Chronique photo | Marseille à 360 degrés
Des espaces maritimes mais aussi urbains de la rade de Marseille sont concernés par une candidature au patrimoine mondial de l'Unesco.
Jérôme Cabanel est un photographe casqué. Depuis plus d’une décennie, il balade ses objectifs au milieu des fers et du béton des grands chantiers marseillais. Parfois pour le compte des grands groupes de BTP, d’autres pour son travail personnel au plus près des hommes et femmes qui façonnent la ville. Après Les bâtisseurs (éditions Intervalles), un premier livre dédié aux travailleurs du bâtiment, il fait paraître ce vendredi un ouvrage vertigineux, Marseille vue des grues (André Frère éditions), un voyage à 360° qui plonge, isole et embrasse les horizons. Une ville vue d’oiseau, posé au plus haut.
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Sans eux, Marseille vue des grues n’existerait pas. Des années durant, il a grimpé aux échelles pour finir à leurs côtés dans ces cabines perchées pour photographier les chantiers en contrebas. “Sans pousser trop loin la métaphore, ils font un métier solitaire, comme celui de photographe”, dit-il, sourire en coin. Ils l’ont même laissé se glisser dans le chariot qui balance son crochet de la flèche à l’avant à la contre-flèche, à l’arrière. “Cela ressemble à un demi-caddie avec le vide autour et cela permet d’avoir une vue plongeante sur le chantier en dessous”, décrit-il sans même frissonner.
La mer, les collines et la ville
Une fois là-haut, son regard est forcément happé par l’horizon. La mer partout, en voisine commune, rendue encore plus proche par le travail au téléobjectif. Mais aussi la nature autour : le massif des Calanques, les immeubles du Roy d’Espagne ou ceux de la Rouvière, concrétions calcaires surgies des collines et pinèdes. La nature encore en interstices, nichée en coeur d’îlot aux Chutes-Lavies ou à l’Estaque.
La ville apparaît en plans successifs de minéralité, dans le fouillis d’une mosaïque foutraque où se côtoient la Vieille Charité, un bout de Pouillon, la Villa Méditerranée, le Pharo, second Empire et, çà et là, d’hideuses bétonneries dispersées sans logique. Le tout ressemble furieusement à Marseille. Elle coupe le souffle et engage au soupir navré, d’une image à l’autre, alternance du pire et de l’immortel.
Le lecteur badaud des toits se perd parfois : il n’a jamais vu le parc Longchamp ainsi renversé, la major qui cache le Frioul et l’îlot d’If ou l’hôtel du Département comme un vaisseau d’aliens écrasant Saint-Just.
On y croise des hommes et des femmes, dont l’ombre sert d’aplomb à leurs corps renversés, où saisis dans l’intimité d’une terrasse. Nous y sommes alors des gabians qui, portés par le vent, avalent dans le même souffle le minuscule et l’infini.
Vue prise au téléobjectif de la cathédrale de la Major en avril 2015.
Vue panoramique depuis la grue du chantier du Mucem.
La tour CMA-CGM depuis le chantier d’Euromed Center en janvier 2015.
La digue du large
Vue de l’ancien jardin zoologique et du parc Longchamp depuis l’immeuble Panorama en décembre 2014.
Détail de l’immeuble de l’Agence régionale de santé, sur le périmètre Euroméditerranée, depuis la grue d’un chantier de l’îlot M3.
Vue de l’hôtel du département depuis l’immeuble Panorama en décembre 2014.
L’hippodrome Borely vu du chantier du château du même nom.
Jérôme Cabanel présentera son livre Marseille vue des grues à la librairie Maupetit, le 20 décembre 11h à 12h30 et de 16h à 17h30. Il est aussi disponible sur le site de l’éditeur.
Commentaires
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« Le clin d’œil du Ravi » était tellement débilitant, une fois de plus, par son esprit étriqué, que de rage, j’ai failli passer à côté de « La chronique du WE », qui rouvre le champ.
On s’imagine gabian devant ce travail des hauteurs, « gabians qui, portés par le vent, avalent dans le même souffle le minuscule et l’infini ». Etonnante embrassade du champ par l’auteur, si bien illustré aussi par cette autre phrase, où l’on dit de Jérôme Cabanel escaladant ses grues : « Il connaît les échelles sans fin qui grimpent jusqu’à ces yeux de hérons qui dominent la ville ». C’est si bien vu, ou de si haut où virevoltent criaillant les gabians, que l’on imagine le bec de la grue, enfin du héron, déposer juste là où il faut, qui une cloison ou une bolée de ciment. L’habitant imaginera-t-il un jour, une fois le plafond posé, d’où est venu ce coup du grutier et du promoteur qui lui en a fait le dessin ? Sera-t-il assez poète pour retrouver la chanson de Graeme-Allwright : http://www.partitionsdechansons.com/pdf/341/Graeme-Allwright-Petites-boites.html ?
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