Les jardins familiaux Coder, ilot de fraîcheur, de nature et d’amitié
Une carte postale a toujours son endroit et son envers. Côté face, la beauté des clichés attrapés par les visiteurs ; côté pile, la réalité souvent plus nuancée. Avec la chronique estivale "Bons baisers de", le photographe Emilio Guzman parcourt Marseille pour Marsactu. Cette semaine, il s'invite dans les travées foisonnantes des jardins ouvriers Coder. Enclave si loin, si proche de la ville.
Les jardins ouvriers de l'usine Coder, dans le 11e arrondissement de Marseille. (Photo Emilio Guzman)
Les pieds de tomates ploient sous la charge. C’est jour de récolte et Eugène en collecte plusieurs kilos dans sa bassine rouge. Un peu plus loin, Edouard arrose de hauts tournesols rayonnants qui aimantent les abeilles. On ramasse des patates, on regarde pousser le raisin sur la treille. C’est l’été et, à la Pomme dans le 11e arrondissement de Marseille, les jardins familiaux Coder ont tout de l’ilot. Si proches de la ville et si loin à la fois. Collée à l’autoroute vrombissante qui part vers l’est, cette enclave hors du temps est “bout de campagne à la ville”, résume Denis Barthélémy, le secrétaire général de l’association des jardins ouvriers. Dans ce vestige d’utopie sociale, des jardiniers cultivent des lopins aux airs de Marseille d’antan, pour l’amour de “retrouver [leurs] racines paysannes”.
Dans les années 1920, l’usine Coder – du nom d’un maréchal-ferrant d’Aubagne – fabrique des rames de tramway et des wagons de chemin de fer pour la SNCF. Elle reste en activité jusqu’au milieu des années 70. Rattachés à la vaste entreprise industrielle qui va employer jusqu’à 4000 ouvriers, les jardins familiaux voient le jour en 1941. Nichées entre l’Huveaune et la deux-fois deux-voies, une centaine de parcelles s’égaillent sur plus d’1,5 hectare. Terres qui appartiennent désormais à la Ville de Marseille.
L’été, c’est à la fraîche, alors que le soleil est à peine levé ou en toute fin de journée, que se débusquent les jardiniers. Disséminés au gré de leurs parcelles, ils baladent entre les rangs – tracés au cordeau – d’oignons, concombres, fraises (oui, il en reste un peu) ou courges (pas encore mûres)… L’occasion de taper un brin de causette. Ou de réaliser ensemble des conserves de coulis de tomate sur le réchaud d’Eugène. Car les lieux, s’ils sont voués à cultiver fruits et légumes de saison, sont aussi un espace de lien social évident. “Ici, c’est un petit échantillon de la vie marseillaise, savoure Denis Bathélémy. Il y a toutes les religions, toutes les idées, toutes les classes sociales. Et tout le monde se respecte.”
Avec Coralie Bonnefoy
L’usine Coder, dont l’emprise se trouve désormais de l’autre côté de l’autoroute, a fonctionné de 1924 à 1974. À la Pomme — ici en 1910 et aujourd’hui — les jardins ont été créés en 1941. (Photo-repro : EG)
Dès le petit matin, les premiers jardiniers, comme Edouard, prennent soin de leur parcelle. (Photo : EG)
Sur plus de 1,5 hectare, les jardins familiaux comptent 106 parcelles. Ils en ont compté jusqu’à 300. (Photo : EG)
Chaque jardin est bichonné. Pas de soin constant et pas de beaux légumes, c’est la règle ! (Photo : EG)
La vie au grand air ! Un vrai bonheur pour les habitués qui, pour beaucoup, vivent en appartement. (Photo : EG)
Eugène prépare des conserves de coulis de tomates. Sous l’œil vigilant des autres locataires des lieux. (Photo : EG)
Les jardins sont un lieu de socialisation. “On aime aussi se retrouver pour discuter”, sourit Denis Barthélémy. (Photo : EG)
Les parcelles forment un havre de végétation et de fraîcheur, loin du tumulte de la ville, pourtant si proche. (Photo : EG)
Commentaires
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Je pense à mon père et mon grand-père.
Mais curieusement pas aux femmes de ma famille. Le début du reportage évoque d’ailleurs un milieu exclusivement masculin. Je ne sais pourquoi. Ces jardins étaient ils un refuge pour les hommes, “loin” du travail et du foyer ? Les femmes et les enfants y venaient-ils régulièrement ou était-ce la “chasse gardée” ou plutôt le “jardin secret” des hommes ?
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Le jardinier est un un roi sans gloire dont la vie est étrangement rythmée par les saisons. La jardinière est un récipient facile à utiliser. Il suffit de mettre de la terre à l’intérieur du pot et d’y planter des graines ou des racines.
Le genre grammatical influence-t-il notre vision du monde ?
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Bizarrerie du français parmi tant d’autres : une femme médecin ne peux pas faire une médecine, une femme marin, une marine etc …?
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