[Mer intérieure] Pêches vaines

Des pêcheurs sur le pourtour de l'étang. ( Photo : Véronique Esterni )

Cher journal,

Quel est le mot pour dire la photo refaite à l’infini ? Cette photo parfaitement inutile, déjà prise 1000 et 1000 fois, mais qui dans un réflexe irrépressible se déclenche à nouveau. Et sans aucune lassitude, voire même avec satisfaction. Les miennes sont plusieurs : le Vieux-Port vu de la sortie du métro, mon chat qui dort et le pêcheur amateur où qu’il soit. Le mot pour dire tout cela, n’existe pas.

Autre avantage de la photo de pêcheur : la discussion. Toujours prompt à faire deux choses à la fois, le pêcheur aime aussi parler, voire philosopher. Ça philosophe souvent sur la météo, outil inégalé pour faire lien entre humains. On convient ensemble que pêche et photographie ont de nombreux points communs. Sans forcément se les détailler mutuellement. Nul besoin de mots pour se dire ce qu’on vient chercher ici. Chacun sait, que l’autre sait.

Je retiens aussi de nos échanges qu’en pêche, le résultat ne compte pas. Ou si peu. On vient pour être tranquille. Même si l’indice daurade est faible. Même si les vers sont devenus chers. Même si la petite radio posée sur la glacière grésille beaucoup trop. Même si de nombreux silences participent à notre conversation.

Pour palier l’inflation des vers, certains ont leur spot pour en ramasser sur la plage. Mais comme pour les coins à champignons : là, je n’en saurai rien.

Le résultat compte peu donc. Et j’aime tellement ça. L’important est d’être là.