[Mon bungalow sur la Côte Bleue] Les propriétaires des campings

Chronique
le 15 Août 2020
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Deux gérantes de camping à La Couronne se confient à notre chroniqueur estivant à propos de l'histoire des lieux et de leur appréciation de cette saison touristique 2020 si particulière.

[Mon bungalow sur la Côte Bleue] Les propriétaires des campings
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[Mon bungalow sur la Côte Bleue] Les propriétaires des campings

La série

En juillet, Michel Samson a passé une semaine au camping Pascalounet, juste avant l'incendie qui a ravagé les alentours. Objectif : prendre le pouls post-confinement de cette saison touristique.

Contrairement aux vacanciers qui ne se connaissent pas – encore que – les dirigeantes des campings de La Couronne, elles, se connaissent. Toutes ! D’autant qu’elles sont filles ou petites-filles des créateurs de ces entreprises qui font la renommée de ces installations, bien transformées depuis leur création.

Frédérique Cavalier est l’animatrice du Marius, ce “camping du bien-être” créé en 1963 par le grand-père de son mari. Marius était navigateur à Marseille alors que sa femme Paulette était pizzaiola. Voulant sortir de Marseille de temps en temps, ils achètent un petit terrain dans ce qui était un champ de luzernes et viennent s’y reposer avec leur tente. Marius et Paulette ont deux enfants qui passent leurs vacances ici. D’autres Marseillais aiment l’endroit et édifient des sortes de cabanons autour des plages si accueillantes. Le couple rachète morceau par morceau les petits terrains alentour. Et des sortes de cabanons s’édifient sur ces terrains presque déserts. Le lieu gagne en réputation et le Marius devient de la sorte un camping trois étoiles animé par les descendants des premiers campeurs du coin.

“Le camping est le mode de vie de demain”

Désormais, les noms des avenues du Marius rappellent toujours la littérature provençale et Pagnol. Pour arriver à ce qu’il est aujourd’hui, le lieu est passé par de sacrés changements. Les cabanons improvisés ont peu à peu disparu au profit de tentes et de chalets modernes, installés “avec toujours le respect des arbres”, affirme Frédérique Cavalier qui revendique une fibre écolo. Elle est persuadée que “le camping est le mode de vie de demain et sera compétitif plus tard.” Elle veut pour preuve de son attention la réduction du nombre d’emplacements. Le Marius est passé de 140 à 100 emplacements. Parce qu’il faut toujours “aller vers du qualitatif”, tranche la propriétaire.

“Je ne vous dirai pas de noms mais il y a des gens connus qui viennent justement parce qu’on ne les reconnaît pas.”

Frédérique Cavalier, gérante du camping Marius

Pour faire tourner l’entreprise familiale, ouverte d’avril à octobre, six personnes en CDI y travaillent. En plus, Frédérique Cavalier embauche 12 à 15 saisonniers. Parce qu’outre gérer les réservations et les contrôles de toutes sortes, il faut entretenir les lieux, réparer les petites dégradations, préparer la saison à venir. Afin de maintenir la qualité de l’accueil, les atouts maître sont le resto et l’épicerie qui offre des produits bio. “C’est le cœur de notre camping. Les gens viennent se fondre ici, ils aiment les choses simples et c’est là qu’ils se retrouvent, qu’ils sont bien”, déclare la gestionnaire.

D’ailleurs, au Marius, on peut se tromper sur la fortune des vacanciers. Frédérique Cavalier l’exprime avec un certain mystère : “Vous voyez ce monsieur torse nu ou cette dame avec sa robe de plage ? Hé bien vous n’avez aucune idée de leurs revenus. Je ne vous dirai pas de noms mais il y a des gens connus qui viennent justement parce qu’on ne les reconnaît pas.”

Elle pense que cette saison post-confinement sera “compliquée”. Le camping n’a pu ouvrir que le 26 juin. La fréquentation de juillet a été faible. Août démaree bien, mais rien n’est sûr à propos des “70 % des Français qui viennent souvent des alentours de Lyon, de Corse ou de Bretagne.” Mais surtout à propos des étrangers, souvent Allemands, Belges ou Italiens, qui représentent l’autre part des vacanciers.

Ces étrangers rayonnent souvent sur la région, pour aller visiter les Baux, Cassis ou Aix. Et depuis quelques temps Marseille. “Ils vont au Mucem, par exemple. C’est idiot de penser que les campeurs ne s’intéressent à rien, c’est complètement à côté de la plaque.” Frédérique Cavalier s’agace volontiers à ce propos : “Ici ils adorent les massages dans l’espace bien-être, les spectacles – deux par semaine, ils vont aux musées. Ils ne sont pas plus cons que les autres…”

“Même si on est concurrents, on s’entend bien”

“Un camping c’est une grande maison à nettoyer tous les jours.”

Roselyne Olmier, gérante du camping du Mas

Roselyne Olmier accueille au camping du Mas, quatre étoiles, 1200 personnes sur 300 emplacements entre le 20 mars et le 30 octobre, quand l’année est normale. Elle aussi pense que 2020 sera difficile. Confinement ou pas, il faut bien payer les 8 CDI et les 20 CDD qui font tourner la société. Créée en 1950, le fonds de commerce a été racheté par les parents en 1978 pour en faire une SARL en nom propre. Peu à peu, et comme les autres propriétaires de campings de la ville, ils ont transformé l’activité et surtout embelli le cadre. “On est loin des baraquements d’avant”, sourit Roselyne Olmier. Elle garde un œil bienveillant sur ses voisins : “On se connaît tous, et même si on est concurrents, on s’entend bien.”

Désormais c’est le tourisme de passage qui fonde l’activité au Mas et celle-ci a été accrue. D’abord en démarchant dans les salons de tourisme en France ou aux Pays-Bas par exemple : “Les étrangers adorent les marchés !”. Avec Internet ensuite. Pour l’équipe dirigeante, qui attribue les emplacements, chaque détail compte. “Si une famille réserve avec un bébé, il ne faut pas qu’elle soit installée au bord de la route”, dit par exemple Roselyne Olmier. Comme chez les voisins, les employés doivent être bilingues ou trilingues, et les activités, incessantes et rigoureusement organisées.

On n’y pense pas souvent, mais gérer un camping, c’est peut-être ce que souligne Roselyne Olmier : “une grande maison à nettoyer tous les jours”. Mais c’est aussi, et peut-être surtout, gérer une entreprise, du personnel, un terrain, du matériel, des arbres, des emplacements. Afin qu’on puisse y séjourner, justement en ne s’occupant de rien…

Les précédents épisodes de cette série sont à retrouver ici.

Commentaires

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  1. Marie et Christophe Marie et Christophe

    Hello !
    Petite fote
    Deux gérantes de camping à La Couronne se confie à…
    Merci et bonne fin d’été.

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    • Jean-Marie Leforestier Jean-Marie Leforestier

      Oups ! C’est corrigé, merci.

      Signaler

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