Collecte des déchets : pour la chambre régionale des comptes, la métropole n’a rien arrangé
Un rapport de la chambre régionale des comptes revient sur la gestion des déchets par la métropole depuis sa création. Une étude qui constate surtout son inaction.
Une rue du centre de Marseille durant la grève des poubelles de septembre 2021. (Photo JML)
Le document devrait renforcer les éternels opposants à la métropole. Pour la chambre régionale des comptes, l’institution, née le 1er janvier 2016, n’a rien arrangé à la gestion des déchets, bien au contraire. C’est le sens d’un rapport qui sera rendu public le 7 octobre à l’issue du conseil métropolitain. “L’organisation de la collecte des déchets n’a fait l’objet d’aucune évolution majeure depuis la création de la métropole. Elle serait à repenser dans une logique métropolitaine d’optimisation des coûts et des performances”, pensent les magistrats financiers.
Ils notent même la dilution des responsabilités que la récente crise sociale a illustrée. Elle s’instille entre la métropole, responsable juridiquement, et les territoires, vestiges des ex-intercommunalités où reste géré l’essentiel de l’opérationnel. Ainsi, la CRC liste non sans malice les instances dédiées à cette thématique : “le groupe de travail déchets de la conférence des maires”, “la conférence des vice-présidents déchets présidé par le conseiller métropolitain délégué à la propreté”, “le comité de pilotage déchets” auxquels s’ajoute “deux groupes de travail de techniciens”.
La réforme en cours comme première décision
À l’arrivée, ils plaident pour “une stricte répartition des rôles et des services” et voient dans ce secteur de compétences un symbole d’une absence plus générale de pilotage “du fait d’une vision stratégique non partagée”. L’accord avec Force ouvrière et la FSU pour mettre fin à la grève trouvé vendredi 1er octobre correspondrait, à en croire le rapport, à la première vraie décision métropolitaine en matière de déchets.
Pour la première fois, les conditions d’emploi d’un éboueur martégal obéiront du moins en partie aux mêmes règles que celles de son collègue marseillais. Contrainte cette année à évoluer par la loi, la métropole n’aurait précédemment eu quasiment aucune intervention dans le domaine même si la crise sanitaire a, assure-t-elle à la chambre, freiné ses velléités de réforme. “Les périmètres de collecte et de traitement” ou encore “l’organisation des tournées” n’avaient pour l’heure jamais évolué sous l’influence de la nouvelle institution.
Des heures sup’ dans tous les sens
Le rapport de la CRC, entre les mains de la métropole depuis plusieurs mois, peut être lu comme un coup de pied aux fesses de la métropole. Elle recommande la suppression des heures supplémentaires automatiques chaque mois qui, explique-t-elle ne “répondent en rien à un caractère exceptionnel puisqu’elles sont pérennisées dans le temps”. Elle note qui plus est que, malgré un temps de travail aménagé, 4400 heures supplémentaires ont été réglées en 2019 sans base légale.
Le passage sous la responsabilité de la métropole aurait eu tendance à aggraver les tendances avec une augmentation de 41 % des heures supplémentaires, attribuées via les territoires. Même inflation constatée sur les salaires avec une hausse de 12 % due à une harmonisation par le haut des conditions salariales portant à une moyenne de 3565 euros le coût mensuel d’un poste pour la collectivité. Une prime au mieux disant social qui aurait théoriquement dû être compensée par les économies d’échelle d’une institution fusionnée, que tout le monde admet désormais comme mal-née. Le résultat final n’est pas neutre : le coût par tonne du service est supérieur d’un quart à la moyenne nationale. Quant au coût par habitant, il atteint près du double. Mais là, c’est plus la quantité élevée produite par chacun qui est à blâmer.
Commentaires
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C’est effectivement à coups de pieds aux fesses qu’il faudrait régler le problème. La Métropole ayant pris le sien, ce sont des dizaines de c…s qu’il faudrait botter vigoureusement à tous les coins de rue de cette ville.
En particulier ceux qui ont profité de quelques jours d’amoncellement pour sortir toute leur décharge publique. Bientôt 30 ans que je suis marseillais et çaa me met toujours hors de moi.
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Affligeant et scandaleux. La Métropole va devoir rendre des comptes. 12% de hausse de salaires pour les collecteurs de déchets (en combien de temps ?), des heures supplémentaires instituées qui, si je comprends bien, ne sont pas vraiment effectuées ou sont sans “base légale”. Et les contribuables et autres habitants qui trinquent.
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Et bien sûr, je dénonce également le manque de civisme des ceux qui jettent leurs déchets n’importe comment.
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30 ans que la Ville puis la Métropole (qui a récupéré la compétence) achète la paie et de menus services (colleurs d’affiches, etc.) contre une absence totale de contrôle de la réalité du service public exécuté. Pas étonnant qu’on soit dans un tel merdier. Il suffira de voter contre tous ces gens la prochaine f… ah zut tout le monde a voté pour eux en 2020 (à l’échelle métropolitaine s’entend, car il n’y a pas que Marseille là-dedans).
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Ce qui est le plus terrible dans cette grève des éboueurs n’est pas tant le conflit social que ce qu’il montre de notre ville et des ses habitants. Je ne connais en effet pas de mot assez fort pour parler du contraire de la civilité qui a sévi ces derniers jours. Incivil est bien trop faible pour caractériser le comportement des marseillais pendant cette grève : jet de tout partout, sans sacs plastiques fermés bien souvent. Depuis des cagettes de découpes de déchets de boucherie, des cartons de pommes pourries, aux cartons de livraison jamais cassés, histoire de d’occuper un maximum de place ; des vides-greniers sauvages improvisés aux trottoirs complètement obstrués empêchant le passage des piétons, des matelas, des porte-fenêtres en aluminium jetés sur les pyramides déchets… Sans oublier, à notre époque où l’écologie, la sobriété, le recyclage se doivent de devenir la préoccupation de chacun, de l’immense gâchis que l’on peut constater de tout ce qui se trouve être parfaitement récupérable dans ces amoncellements, directement utilisable bien souvent. Comment ne pas devenir misanthrope devant une telle faillite citoyenne et morale, une régression vers une angoissante dès-humanité qui se vautre dans une telle abjection ?
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Effectivement. Il est facile de critiquer la gestion des déchets par les pouvoirs publics, d’autant plus facile qu’ils ne semblent pas à la hauteur de la tâche dans le cadre d’une métropole hypertrophiée et mal ficelée, et dont le cadre a été imposé par le gouvernement.
Mais avant cela, il importe de se poser la question du comportement des citoyens (ce mot de citoyens est il encore adapté ?) qui se permettent de jeter n’importe quoi n’importe où en temps normal et qui ont manifesté encore moins de retenue pendant la grève.
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J’aurais pu écrire le commentaire d’Oreo. Nous avons certainement des problèmes de mauvais fonctionnement des collectivités ici, avec trop de copinage et pas assez de compétences, trop de laisser-faire et pas assez de gestion, trop de gaspillage d’argent public et pas assez de respect du contribuable.
Mais nous avons aussi, du côté des habitants de Marseille, un je-m’en-foutisme angoissant, et pas seulement dans les quartiers pauvres si souvent pointés du doigt. J’habite dans les “beaux quartiers”, et je ne peux que constater que même une population d’un niveau socio-culturel convenable estime que la réduction du volume de déchets à la source et le tri de ceux-ci sont des démarches sans aucun intérêt.
Porter des bouteilles en verre à la borne est un effort insupportable : il faut marcher 50 m. Séparer les bouteilles en plastique et les emballages en métal ou en carton des autres déchets relève de la conquête de l’Everest. Apporter les encombrants à la déchetterie ou simplement prendre rendez-vous pour leur enlèvement est une perte de temps puisqu’on peut créer une décharge devant chez soi. Quant à plier des cartons de déménagement, pourquoi donc si on peut les déposer en vrac aux bons soins du mistral, qui les transportera ailleurs ?
Une partie de ces déchets abandonnés n’importe où finira à la mer, l’actualité du jour le montre.
Cela fait vingt ans que la collecte sélective existe à Marseille. Mais tout le monde n’est visiblement pas au courant. Nous payons une TEOM parmi les plus élevées de France, pour un service médiocre et coûteux, certes, mais aussi parce que le je-m’en-foutisme ambiant a un coût.
Il est grand temps que les collectivités prennent le taureau par les cornes : il faut réexpliquer les enjeux du tri et de la réduction du volume des déchets, il faut réformer le calcul de la TEOM pour motiver ceux qui font des efforts et pénaliser ceux qui s’en foutent, il faut contrôler les commerçants et restaurateurs pour s’assurer qu’ils ont leurs propres poubelles et qu’ils paient la redevance qu’ils doivent.
Et si la pédagogie et l’explication ne suffisent pas, il faut réprimer.
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Bien résumé
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Mais le nombre de déchetteries assez ridicule- la comparaison avec les autres villes est édifiantes – est aussi une raison de ce laisser-aller.
Il en faudrait le triple et ouvertes le dimanche comme ailleurs.
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Il y a trop longtemps que cet incivisme qui tend à l’écocide, dure et et perdure. Il faut impérativement sévir et verbaliser les contrevenants. Les éboueurs savent très bien qui ils sont et font régulièrement « remonter » ces infos sans succès. En outre, dixit certains d’entre eux, paraîtrait que la brigade de la propreté, service de la Métropole, aurait été dissoute… A qui le crime profite-t-il ?
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Commentaire pertinent, comme celui d’Oreo.
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Idem: mot pour mot mon avis et mes observations.
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Encore une des « spécificités »de Marseille comme disait Gaudin.. Cette métropole, c’est une usine à gaz comme le sont plus généralement les collectivités territoriales issues de la décentralisation,. Une idée de Maurras, le royaliste antisémite, Mitterrand, qui avait fréquenté l’action française au cours de sa jeunesse, la mise en œuvre. Gaston Defferre la mise en musique. Il y a bientôt 40 ans que cette réforme a montré les limites de son efficacité et de son utilité. Le personnel des collectivités territoriales a été multiplié par quatre passants d’environ 500 000 agents à près de 2 millions. Tant mieux pour eux, toutefois cela n’a été possible que parce que le budget de l’État à « abondé » les budgets communaux Or ces ressources ont manqué pour renforcer les effectifs du système de santé publique, de l’éducation nationale, de la justice, des forces de sécurité. N’est-il pas paradoxal que d’un côté on ait placé sous l’autorité du ministre de l’intérieur la gendarmerie et la police nationale, et que d’autre part on ait multiplié les effectifs des polices municipales placées sous la coupe des maires ?
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Encore une ineptie , comme dirait Laurencin , mais il faut quand même corriger quelques approximations sur la décentralisation.
-loi du 14 décembre 1789 , la Révolution est passée par là , statut de la Commune.
-22 décembre 1789 , les communes sont crées.
– loi du 17 février 1800 réorganisation de l’admistration avec maintien des départements (Napoléon)
-Monarchie de Juillet.Loi du 21 mars 1831 (organisation communale), loi du 22 juin 1833 (organisation départementale) avec les premières éléctions.
-1870 , IIIe République , organisation des départements tels que nous les connaissons aujourd’hui.
-1972 , de Gaulle donne le statut de colléctivités territoriales aux régions. La suite nous la connaissons.
Alors la décentralisation antisémite, maurassienne, vichyste , faut arréter le délire.
Lisez les lois lois des 14 et 22 décembre 1789, la Révolution française crée la relation entre les communes et les départements.
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Donc si je résume, les agents font grève parce que 35h c’est trop pour la santé … mais en ils négocient la possibilité d’épargner des congés et de se les faire payer, et la cour des comptes pointe un nombre exorbitant d’heures sup automatique ?
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Ce qui est choquant c’est que les récentes négociations avec FO vont avoir pour conséquence la poursuite du “fini parti” (car aucun dispositif de contrôle entériné et pas de mise en oeuvre d’une badgeuse ou similaire) ET le paiement d’heures supp’ en pagaille ET des congés supplémentaires.
On comprend bien du coup la tête que fait Patrick Rué (le Roi Bordille) sur l’article de Marsactu à sa sortie de la négo, et celle du regrettable Mouren : FO a à nouveau bai*é tout le monde, et nous, citoyens, n’avons plus qu’à l’accepter. Honte !
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Nos élu(e)s, visiblement aiment ça et Rué est un expert, l’habitude sans doute,mais ce qui me désole c’est la non réaction des zėlus écologistes et pas qu’eux, face à la catastrophe écologique de toutes ces bordilles qui sont passées à la mer.
Pas un pour rattraper les autres.
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