Les sirènes de l’économie métropolitaine

Chronique
le 21 Jan 2017
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La Timone, vaisseau amiral de l
La Timone, vaisseau amiral de l'AP-HM. Photo : Esther Griffe.

La Timone, vaisseau amiral de l'AP-HM. Photo : Esther Griffe.

Chaque mois, Joël Gombin mouline des données et les habille d’une représentation graphique. Ce week-end, il épluche les chiffres de la base Sirene sur les entreprises. Qui est le premier employeur de la métropole ? Faites vos paris.

La Timone, vaisseau amiral de l’AP-HM. Photo : Esther Griffe.

Le 1er janvier (enfin, quelques jours plus tard, mais ne chipotons pas), l’INSEE a publié la base Sirene. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour ceux qui aiment les data, ça veut dire beaucoup. Outre les jeux de mots innombrables qu’elle permet (je présente mes excuses formelles au peuple des lecteurs de Marsactu pour la faiblesse de celui qui sert de titre à cette chronique), la base de données Sirene est intéressante, et son ouverture réclamée de longue date, car elle porte sur l’ensemble des entreprises françaises. Mieux même, elle identifie chaque établissement (c’est-à-dire, théoriquement, chaque lieu dans lequel est exercée une activité). On compte pas moins de dix millions d’établissements en France. Avec la base Sirene, c’est ainsi le tissu économique du pays qu’on peut décrire et analyser. Bien sûr, l’ouverture de ces données ouvre également la voie à de nombreux nouveaux services. À titre d’exemple, il va être aisé de faire en sorte que chaque entreprise française soit désormais répertoriée sur Wikipedia, automatiquement. Mais je sais, cher lecteur, que vous n’êtes pas venu jusqu’ici pour subir une leçon sur les bienfaits de l’open data (oui, je vous vouvoie, ô lecteur, mettons ça ainsi que mes goûts musicaux sur le compte d’un vieillissement mental accéléré). Alors allons-y et voyons ce que ces données peuvent nous apprendre sur notre beau territoire métropolitain (caractérisé par “l’audace par nature”, paraît-il).

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La métropole Aix-Marseille-Provence compte, au 1er janvier 2017, 325 002 établissements, appartenant à 303 870 entreprises. Évidemment, la grande majorité des entreprises ne comptent qu’un établissement, leur siège social, et ne comptent pas de salariés (c’est le cas de 73,7 % des établissements – la plupart sont en réalité des auto-entrepreneurs, mais on y trouve également beaucoup de SCI et d’associations) ou en comptent un ou deux (9,7 % des établissements). À l’inverse, on trouve quelques mastodontes, comme le montre le tableau ci-dessous.

Précisons d’emblée que si nous avons choisi la métropole comme territoire de référence, ce n’est pas un oubli de notre part si la nouvelle institution ne figure pas en tant qu’employeur. Sirene n’isole pas Aix-Marseille-Provence comme une seule entité mais détaille ses établissements (conseils de territoire et syndicats mixtes notamment). Plus précisément, pour la Métropole, elle est renseignée comme une “entreprise” (c’est-à-dire, du point de vue du SIRENE, une unité économique juridiquement autonome, une personne morale) comportant douze établissements. En revanche, pour chacun d’eux, le nombre d’employés apparaît comme une donnée non renseignée.

Nom Effectif
APHM (Hôpitaux de Marseille) 18300
Ville de Marseille 13700
Airbus Helicopters 9400
Aix-Marseille Université 8000
Département des Bouches-du-Rhône 7600
Région PACA 6100
La Poste 6000
Direction départementale de la sécurité publique 4100
RTM 3500
Hôpital d’Aix-en-Provence 3100
Ville d’Aix-en-Provence 3000
Carrefour 2800
ArcelorMittal 2700
STMicroElectronics 2600
ONET Services 2500
EDF 2500
CEA 2500
SNCF Mobilités 2400
Hôpital Saint-Joseph 2300
Ville de Martigues 2100

 

Airbus Helicopters, premier employeur privé

Les plus gros établissements de la métropole sont majoritairement publics : les hôpitaux de l’APHM (plus de 18 300 salariés), la Ville de Marseille (autour de 13 700 agents), le Conseil départemental (7 600 agents), le Conseil régional (plus de 6100 agents) ou encore la RTM (3 500 agents). Notons que l’État n’est pas absent de ce palmarès, au travers des plus de 4 100 agents de la Direction départementale de la sécurité publique (en clair, des policiers). On trouve également les employeurs publics aixois : 3 100 agents à l’hôpital d’Aix, 3 000 à la Ville d’Aix (ce qui représente, au passage, plutôt plus d’agents par habitant qu’à Marseille, qu’on décrit toujours comme sur-administrée !). La Ville de Martigues, longtemps riche de son abondante taxe professionnelle et attachée à un communisme municipal généreux en services publics, affiche plus de 2 100 agents.

Mais on trouve également sur le territoire de la métropole de gros employeurs privés : Airbus Helicopters (ex Eurocopter) se classe ainsi au premier rang de ces employeurs privés, avec plus de 9 400 salariés. La Poste compte plus de 6 000 salariés dans la métropole. Carrefour, à travers ses différentes enseignes, compte plus de 2 800 salariés dans la métropole. On trouve ensuite l’usine ArcelorMittal de Fos-sur-Mer, qui compte plus de 2700 salariés malgré un avenir en demi-teinte, ou encore STMicroElectronics et ses 2600 salariés. Moins attendu peut-être, mais qui illustre le poids important et croissant des services aux entreprises dans l’économie métropolitaine : ONET Services, l’entreprise de nettoyage et de sécurité, compte plus de 2 500 salariés dans la métropole. Soit autant qu’EDF ou le CEA, et davantage que la SNCF (plus de 2 400 salariés). L’hôpital marseillais Saint-Joseph (qui est une association de droit privé) ferme la marche avec plus de 2 300 salariés, et renforce ainsi le poids du secteur hospitalier dans l’économie de la métropole.

Même si l’INSEE pointe que notre métropole est plutôt en retard du point de vue des “fonctions métropolitaines supérieures”, l’enseignement supérieur et la recherche constituent des employeurs importants dans la métropole. Aix-Marseille Université compte plus de 8 000 agents (les enseignants-chercheurs comptent pour environ la moitié de ces effectifs), ce qui en fait le quatrième employeur de la métropole. Le CEA aligne pas moins de 2 500 salariés à Cadarache. Le CNRS est également un employeur important, mais la base SIRENE ne permet pas de savoir combien exactement de chercheurs sont employés dans la métropole (les 2 400 employés du CNRS dans la région Provence-Corse sont statistiquement rattachés au siège régional).

584 établissements pour la ville de Marseille

Qui a le meilleur maillage territorial dans la métropole ? On peut essayer de l’approcher en regardant le nombre d’établissements dont dispose chaque entreprise ou entité dans la métropole. La ville de Marseille est championne toutes catégories, avec pas moins de 584 établissements enregistrés (dont 444 écoles) ! On trouve également sur le podium La Poste (228 établissements – pas seulement des bureaux de poste, donc, mais aussi des centres de tri, des bureaux, etc.) et la Caisse d’épargne (156 établissements). Le Conseil général compte lui pas moins de 145 établissements (quand on vous dit que c’est une collectivité de proximité ! Il faut bien sûr compter les collèges dans ce nombre), le groupe Casino Distribution 136 établissements (Casino, Monoprix, Franprix…) et le Crédit agricole 122.

Finissons cette petite exploration d’un jeu de données (qui, il faut le signaler, n’est pas toujours de très bonne qualité – espérons que son ouverture permettra de l’améliorer) en cartographiant la distribution des établissements de la métropole qui comptent au moins un salarié – en gros, les endroits où on travaille dans notre métropole. Vue de loin, cette carte permet d’identifier les grands centres d’installation des entreprises dans la métropole ; vue de près, elle permet d’identifier les quartiers, les rues où sont installés de nombreux établissements. Les couleurs des pixels correspondent au nombre d’emplois total des établissements situés dans chaque pixel.

Coulisses. Comme d’habitude, le code et les données nécessaires pour répliquer cette chronique sont disponibles sur github. La base SIRET étant alimentée par des déclarations obligatoires, on peut raisonnablement penser qu’elle est exhaustive. En revanche, il n’y a pas d’obligation de signaler la disparition d’un établissement ; par conséquent, on y trouve des établissements qui ont en réalité disparu. De plus, la qualité des données est parfois soumise à caution. Par exemple, certaines entreprises localisent tous leurs salariés à leur siège social, soit en ne déclarant aucun salarié dans les autres établissements (c’est le cas du CNRS par exemple), soit en déclarant une seconde fois les salariés dans les autres établissements (c’est le cas de la Ville de Marseille), risquant ainsi si on n’y prend garde de provoquer un double compte.

Commentaires

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  1. Helene Goldet Helene Goldet

    MERCI

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  2. Brigitte13 Brigitte13

    Très intéressant. Merci

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