Les guides du GR2013 vous présente
Chronique des guides

Le tour de l’étang de Berre au 19e siècle, une incursion de Paul Ruat sur le GR2013

Chronique
le 26 Nov 2016
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Le tour de l’étang de Berre au 19e siècle, une incursion de Paul Ruat sur le GR2013
Le tour de l’étang de Berre au 19e siècle, une incursion de Paul Ruat sur le GR2013

Le tour de l’étang de Berre au 19e siècle, une incursion de Paul Ruat sur le GR2013

Le Bureau des Guides du GR2013 propose une nouvelle chronique qui met en lumière un aspect du territoire de la métropole. Quelque part entre l’enquête et la promenade, la poésie et le diagnostic urbain, les créateurs du sentier vous invitent dans les coulisses du GR2013. Mises bout à bout, toutes ces histoires forment la trame d’une culture métropolitaine partagée. Pour cet épisode, le bureau convoque l’ancêtre du GR, inventeur des topoguides, Paul Ruat.

“Le vrai touriste est celui qui marche.” Elzéard Rougier

Entre 1890 et 1900, le libraire marseillais Paul Ruat publia une série de petits guides (nous appellerions aujourd’hui cela des “topoguides”) décrivant chacun une vingtaine d’excursions (nous dirions des “randonnées”). En dix ans, cette série des Excursions en Provence rassembla environ deux cents promenades autour de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, dans le Vaucluse et dans le Var.

Au beau milieu de cette fièvre de marche, d’écriture et de publication (on dit qu’il se vendit 22 000 exemplaires de ces petits guides), Paul Ruat fonda en 1897 la Société des Excursionnistes marseillais. En 1911, un dernier petit volume (récemment réimprimé par les petits-enfants Tacussel) parut sous le titre Excursions aux environs de MarseilleUn grand nombre de ces excursions concerne des territoires parcourus par le GR®2013. 

Avertissement : Utilité des Excursions

Depuis quelques années, le goût des excursions a pris à Marseille un certain développement. Il faut attribuer ce résultat aux nombreuses sociétés ou groupes excursionnistes qui se sont créés dans notre ville. D’autre part, la rapide extension de l’usage de la bicyclette a aussi contribué à développer ce goût.

Ils sont encore nombreux cependant ceux à qui le salutaire exercice de la marche rendrait d’inappréciables services : employés de magasin, de bureaux, comptables, professeurs ; tous ceux qui par profession ou par devoir restent dedans les six jours la semaine !… Soit par manque d’habitude, soit par manque de renseignements ou relations, la plupart de ces derniers ne savent profiter qu’à demi du jour de liberté qui leur est accordé ; s’ils font une promenade, c’est à la plage du Prado, ou bien à l’Estaque… en tramway ! alors qu’il serait si facile de combiner une charmante course aux environs de la ville.

Nous pensons donc que nos petites brochures faciliteront et développeront encore le goût des excursions ; nous nous sommes appliqué à donner tous les renseignements pratiques propres à intéresser ceux qui n’ont pas l’habitude de se déplacer.

Il n’est pas nécessaire, on le voit, de faire partie d’une société pour excursionner. La meilleure société est, le plus souvent, un ami, ayant les mêmes idées, avec lequel on peut causer et communiquer ses impressions.

Quel plaisir plus agréable, du reste, que de partir le dimanche matin par le premier train ou le premier tramway, s’en aller à la découverte d’un des jolis coins dont notre Provence fourmille ! Une halte autour d’un puits ou d’une source pour le repas champêtre, toujours consommé du meilleur appétit ; une omelette et un lapin sauté dans quelque auberge de village ; voilà pour la partie matérielle. Et l’on rentre le soir, très souvent harassé de fatigue, mais content de sa journée et les poumons remplis d’air pur et salubre.

Que l’on ait des préférences pour l’histoire naturelle ou pour l’archéologie ; que l’on soit botaniste, géologue ou tout simplement touriste, on arrive toujours avec une ample moisson, tant y à glaner dans beau pays !

L’on sait qu’un travail sédentaire prédispose aux maladies du foie, de l’estomac, de la vessie, etc. Une bonne série d’excursions sera donc le plus souvent un remède préventif ou curatif ajouté à l’agrément de la promenade.

La publication des Excursions en Provence contribuera, nous l’espérons, à faire mieux connaître et admirer notre beau pays de Provence. Le faire aimer autant que nous l’aimons : voilà surtout le but que nous nous sommes proposé.

Paul Ruat in Excursions en Provence, 3e série (1894)

Une carte de l'étang de Berre édité par Paul Ruat.

Une carte de l’étang de Berre éditée par Paul Ruat.

Le tour de l’étang de Berre 

Renseignements pratiques. – L’excursion autour de l’Étang de Berre est la plus intéressante que l’on puisse faire aux environs immédiats de Marseille, tant du point de vue historique et pittoresque que pour l’étude de la géologie et de la région des étangs.

Afin de la faire avec fruit, on devra employer deux jours pour cette excursion, ou mieux, faire deux excursions séparées. Visiter en une journée la partie nord : Saint-Chamas, Miramas et Istres ; voir ensuite, en une autre journée, la partie sud : Martigues, Port-de-Bouc et Fos. – Il est toutefois possible de faire le tour de l’étang en une seule journée, mais seulement les dimanches et jours de fête, et pendant le service d’été des chemins de fer (de juin à novembre), où il existe à Martigues un train à 9 h du soir qui permet de rentrer à Marseille vers 11 h.

Partie nord de l’Étang. – Prendre à Marseille le premier train du matin avec un billet d’aller et retour pour Saint-Chamas. Visiter Saint-Chamas de 8 à 10 h, et aller à Istres à pied (9 km). Deux heures de marche, dont une heure sous une allée de pins.

À Saint-Chamas on trouvera presque toujours un batelier disposé à vous conduire à Istres ; dans ce cas, un excursionniste devra se détacher dès l’arrivée du train pour faire préparer le bateau. Prix : 50 c. à 1 fr. par personne, selon le nombre de passagers.

Istres ; repas à l’hôtel de France. Visiter la ville de 2 à 3 h. Départ à 3 h si l’on vient à pied à Miramas (2 h ½ de marche), ou à 4 h environ avec le train venant de Port-de-Bouc qui correspond à Miramas avec le train arrivant à Marseille vers 7 h du soir. – Il y a aussi un service d’omnibus. Prendre billet simple de Miramas à Saint-Chamas. Dépense : environ 7 francs, y compris le repas ; 4 francs avec port de vivres.

Partie sud de l’Étang. – Prendre à Marseille le premier train du matin, avec un billet d’aller et retour pour Martigues, qui se délivre au guichet n° 2. Pendant le service d’hiver des chemins de fer, on ne pourra que voir Martigues dans la matinée ; y déjeuner à l’hôtel du Cours, et aller l’après-midi, en omnibus, faire une visite à Port-de-Bouc. Pendant le service d’été, au contraire, on prendra à la gare de Martigues l’omnibus d’Istres jusqu’à Saint-Mitre. Après une courte visite de cette localité, on ira à Fos par la route qui passe par Saint-Blaise et le nord de l’étang de Lavalduc ; 2 h ½ de marche, y compris un petit arrêt pour visiter la chapelle Saint-Blaise.

Repas à Fos, hôtel du Commerce. Départ de Fos vers 2 h pour Martigues, trajet en 3 heures environ, y compris une demi-heure d’arrêt à Port-de-Bouc. Facilité pour venir en omnibus à la gare de Fos, (moitié chemin de Port-de-Bouc) et de Port-de-Bouc à Martigues, par la correspondance du chemin de fer. Si l’on fait le trajet à pied, on reviendra de préférence par le chemin de halage qui longe le canal de navigation.

On visitera donc Martigues de 5 à 7 h, et après un bon dîner à l’hôtel du Cours, on en partira à 9 h, pour arriver à Marseille à 11 h du soir. Dépense : service d’hiver, 6 francs ; service d’été, 9 à 10 francs.

Le Tour de l’Étang en une journée. Dimanches et fêtes seulement et pendant le service d’été des chemins de fer.

Prendre le premier train avec un billet d’aller et retour pour Pas-des-Lanciers, et, au chef de train à Pas-des-Lanciers, un billet simple pour Saint-Chamas, – visiter cette ville de 8 à 10 h ; aller ensuite à pied ou en bateau à Istres (repas).

D’Istres à Martigues par Rassuën, Saint-Blaise et Saint-Mitre, on peut compter 4 heures avec les arrêts nécessaires ; on pourrait aussi négliger Saint-Mitre et venir de Saint-Blaise à Port-de-Bouc par les ruines de Castelveyre, le Plan d’Aren et la gare de Fos (recommandé), prendre l’omnibus de Port-de-Bouc à Martigues. – Facilité de prendre à Istres la voiture publique qui part de la place de la Mairie à 2 h et demie, pour arriver à Martigues à 4 h. Visite et départ de Martigues comme il a été dit plus haut. – Enfin, prendre billet simple de Martigues à Pas-des-Lanciers. – Dépense : 10 à 11 francs.

Les personnes qui feront cette excursion en 2 jours coucheront le premier jour à Istres.

Renseignements pour bicyclistes. – Les bicyclistes qui voudront faire cette intéressante excursion n’auront qu’à prendre un billet d’aller et retour pour Pas-des-Lanciers, se rendre de là à Istres par Rognac, Saint-Chamas et Miramas-Gare. Repas à Istres. L’après-midi, retour à Pas-des-Lanciers par Rassuën, Fos, Martigues, Chteauneuf, Marignane et Saint-Victoret. Parcours : 90 kilomètres environ. Terrain à peu près plat.

Paul Ruat, éditeur, auteur, a fondé en 1897 les Excursionnistes marseillais.

Ce texte est extrait de sa série d’ouvrages Excursions en Provence publiés à la fin du 19e siècle, avec l’aimable autorisation de MM. Tacussel. Ce texte sera publié aux éditions Wildproject sous le titre Dix-neuf excursions de Paul Ruat sur le GR®2013 au 19e siècle et une incursion de Paul-Hervé Lavessière.

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