[Comment ça va, Misstifs ?] “Si ça continue, je vais devoir aller contre l’interdiction”

Interview
le 4 Nov 2020
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Durant le premier confinement, Marsactu avait suivi les "premiers de corvée" qui continuaient à travailler. Pour cette saison 2, nous nous intéressons chaque jour à celles et ceux que la crise économique frappe avant la crise sanitaire. Aujourd'hui Solange Trapé, qui tient un salon de coiffure sur le boulevard Chave.

Image salon de coiffure Misstifs (DR).
Image salon de coiffure Misstifs (DR).

Image salon de coiffure Misstifs (DR).

Son salon est situé au 64, boulevard Chave (5e). Vendredi dernier, Solange Trapé n’a pas eu d’autre choix que de baisser le rideau pour une durée indéterminée. La deuxième fois en moins de neuf mois. Considérés comme commerces “non essentiels”, tous les salons de coiffure de France se retrouvent dans la même situation : sans travail et sans savoir jusqu’à quand. Quant à la coiffure à domicile, elle est également interdite. Après être sortie indemne du premier confinement grâce à la petite taille de son salon – elle ne paye qu’un salaire, le sien – Solange Trapé est désormais dans l’incertitude totale.

Comment ça va, Solange Trapé ?

C’est compliqué, forcément. Ce n’est pas la première fois et cette fois-ci, c’est n’importe quoi. Je trouve cela injuste et je suis en colère. Certaines corporations continuent de travailler alors que l’on nous oblige à arrêter. Pourtant, nous pouvons faire attention, au niveau sanitaire nous avions mis en place plein de choses. Nous avons moins de manipulations que d’autres commerces. Nous pouvons prendre des rendez-vous. Les clients ne touchent rien si ce n’est le fauteuil et le carré où on les coiffe, qui sont désinfectés à chaque passage. J’avais même mis en place une boîte pour le paiement avec du gel s’il y avait un échange de monnaie.

Avez-vous des solutions, des alternatives pour continuer d’exercer et maintenir le lien avec les clients ?

Il n’y a pas de solution. Même la coiffure à domicile est interdite. Pourtant, sur les réseaux sociaux, je vois beaucoup de coiffeurs qui continuent de le faire. Des clients me l’on demandé, je leur ai dit d’attendre pour l’instant. Ils le comprennent, j’ai eu des messages de soutien qui font chaud au cœur. D’autres sont dépités. Pour ceux qui ont un certain âge, c’est leur seul moment de détente, de bien-être, ça leur permet de sortir, de faire une activité, de rester en forme. Et puis, il y a ceux qui venaient parce qu’ils avaient des problèmes physiques et ne pouvaient pas se laver la tête…

Financièrement, comment pouvez-vous vous en sortir ?

Je me suis tournée vers mon comptable, pour le moment il n’a reçu aucune information. Je ne me paie pas de salaire mais je pense qu’ils vont mettre en place la même chose que lors du premier confinement. C’est-à-dire nous payer un salaire et nous aider pour les charges et l’Urssaf. Cela m’avait permis de me refaire une trésorerie, de respirer un peu, en tout cas à mon échelle. Pour les grands salons, c’était une goutte dans la mer.

Sincèrement, j’espère que cela ne va pas durer. Je me dis ça pour ne pas me démoraliser. J’attends de voir comment ça évolue et ce qui va être mis en place. Mais si rien n’est fait, je vais être obligée d’aller contre ce qu’ils disent, d’aller contre l’interdiction. Je vais devoir aller à domicile, je n’aurai pas le choix. Ce n’est pas ma façon d’être mais il faut faire rentrer de l’argent. J’ai une famille, des frais… Cela me paraîtrait illogique qu’il n’y ait pas d’aide et je préfèrerais éviter d’aller contre la loi comme certains le font en ce moment.

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Commentaires

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  1. jean-marie MEMIN jean-marie MEMIN

    Désobéissance civile; une fois passé les définitions, un détail à la fin de l’article de Wikipédia… ”Le droit à la désobéissance civile serait alors l’équivalent par en bas (c’est-à-dire pour le citoyen) de ce qu’est l’état d’exception par en haut (c’est-à-dire pour le président de la République)”
    Cet artisan peut contacter un avocat spécialisé pour commencer à travailler différemment.

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  2. Malaguena/Jeannine Malaguena/Jeannine

    J’ai beaucoup de peine pour Solange, je suis une de ses clientes. Elle est hyper professionnelle. Elle n’a pas augmenté ses prix après la fin du confinement alors que d’autres l’on fait.

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    • Malaguena/Jeannine Malaguena/Jeannine

      j’ai omis de rajouter :
      En plus aucun risque elle prend un client après l’autre”

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  3. corsaire vert corsaire vert

    Les salons de coiffure ont été les plus sérieux en matière d’hygiène et de précautions contre la propagation du virus , alors pourquoi les sanctionner ?
    Les petits commerces et artisans respectent les normes et il n’en est pas de même pour les grandes surfaces autorisées à ouvrir avec un nombre incontrôlé de clients( contrairement au premier confinement ) qui se bousculent ,se frôlent dans les travées , tripotent et tâtent les légumes sans les prendre etc….et en plus mettent le masque sous le menton passé le “vigile” de l’entrée !!! et j’en fais l’expérience chaque fois que je me rends au Auchan de mon quartier , au point que ce laxisme est écœurant et dangereux .
    Que peut un petit commerçant respectueux des règles contre les grandes enseignes à qui tout est permis même le droit de favoriser la contamination ?
    C’est tout simplement scandaleux !!! le Covid se marre, pullule, et nos dirigeants corrompus et incapables prennent des airs de paons pour imposer des règles idiotes… qui les servent avant tout .
    Ils paieront …

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