Emilio Guzman vous présente
Bons baisers de...

Les jardins familiaux Coder, ilot de fraîcheur, de nature et d’amitié

Chronique
le 2 Août 2025
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Une carte postale a toujours son endroit et son envers. Côté face, la beauté des clichés attrapés par les visiteurs ; côté pile, la réalité souvent plus nuancée. Avec la chronique estivale "Bons baisers de", le photographe Emilio Guzman parcourt Marseille pour Marsactu. Cette semaine, il s'invite dans les travées foisonnantes des jardins ouvriers Coder. Enclave si loin, si proche de la ville.

Les jardins ouvriers de l
Les jardins ouvriers de l'usine Coder, dans le 11e arrondissement de Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les jardins ouvriers de l'usine Coder, dans le 11e arrondissement de Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les pieds de tomates ploient sous la charge. C’est jour de récolte et Eugène en collecte plusieurs kilos dans sa bassine rouge. Un peu plus loin, Edouard arrose de hauts tournesols rayonnants qui aimantent les abeilles. On ramasse des patates, on regarde pousser le raisin sur la treille. C’est l’été et, à la Pomme dans le 11e arrondissement de Marseille, les jardins familiaux Coder ont tout de l’ilot. Si proches de la ville et si loin à la fois. Collée à l’autoroute vrombissante qui part vers l’est, cette enclave hors du temps est “bout de campagne à la ville”, résume Denis Barthélémy, le secrétaire général de l’association des jardins ouvriers. Dans ce vestige d’utopie sociale, des jardiniers cultivent des lopins aux airs de Marseille d’antan, pour l’amour de “retrouver [leurs] racines paysannes”.

Dans les années 1920, l’usine Coder – du nom d’un maréchal-ferrant d’Aubagne – fabrique des rames de tramway et des wagons de chemin de fer pour la SNCF. Elle reste en activité jusqu’au milieu des années 70. Rattachés à la vaste entreprise industrielle qui va employer jusqu’à 4000 ouvriers, les jardins familiaux voient le jour en 1941. Nichées entre l’Huveaune et la deux-fois deux-voies, une centaine de parcelles s’égaillent sur plus d’1,5 hectare. Terres qui appartiennent désormais à la Ville de Marseille.

L’été, c’est à la fraîche, alors que le soleil est à peine levé ou en toute fin de journée, que se débusquent les jardiniers. Disséminés au gré de leurs parcelles, ils baladent entre les rangs – tracés au cordeau – d’oignons, concombres, fraises (oui, il en reste un peu) ou courges (pas encore mûres)…  L’occasion de taper un brin de causette. Ou de réaliser ensemble des conserves de coulis de tomate sur le réchaud d’Eugène. Car les lieux, s’ils sont voués à cultiver fruits et légumes de saison, sont aussi un espace de lien social évident. “Ici, c’est un petit échantillon de la vie marseillaise, savoure Denis Bathélémy. Il y a toutes les religions, toutes les idées, toutes les classes sociales. Et tout le monde se respecte.”

Avec Coralie Bonnefoy

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les premiers jardiniers arrivent le matin très tôt, à la fraîche. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

L’usine Coder, dont l’emprise se trouve désormais de l’autre côté de l’autoroute, a fonctionné de 1924 à 1974. À la Pomme — ici en 1910 et aujourd’hui — les jardins ont été créés en 1941. (Photo-repro : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Dès le petit matin, les premiers jardiniers, comme Edouard, prennent soin de leur parcelle. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Sur plus de 1,5 hectare, les jardins familiaux comptent 106 parcelles. Ils en ont compté jusqu’à 300. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Le passé ouvrier des lieux n’est jamais bien loin… (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Chaque jardin est bichonné. Pas de soin constant et pas de beaux légumes, c’est la règle ! (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Albert, l’un des jardiniers, fréquente le jardin depuis 30 ans. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Francis a travaillé plusieurs décennies durant à l’usine Coder. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

La vie au grand air ! Un vrai bonheur pour les habitués qui, pour beaucoup, vivent en appartement. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les parcelles disposent de cabanons et du nécessaire pour jardiner. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Eugène récolte ses tomates. Belles et bien mûres. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Celles qui ne finissent pas en salade vont connaître un autre sort. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Eugène prépare des conserves de coulis de tomates. Sous l’œil vigilant des autres locataires des lieux. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Une fois les tomates bien cuites, elles sont moulinées, puis mises en pot. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les poules d’Eugène, elles, ont droit aux restes. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les jardins sont un lieu de socialisation. “On aime aussi se retrouver pour discuter”, sourit Denis Barthélémy. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Rémy et Patrick en plein échange de légumes ! (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Philippe, dans son cabanon, où les oignons sèchent. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les parcelles forment un havre de végétation et de fraîcheur, loin du tumulte de la ville, pourtant si proche. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

La treille de Cécile est particulièrement chargée de belles grappes bien lourdes. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

Les jardins sont aussi un lieu de transmission entre les générations. (Photo : EG)

Les jardins ouvriers Coder, à la Pomme, à Marseille. (Photo Emilio Guzman)

La doyenne des jardiniers a 91 ans. Et de nouvelles familles accèdent à ces parcelles. La mixité dans ces jardins est aussi générationnelle. (Photo : EG)

Emilio Guzman
Emilio Guzman est un photographe vénézuélien installé en France. Dans son pays, il a notamment travaillé dans une approche documentaire sur les populations autochtones. À Marseille, il suit l'actualité notamment pour Marsactu. Il fait partie du collectif Divergence.

Commentaires

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  1. Haçaira Haçaira

    Merci pour ce moment heureux et positif

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  2. MarsKaa MarsKaa

    Je pense à mon père et mon grand-père.
    Mais curieusement pas aux femmes de ma famille. Le début du reportage évoque d’ailleurs un milieu exclusivement masculin. Je ne sais pourquoi. Ces jardins étaient ils un refuge pour les hommes, “loin” du travail et du foyer ? Les femmes et les enfants y venaient-ils régulièrement ou était-ce la “chasse gardée” ou plutôt le “jardin secret” des hommes ?

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  3. Patafanari Patafanari

    Le jardinier est un un roi sans gloire dont la vie est étrangement rythmée par les saisons. La jardinière est un récipient facile à utiliser. Il suffit de mettre de la terre à l’intérieur du pot et d’y planter des graines ou des racines.
    Le genre grammatical influence-t-il notre vision du monde ?

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  4. eolienne eolienne

    Bizarrerie du français parmi tant d’autres : une femme médecin ne peux pas faire une médecine, une femme marin, une marine etc …?

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