viennent pas me voir pour en parler. L’association Centre ville pour tous a fait une lettre ouverte, je connais bien le président, pourquoi n’est-il pas venu me parler d’abord ? Si on veut changer la façon de faire de la politique, il faut aussi aller vers les hommes politiques, autrement, c’est décourageant.
Je sais bien que cela ne représente que 150 personnes sur 800 000, c’est juste une poignée d’irresponsables. Et en 20 ans, on est arrivés à en civiliser quelques uns. Mais un projet comme celui-là coûte de l’argent, cela mobilise du monde. 44 équipes internationales ont répondu à notre premier appel, ce n’est pas rien. Les trois maires de secteurs concernés sont impliqués, cela fait un an que je travaille sur le projet. Il y a les égouts à refaire, l’éclairage qui sera remplacé par un autre système qui consomme moins : de gros efforts sont faits. C’est un peu dommage, je suis maintenant un vieux monsieur et tout cela me fatigue.
“Le maintien du caractère vivant et populaire de la place et du quartier est un souhait très fort et une demande massive.”
Gilles-Laurent Rayssac
Quelles sont les principales conclusions du travail de synthèse ?
Gilles-Laurent Rayssac : On constate que deux grandes demandes sont formulées. Le maintien du caractère vivant et populaire de la place et du quartier tout d’abord. C’est un souhait très fort et une demande massive. Le fait que la municipalité ait un projet de rénovation, cela soulève beaucoup de questions. La deuxième demande concerne les questions d’entretien. Les gens pensent que ce serait bien de mieux entretenir les lieux, que ce soit l’éclairage, le ramassage des déchets, les problèmes d’incivisme, de stationnement … Forcément, quand on fait bouger quelque chose, ça fait ressortir tous les problèmes préexistants. La mairie est dans son rôle, elle impose cet invariant : il doit y avoir une rénovation. Mais les élus ont bien entendu ces demandes.
Par ailleurs, ça ne manque pas d’idées, certaines pertinentes, d’autres infaisables. C’est le boulot des élus et des services municipaux de voir ce qui correspond ou non avec la vision municipale, c’est le jeu démocratique. Tout cela se fait très en amont, on parle encore d’un projet de projet. C’est là que c’est intéressant : la réflexion vise à orienter les travaux. D’autres études plus techniques ont été menées, la concertation est une ressource de plus que se donne la mairie. Elle n’est pas obligée de la suivre. Mais la décision sera plus éclairée, plus performante, en s’appuyant sur sa propre vision, les études techniques et l’avis de la population.
Quelle place auront les habitants dans la suite du processus ?
Gérard Chenoz : Après une réunion où les élus présenteront le cahier des charges retenu, nous passerons plus à de la concertation ponctuelle, plutôt sur le mode de l’information. Il y aura bien sûr une grosse concertation avec les commerçants sur le déroulement du chantier, le phasage afin de trouver le juste milieu au milieu de toutes les contraintes techniques [Une enquête publique sera aussi nécessaire avant la validation finale du projet, ndlr].
Quelles sont les points qui font l’unanimité ?
Gilles-Laurent Rayssac : La volonté de proposer des alternatives à la voiture fait consensus, mais laquelle est la plus adaptée, la question reste ouverte. Il y aussi l’amélioration de la liaison piétonne entre le cours Julien et la place Jean-Jaurès, l’élargissement des trottoirs et la mise en place de pistes cyclables, l’amélioration de l’éclairage, la création de toilettes publiques… La volonté d’avoir plus d’animations et spectacles sur la place est aussi admise par tous. Ça n’a pas grand chose à voir avec la rénovation, mais de savoir qu’il y a cette demande, cela oblige à les futurs projets à réfléchir à la façon de les accueillir. Il faut réfléchir à des points précis, mais aussi à avoir une intelligence plus large de ce que doit être cette place.
Et quels sont les points de désaccord ?
Gilles-Laurent Rayssac : Tout le monde est d’accord sur le fait que le marché doit rester, en revanche, il n’y a pas de consensus sur la forme qu’il doit avoir, sa taille, le nombre de forains… Autre exemple, le nombre de places de stationnement ou encore l’espace laissé à la circulation sont des points qui ne sont pas tranchés. Et puis il y a des inquiétudes : les gens veulent plus de végétal, mais sans que cela dérange les usages actuels, ils veulent de l’animation, mais aussi pouvoir dormir tranquillement… Beaucoup de questions qui n’ont pas encore de réponses, il faudra y travailler. La Ville doit prendre en compte des dizaines de paramètres pour rendre ses décisions, il faut du temps.
Commentaires
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Il est sidérant de voir aujourd’hui des associations ou groupements minoritaires tenter d’imposer le statu quo de la médiocrité à Marseille. Que représente aujourd’hui l’Assemblée de la Plaine ? Un groupe libertaro-libertaire dont l’ennemi est le bobo, l’étudiant (lisez leurs textes fondateurs) , et le credo le maintien d’une forme de médiocrité. Ces gens-là se sont approprié La Plaine, une forme de “commune” ou ZAD prêts à lutter contre “l’embourgeoisement” (quelle horreur ce mot) et l’amélioration du cadre de vie de la majorité des habitants des lieux. Il est à noter que l’activité principale de cette association consiste à coller “à la sauvage” des affiches sur tout espace public ou privé disponible, vous aurez compris la notion de respect environnemental et d’autrui qui anime ces “résistants”. Pour revenir au fond, il est important que cette requalification voit le jour afin de rendre cette place plus apaisée, libérée quelque peu des véhicules, avec un marché structuré et respectueux des règles de propreté, des espaces pour enfants et piétons agrandis, un éclairage digne de ce nom, des trottoirs élargis, une végétalisation accentuée, des matériaux facile d’entretien. Bref redonner une nouvelle dimension à ces lieux et à l’architecture qui les entoure sans oublier la sécurité et la propreté, mais là c’est le travail des collectivités locales qui est loin d’être parfait aujourd’hui.
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Quelques remarques relatives à l’argumentaire des “bénéficiaires” de la concertation; si le directeur de l’agence fait un retour assez équilibré et professionnel de la concertation, quoique sans doute trop prudent et réservé, certaines réponses de l’élu sont quelques peu problématiques; il a tendance à oublier d’où il parle comme on dit, quelle est l’image de la municipalité et en quoi cette image, fondée sur ses pratiques , induit pour une bonne part les réactions des gens concernés. Le même phénomène joue certes pour l’assemblée de la plaine, et on peut lui reprocher à juste titre, mais le représentant de la ville devrait aussi interroger sa part et voir en quoi il fonctionne sur le même mode. Pour exemple : — Lorsque il avance qu’en 20 ans ils ont pu, tout de même, “civiliser” quelques un des sauvages concernés, il s’expose à ce qu’on lui demande de civiliser les pratiques et les attitudes de sa municipalité qui bien souvent sont, à marseille, atypiques et carrément hors normes; par exemple, concernant l’état apocalyptique de nombre de services publics, du nettoyage aux transports en passant par l’état des écoles, des piscines… Autre exemple de taille, il conviendrai de civiliser au plus tôt la relation entre la ville et le syndicat FO et faire démissionner de ce syndicat son maire, membre d’honneur. Bref, la mission civilisatrice de l’équipe Gaudin est fort peu crédible et semble plutôt tenir de la grasse galéjade! — De même, un élu de la république devrait s’interdire de traiter les citoyens d’irresponsables, sans préciser le sens qu’il donne à ce mot et en quoi ils sont irresponsables. — Il est tout autant déconseillé pour une municipalité qui a si peu usé et abusé d’une démarche de concertation en plus de trois mandats, de venir dire “et je le regrette presque,si on avait fait ça discrètement…”, ce qui achèvera de convaincre les citoyens concernés qu’il ne s’agit surtout pas d’une franche et sincère conversion aux vertus de la concertation et de la démocratie participative… — Concernant l’asso un centre ville pour tous et sa lettre ouverte, cette association a une très très longue expérience in vivo des talents démocratiques et concertateurs de l’équipe municipale, et la lettre ouverte, démarche on ne peut plus transparente, est une formule au contraire très adaptée à sa connaissance des méthodes, enjeux et mauvaises manières de la ville, dont elle a fait le tour. C’était vraiment l’exemple à oublier de citer! — Autre chose, le vieux et abusif procédé oratoire du changement d’échelle, 150 sur 800 000, ne trompe plus personne depuis longtemps; à éviter donc. — En dernier lieu (enfin, dernier…) lorsqu’un élu est un” vieux Monsieur” rapidement fatigué, par le débat avec les citoyens, (après plusieurs mandats” civilisationnels ” ), il peut aisément ne pas se représenter et laisser un jeune Monsieur se confronter à la chose publique… Sur le fond du problème, faut il le rappeler, beaucoup des difficultés rencontrées sur la place tiennent à la très mauvaise qualité des services municipaux dans l’entretien et le maintenance et ne seront pas résolus par un réaménagement; ce sont les services municipaux et leur gestion qu’il faudrait réaménager, en tout premier lieu. Sur le fond également, la municipalité fait bien, même si elle est tout sauf convaincu, de faire les choses dans le minimun de formes, et au moins de faire semblant. Pour tout une série de raisons qu’il serait trop long de commenter ici, l’équipe municipale s’attaque là à un très gros morceau, qui réunit bien des enjeux , des symboles et des imaginaires, et elle n’est pas rendu. La plus grande prudence s’impose pour ne pas tomber sur un gros nonos! Déjà sur le quartier, la formule “allez, va te faire concerter..” agrémente bien des disputes… et ça,, croyez en ma vieille expérience, c’est vraiment pas très bon!
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Tout à fait d’accord avec les arguments qui concernent la municipalité ou la métropole et leurs fonctionnements, le problème de cette ville est l’incurie de ses élus pour ce qui touche aux missions régaliennes. Il n’en demeure pas moins vrai que nous avons là un projet, un budget, une méthode nouvelle (à mon humble avis Res Publica n’a effectivement pas fini de s’arracher les cheveux pour synthétiser tout çà) pour requalifier cette place qui est indigne aujourd’hui. Comme l’écrit Patrick plus bas, un peu marre du cracra, du médiocre, des pseudo puces etc etc. De nombreux habitants de la Plaine aspirent à un lieu plus apaisé et structuré. Mais il est clair que sans évolution en termes de propreté et d’entretien ces aménagements se dégraderont très vite comme partout dans Marseille.
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@Laplaine; Mon point de vue, vous l”aurez compris, n’est pas d’exclure toute rénovation de cette place , ni l’expression d’attentes et de besoins relatifs à ce sujet. Mais d’exercer une vigilance critique sur les (peu) éventuels objectifs et volontés municipales que masque (avec très peu de doutes) ce projet. La municipalité marseillaise ne doit pas s’étonner, ni se fatiguer comme le dit son représentant, d’être soumise à la critique et même à la méfiance, sur au moins trois points : — Tout d’abord sur son incurie et son incapacité à organiser des services publics dignes (pour le coup),à assurer ses missions, comme vous le le soulignez vous même. D’autant que cette incurie est générale et régulière, et que beaucoup de marseillais savent qu’elle est due à des causes structurelles, en tout premier lieu à la gestion defferriste de ses pléthoriques effectifs. Ici comme bien souvent, la restructuration urbaine (au service de tous autres intérêts, bien plus financiers que citoyens/usagers), tient lieu de dérivatif à la correction des dysfonctionnement chroniques, que les marseillais continueront donc à subir.– Ensuite sur son absence totale de culture de la concertation et de la démocratie participative. Si ça change c’est tant mieux, mais les très anciennes pratiques, non abolies, de déni et de privatisation “rampante” des espaces publics (voir les plages) entrainent bien des doutes forts légitimes chez le marseillais moyen. — En dernier lieu, au vu des modes et des résultats (!) des dernières “rénovations”, et notamment à la république, qui ont tourné à une économie de casino avec les achats et reventes par les fonds de pensions, les” erreurs” multiples des sociétés d’économie mixtes, le cortège de procès concernant ces sociétés, et au final la dévitalisation sociale et même commerciale de ce boulevard, dont on a chassé bien des marseillais… Concernant la plaine, le besoin est évident d’y diminuer l’emprise des bagnoles, comme dans beaucoup de lieux de cette ville où elles sont reines. Le marché semble aussi poser question à nombre d’usagers; je ne vois pas en quoi, outre bien sur les nuisances considérables en terme de déchets tenant pour une bonne part à l’efficacité du nettoiement… Mais je serai plus prudent sur ce point, ignorant ses évolutions récentes. J’ai bien connu ce marché de 90 à 96, période où j’habitais sur ce quartier, et il est vrai que ça commence à faire ‘une peille”, comme disent les marseillais.
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C’est vrai que voir cette place après le marché sans les sacs plastiques qui jonchent le sol et décorent les arbres les jours de mistral serait tellement triste. Cet endroit est dégueulasse et désagréable il est urgent de s’en occuper. Un vrai marché et pas une annexe de la farfouille des maraîchers de la région… du bobo mieux que du cracra.
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Mon précédent commentaire était-il trop long ? Pour quelle raison a-t-il été supprimé ?
Le projet de rénovation de la place Jean Jaurès est une très bonne chose.
Ancien champ de mars, plan Saint-Michel puis place Saint Michel, avant de devenir place Jean-Jaurès en 1919, la dénommée La Plaine par tous les marseillais est un lieu qui s’est toujours transformé au cours de l’histoire.
Les premiers immeubles sont apparus au cours du 18ème siècle et son urbanisation actuelle date du 19ème siècle.
C’était une des places les plus bourgeoises et les plus tranquilles de la ville.
Aujourd’hui c’est une place plus populaire et festive, mais c’est une place qui s’est surtout dégradée, tout comme les quartiers alentours, concernés d’ailleurs par le projet “Grand Centre Ville” ce qui est une très bonne chose. Ce secteur comme beaucoup d’autres à Marseille, a un besoin urgent de rénovation et de mise en valeur. C’est un patrimoine qu’il faut savoir remettre en beauté et respecter, n’en déplaise à ceux qui estiment que la place et le quartier devraient rester dans l’état de “médiocrité” dans lequel il sont aujourd’hui, pour reprendre le terme de Laplaine. Cette place et les quartiers alentours ont un besoin urgent d’être respectés par leurs habitants et leurs visiteurs. Qu’un quartier devienne une vitrine du Street Art est plutôt une bonne chose, et là je veux parler du quartier du cours Julien et des rues adjacentes. Mais que tous les quartiers situés autours de la place et la place elle-même deviennent si mal organisés, si sales, si peu mis en valeur, ça c’est triste.
La rénovation n’empêchera personne ne se promener, d’aller au restaurant dans les rues adjacentes, de s’asseoir à une terrasse de la place, d’aller danser un peu plus loin, de faire son marché le jour, ou d’accompagner ses enfants jouer sur la place, le tout dans un environnement agréable.
A ce propos, voici quelques lignes très jolies écrites par Jean Giono dans son roman Noé et qui font voyager un peu dans le temps :
« C’est une vaste place encadrée de chaque côté par deux allées d’arbres. Au printemps il y a dessus une foire. Du temps de ma jeunesse, il y avait au centre de cette place un bassin dans lequel évoluait un bateau à rames à forme de petit paquebot et pouvant contenir une dizaine d’enfants. Un feignant costumé en matelot faisait faire pour deux sous trois fois le tour du bassin, lentement, avec de longues pauses. Cela s’appelait le tour du monde. Chaque fois que je descendais à Marseille avec mon père, il me payait ça. Je montais dans la barque et j’étais navré de le quitter, car il restait à terre. Il restait à terre et il faisait lentement le tour du bassin en même temps que moi, car il était navré de me quitter. Mais, dès que nous arrivions à Marseille, lui et moi il me disait : Viens, Jean, je vais te payer le tour du monde »
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Le trait d’humour du directeur de l’agence, pour agréable et bien parlant qu’il soit, ne devrait pas trop faire plaisir à M Gaudin, qui lui passa la commande; Certes, la plaine n’est pas un canton suisse. Si c’était le cas, voila qui soumettrait Gaudin à deux contraintes incontournables et proprement intordables : 1 Organiser un referendum sur ce projet. 2 En respecter le résultat !
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Encore un référendum ? LOL
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Cette place doit rester vivante et les services municipaux prendre plus de soin pou la nettoyer après le marché. On n’a pas envie de courir au Prado…
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Je ne suis pas très expert sur le sujet des places, mais ce qui me frappe ici, c’est que les commentaires ou groupes à s’exprimer sur le sujet sont très divers. Chacun ou presque aimerait en faire « sa » place. J’ai bien aimé l’histoire de Giono, un spécialiste de notre lien avec la nature, rapportée par De A à Z, Giono qui nous conte qu’il y avait un bassin au milieu de la place où son père l’emmenait faire le tour du monde en barque. J’adhère aussi à la conclusion de Germanicus33 : « Cette place doit rester vivante et les services municipaux prendre plus de soin pour la nettoyer après le marché ».
Cet endroit est donc un lieu très désiré par une diversité d’amateurs qui aimeraient parfois en faire le lieu unique de leurs représentations. Cette place a la vertu d’être un lieu symbolique aimé et recherché où l’on se retrouve. Pour ma part, j’y aime le soleil qui nous chauffe, une forme d’être là, tout en déplorant le faible nombre de places aux terrasses des cafés. On y fraternise assez facilement, ce qui montre la mixité ouverte du lieu. J’aime aussi la très grande diversité en fruits et légumes du marché. C’est un endroit où l’on trouve des kiwis et des chayottes cultivés à Septèmes. La chayotte est un produit recherché par la clientèle comorienne, ce qui atteste s’il le fallait encore, d’un lieu de mixité et de symbiose.
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Plusieurs commentaires :
– je ne suis pas favorable a dépenser l’argent public en rénovations gigantesques si l’entretien ne suit pas. C’est à dire sans une remise à plat préalable du fonctionnement des tous les services publics locaux (nettoyage, poubelles, réception des travaux, surveillance de l’espace public, sécurité, ….) ;
– tout le centre ville a connu un déclassement en raison de l’évolution des gouts immobiliers et d’un développement de la ségrégation sociale dans l’espace ;
– on ne peut reprocher à la mairie une absence de culture de la concertation et de la démocratie participative. Cette fonction a depuis plus d’un siècle été remplie par les CIQ ;
– dénoncer une privatisation « rampante » des espaces publics en citant les plages est ahurissant. Déjà, les plages privatisées sont peu nombreuses. Ensuite, un des problèmes fondamentaux dans cette ville, c’est la confiscation de l’espace public au profit de la voiture. Et notamment sur la Plaine ;
– parler de dévitalisation commerciale de la rue de la République, c’est encore une fois e pas connaître e sujet. Je ne me félicite pas des passe passes immobiliers entre fonds de pension et de l’échec relatif de la vente des appartements et encore plus des commerces en rez de chaussé. Toutefois, il y a aujourd’hui plus de commerces et plus diversifiés qu’avant la rénovation.
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Il y a une station de métro pas loin, alors pourquoi essayer de se rendre en voiture sur cette place, je souscris à la remarque de Trésorier ? Encore que les commerçants du marché ne doivent pas être à la fête pour garer leur utilitaire ? Mais le soir, les riverains tournent longtemps en rond pour garer leur véhicule, qu’ils utilisent parcimonieusement, de peur de perdre leur place. La population du quartier ne peut guère se permettre les parkings Vinci.
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Cette place qui est certes populaire n’est pour autant pas “confortable”, les équipements publics sont à bout de souffle, les terrasses de café non définies et le marché démesuré et redondant en termes d’offre. La voiture y est omniprésente, c’est sans doute la principale problématique avec il faut bien le dire une insuffisance des services publics de propreté (mais çà c’est la constante marseillaise). Petite anecdote à ce sujet, j’y ai vu il n’y a pas très longtemps, deux cantonniers traverser la place en diagonale à un train de sénateur, une déambulation plutôt, sans ramasser un seul papier ni déchet…Pour revenir à cette place, une minorité anarcho-libertaire tente de s’approprier les lieux vis à vis du projet, associant dans le même mouvement des forains pour qui les règles en matière de marché forain sont inconnues. Les habitants de la Plaine aspirent dan leur majorité a une requalification de cette place pour un cadre de vie amélioré et apaisé. Si rien n’est fait en profondeur, cet endroit continuera à se marginaliser.
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Je souscris à une bonne partie de vos observations. Si La Plaine n’est pas un canton suisse, peu s’en faut, La Plaine est peut-être un couteau suisse de la coexistence pacifique. A l’image de la barque qui du bassin qui existait au milieu de cette place à une autre époque, les enfants pouvaient faire le tour du monde (voir la citation de Giono faite par De A à Z).
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Je vois que là on est tous d’accord…..
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