Comment Martine Vassal et Bruno Gilles tentent d’arracher l’investiture LR

Actualité
le 31 Oct 2019
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Convoqués le 13 novembre à Paris par le nouveau président de Les Républicains Christian Jacob, Martine Vassal et Bruno Gilles jouent leur va-tout pour obtenir l'investiture du parti en vue des municipales. Chacun avec des atouts bien différents.

Comment Martine Vassal et Bruno Gilles tentent d’arracher l’investiture LR
Comment Martine Vassal et Bruno Gilles tentent d’arracher l’investiture LR

Comment Martine Vassal et Bruno Gilles tentent d’arracher l’investiture LR

L'enjeu

Le nouveau patron de LR Christian Jacob va réunir les deux candidats en lice à droite et a passé commande d'un sondage pour mieux les départager.

Le contexte

Bruno Gilles et Martine Vassal poursuivent leurs campagnes chacun de leurs côtés en espérant obtenir l'investiture LR. Tous deux se disent prêts à aller "jusqu'au bout".

“Une élection n’est jamais gagnée d’avance”. Ainsi répond Martine Vassal quand on l’interroge sur l’investiture du parti Les Républicains en vue des municipales. La candidate à la mairie de Marseille est dans l’attente de l’onction nationale au même titre que son concurrent Bruno Gilles. À une différence près : contrairement à ce dernier, la présidente du département et de la métropole n’est pas prête à partager le gâteau. “Pour moi, la mairie et la métropole sont une seule élection. Il n’y a pas de contradiction entre les intérêts de la Ville de Marseille et de la métropole”, avance-t-elle pour balayer la proposition du sénateur d’un partage des rôles qui le verrait prendre la succession de Jean-Claude Gaudin à l’hôtel de ville.

Si tout le monde s’accorde pour dire que l’investiture partisane n’est plus si importante qu’avant, les deux candidats cherchent depuis des semaines à convaincre leur formation de les soutenir. Cette course au tampon LR s’est accélérée depuis l’élection à la tête du parti du chef des députés de la droite, Christian Jacob. Le président par intérim, Jean Léonetti, s’était précédemment interdit de trancher les cas des grandes villes dont Marseille.

Vassal en locale de l’étape

Les esprits sont désormais concentrés sur le mercredi 13 novembre à 15 h 30. Les deux candidats sont attendus dans le bureau de Christian Jacob qui souhaite tenter une conciliation, avant une discussion en commission nationale d’investiture, prévue pour le 19 novembre. Il répond ainsi positivement à une demande du député de la Côte bleue Eric Diard.

“Je n’ai pas pris parti pour Bruno Gilles ou Martine Vassal. Mon objectif, c’est pas de choisir un candidat mais de trouver une solution, explique celui-ci. Mon agacement, il est sur le fait que les équipes ont débordé les candidats. Il y a eu des graffitis, des attaques sur les réseaux sociaux… Il faut dire « halte-là ! » Car on se dit, si en octobre on en est là, en février, on va se tirer dessus !

La réunion se fera “avec les parlementaires du département, Jean-Claude Gaudin et Renaud Muselier”, précise Martine Vassal. La composition de ce rendez-vous a fait l’objet d’une âpre bataille depuis des jours. Quand Martine Vassal militait pour une large assistance, Bruno Gilles a tenté de limiter la réunion aux candidats : “C’est malsain de mêler tout le monde. Vous croyez que Bernard Reynès [député du nord du département, ndlr] a un quelconque impact sur les municipales à Marseille ?” Il ajoute en référence au grand meeting de Martine Vassal le 4 juillet : “On n’est pas obligé de faire un Silo bis.”

Si Bruno Gilles est aussi frileux, c’est que Martine Vassal fait tout pour montrer son impact local. Comme l’a déjà raconté Libération, elle a dans un premier temps essayé de rallier les parlementaires à sa cause. La quasi totalité a signé, dont les deux députés de Marseille Guy Teissier et Valérie Boyer. Le député de la Côte bleue, Éric Diard, en revanche, a tiqué. Jouant à plein sur sa double présidence, elle a fait de même avec les conseillers départementaux et elle aurait enregistré un peu plus de 80 soutiens chez les maires du département.

Dans le camp d’en face, on parle de “forcing” : “il y a une pression de folie mise sur les maires. On leur envoie des mails, on les appelle pour leur dire de signer tout de suite”, regrette-t-on. “Cela montre que sa capacité de rassemblement est supérieure à celle de Bruno Gilles”, rétorque Didier Réault, soutien de la candidate dont il est un des vice-présidents au département. “On est sur une question locale qui ne doit pas s’enfermer dans des questions de politique nationale”, abonde un autre proche.

Gilles fait de la retape au Sénat

Bruno Gilles a une autre stratégie. Persuadé “qu’on ne change pas les règles d’un match à la mi-temps”, il concentre ses rendez-vous sur la petite soixantaine de membres que compte la commission nationale d’investiture (CNI) du parti. “Je leur fais barbe et cheveux du matin au soir. Quand Martine Vassal doit voir Bruno Retailleau, je finis par le savoir. Alors, je le vois avant et après”, confie-t-il, persuadé que son ancrage au sein du parti lui permettrait de remporter un vote interne.

“La force de Bruno Gilles, c’est aussi sa faiblesse”, commente un membre de la commission d’investiture qui dit “bien aimer les deux, Gilles ayant le côté populaire et Vassal plaisant plutôt aux chefs d’entreprise et à la bourgeoisie”. Il poursuit : “Avec son réseau au Sénat, une bonne moitié de la CNI le connaît mais c’est aussi sa faiblesse : si Gérard Larcher et Bruno Retailleau dealent contre lui, il se retrouve à poil. En revanche, il peut avoir sa chance s’il y a une forme de conjonction des sénateurs et de Christian Jacob”.

Avec le nouveau président du parti, ce sont en effet les chiraquiens qui sont revenus à la barre. Le président de la région Renaud Muselier, dont les intentions font toujours l’objet des plus grandes spéculations, a renforcé son appui à Bruno Gilles ces dernières semaines. Et celui qui était “un bébé Chirac” vient d’être nommé “conseiller politique” de Jacob. Le décès de l’ancien président de la République a ressoudé des liens et Bruno Gilles y est allé de son meeting hommage, quitte à en faire des caisses de pommes. Dans son camp, on rejoue même la vieille guerre entre deux partis aujourd’hui fusionnés, l’UDF de Gaudin dont Vassal serait l’héritière et le RPR de Muselier et Gilles qui, glisse-t-on, est “majoritaire à la CNI”.

Gaudin en appui de Vassal

Face à cela, Martine Vassal rencontre aussi les uns et les autres, soulignant son expérience et des études d’opinion favorables. “L’exemple du président de la commission d’investiture Eric Ciotti qui se retire à Nice car il est moins bien placé que Christian Estrosi n’est pas en faveur de monsieur Gilles”, glisse un membre de son équipe. Jean-Claude Gaudin fait aussi jouer ses réseaux pour tenter de faire pencher la décision en faveur de sa protégée. Craignant d’être laissé hors-jeu, il a vu Christian Jacob en ce début de semaine pour rappeler son penchant.

De l’avis général, l’ancien premier vice-président du Sénat, ex président de la commission d’investiture de l’UMP puis de LR reste tout de même influent, notamment auprès des élus de la chambre haute si courtisés par Bruno Gilles. “Il n’est plus vraiment maître ni des horloges ni du scénario”, se rassure-t-on pourtant dans l’entourage de ce dernier. Dans ce contexte, plusieurs sources bien introduites auprès de la direction de LR jugent Martine Vassal “plutôt favorite” mais celle qui n’a jamais été parlementaire reste “inconnue à Paris, témoigne le membre de la commission d’investiture déjà cité. Cela peut paraître un handicap mais cela veut aussi dire qu’elle n’a pas d’ennemi”.

Un sondage payé par LR pour mesurer leurs chances

Pour tenter de mettre tout le monde d’accord, le parti mise, selon nos informations, sur un sondage payé par ses soins. “Je l’ai dit à Claude Bertrand [directeur de cabinet du maire, ndlr], ce qui compte, ce sont les sondages et, dans les deux derniers, Bruno Gilles ne décolle pas”, se rassure un fidèle du maire de Marseille rangé chez Martine Vassal.

Cela sera-t-il suffisant pour faire entendre raison au moins bien placé ? Rien n’est moins sûr. Tous deux assurent vouloir être candidat quoique décide leur parti. “Si Vassal est investie, ce serait une défaite pour Muselier. Si Gilles est investi, ce sera un camouflet pour Gaudin. Alors, je ne vois pas vraiment la solution pour recoller les morceaux. En plus, la situation a duré, chacun a investi un peu d’argent, mis sa tête sur les affiches et l’ego rentre en jeu”, affirme le membre de la commission d’investiture.

“Je sais pas quelle conciliation on peut faire quand les deux disent qu’ils iront jusqu’au bout. C’est compliqué comme mission pour Christian Jacob”, abonde Didier Réault, soutien de Martine Vassal. Cette dernière mise quant à elle sur un dernier argument, souvent utilisé en de pareilles circonstances : “à force de jouer avec le feu, le Rassemblement national peut l’emporter”.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “En plus, la situation a duré, chacun a investi un peu d’argent, mis sa tête sur les affiches et l’ego rentre en jeu »… Dans le cas de Martine Vassal, c’est d’abord le contribuable qui a investi un peu beaucoup d’argent pour, depuis 2016, créer la notoriété de Madame.

    D’ailleurs, si celle-ci est « inconnue à Paris”, pourquoi ne farcit-elle pas d’affiches avec sa photo les stations de métro et les abribus autour du siège du parti LR ? Il n’est pas décemment possible de laisser les membres de la commission d’investiture dans l’ignorance du sourire si spontané de la petite mère des peuples “provençaux”…

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    • leravidemilo leravidemilo

      N’allez donc pas la provoquer plus qu’il n’en faut, Electeur du 8ème. C’est qu’avec son infernale et dispendieuse équipe de com’, elle risque de nous élargir la cible aux parisiens, qu’il n’est pas “décemment possible de laisser dans l’ignorance” que le soleil se lève à Marseille et qu’il a pour nom Vassal! D’autant que la prochaine période s’y prête et que les nombreux boulangers parisiens n’auraient rien contre imprimer ce royal nom sur leurs emballages de galettes des rois, pardon de frangipanes, tel une épiphanie, et contre rétribution. Et comme c’est nous qui payons (!) et que personne ne moufte visiblement… 80 maires du département d’accords pour se faire piller…. Des Noms! Sont déjà en rang et aux garde à vous, plus besoin du général pour ce faire!

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  2. ALAIN B ALAIN B

    Comment on voit comment Mme Vassal a géré la reconstruction du collège de Versailles,
    Le refus de rechercher un autre lieu pour les élèves pendant les travaux, aucune réponse concrète pour savoir si la caserne du Muy était une possibilité si ce n’était pas possible il fallait le justifier
    Alors que ses services affirmaient que les recherches sur l’amiante avaient été fait, s’il n’y avait pas eu la lutte des enseignants et parents le risque d’amiante aurait pu contaminer les enfants, les enseignants, le personnel des écoles ainsi que les habitants du quartier
    Les travaux ont dû être arrêtés d’urgence avant ces vacances et il a été demandé par les services compétents de faire une recherche d’amiante avant la démolition des immeubles
    La meilleure solution aurait été de délocaliser les élèves et de faire correctement ces travaux indispensables
    Alors si Mme Vassal gère la Mairie comme elle a géré les travaux du collège de Versailles alors nous avons du soucis à nous faire
    Le soutien de M. Gaudin est une référence elle continuera comme son prédécesseur dont elle fait parti dans cette municipalité et sa gestion sera certainement dans la même ligne

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  3. Alceste. Alceste.

    La journée de réception des candidats à l’imposture par monsieur Jacob risque de ne pas être triste . Entre la Martine qui va monter sur la table pour lui faire une démonstration de danse du ventre et des 7 voiles et le Bruno qui va lui jouer le Cyrano des Chutes Lavie sur lequel on peut dire, oh! Dieu! bien des choses en somme et en variant le ton, mais sans grand fond.
    Une journée mémorable sans doute pour monsieur Jacob et un souvenir inoubliable de la réception de ces marseillais qui mauvais comiques avant tout se pensent irrésistibles .A l’issue de ces entretiens , le père Jacob va se demander sans doute ce qu’il est venu faire faire dans cette galère face à ces deux candidats qui sont venus ramer de Marseille à Paris pour obtenir sa consécration.
    Compliqué !

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  4. vékiya vékiya

    et à la fin c’est marseille qui perd. on est loin du renouvellement

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  5. pascal pascal

    Ils vont rêver nos deux candidats du LR :
    – un autodictate (il doit avoir le uniquement le bac) qui entre en politique à 19 ans, directeur de campagne à 21 ans, conseiller à 22 ans. Elu depuis 25 ans. Il n’a fait que de la politique…
    – une fille à papa (Elie Gilles), ( toutefois,on est tous le fils de quelqu’un). Ecole de commerce; cheffe de l’entreprise textile qu’elle hérite qui avait un seul client l’armée et coule dès que l’on supprime le contrat avec l’Etat. Reconversion direct en politique un an après (il faut bien s’aider entre amis ). Elue depuis 18 ans. elle est sensée représenter le monde économique…

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    • Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

      Pas soutien de Bruno Gilles, mais en quoi le fait d’être autodidacte et d’avoir “seulement le bac” le disqualifierait ?

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  6. leravidemilo leravidemilo

    L’heure est grave : “Il y a eu des graffitis, des attaques sur les réseaux sociaux. Il faut dire “halte là!”. Car on se dit que si en octobre on en est là, en février, on va se tirer dessus!”. Pourriez vous vous arranger pour que le western se passe dans les quartiers sud, ça nous changerait… et ce Monsieur, député de la côte bleu, en parle bien à son aise!
    Dans un souci d’apaisement, et de sécurité publique, peut on leur suggérer une méthode moins couteuse, à ces Messieurs Dames qui nous parlent que de “sécurité”, genre à pile ou face. Ou alors, on se calme, on prend son temps….D’autant que Jupiter ne maitrise plus l’horloge et affiche lui aussi du retard, y a pas le feu au lac! (Aarf Marseille, terra incognita…). On attend le temps des galettes, on y met la fève, on coupe en deux, on demande à un enfant de se mettre sous la table (y a plein de bébés Chirac dispos pour se prêter au jeu) et hop chacun mange sa moitié et celui qui a la fève on lui met la couronne. On reste en Provence, dans la tradition, et pas besoin des parlementaires et de tout le tralala, juste Jacob et deux témoins…. et Basta!

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    • Alceste. Alceste.

      Autrement dit et nous sommes dans Sud, on va ‘s’ arranger ‘

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    • Titi du 1-3 Titi du 1-3

      A la marseillaise ……

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  7. Dark Vador Dark Vador

    Petit rappel : pendant ce temps, le siège LR de Marseille (juste derrière chez moi)
    était la proie des flammes… Ca n’a pas fait les gros titres des journaux locaux, ni nationaux…

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    • barbapapa barbapapa

      Et petite vengeance entre camarades : le panneau pub/image/propagande de Moraine Yves a été supprimé blacklisté

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  8. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Une chose est certaine Vassal n’ira pas faire l’inventaire de la succession de son suzerain Gaudin!

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