Cherche accompagnant désespérément : la galère chronique des élèves en situation de handicap
Qu'ils rentrent à la maternelle ou passent le bac à la fin de l'année, des centaines d'élèves en situation de handicap se retrouvent privés de l'aide d'un accompagnant, ou AESH, depuis septembre. Au cours des dernières semaines, de nombreux cas ont été médiatisés. Ils mettent en lumière des dysfonctionnements dans le management de ce personnel essentiel. L'académie promet des créations de postes.
(Photo LC)
Tony, Marilou, Bilel, Nessib ont un point commun. Ils ont tous les quatre droit à une AESH et ils en sont privés depuis la rentrée de septembre. De la maternelle au lycée, de Martigues à Allauch en passant par Vitrolles ou encore Marseille, le problème est récurrent. Le manque d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) dans les Bouches-du-Rhône est régulièrement signalé dans la presse locale des cinq derniers mois. Récemment, à Marseille, le rectorat a été condamné en justice et contraint d’affecter un AESH à un enfant autiste de quatre ans et demi.
Début janvier, une délégation composée non seulement de parents d’élèves, mais aussi de professeurs et de l’infirmière du lycée Saint-Exupéry (15e), a été reçue par la direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN). Ils réclament des AESH pour les cinq élèves en situation de handicap scolarisés dans leur établissement. “Ils nous ont dit qu’il n’y avait plus d’argent pour recruter mais que le ministère allait débloquer des fonds et créer des postes“, relate Pascal Augereau, professeur de mathématiques. Selon lui, ces renforts devraient arriver le 1er février prochain. Une bonne nouvelle, certes, mais insuffisante pour certains parents.
“J‘ai peur que ça arrive un peu tard”, estime une mère dont le fils, élève de première, atteint de dyspraxie, est privé d’assistance depuis septembre, malgré son droit à une AESH notifié par la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Après plusieurs mois sans accompagnant, les notes de son fils sont en chute libre et le redoublement est envisagé sérieusement. Ce cas précis illustre le décalage entre des réponses au coup par coup qui ne règle pas un problème chronique.
“On ne peut pas répondre à 100 % de la demande“
Pour avoir une vue d’ensemble du nombre d’élèves en situation de handicap privés d’AESH, Séverine Gil, présidente de l’association MPE13 (Mouvement des parents d’élèves), a lancé un recensement participatif. “C’est en cours et en seulement trois jours de recherche, nous avons déjà relevé 80 cas d’enfants sans assistance“, assure-t-elle. Selon les chiffres du département, environ 12 500 élèves scolarisés dans les Bouches-du-Rhône ont reçu une notification de la MDPH pour se voir accorder des heures d’assistance avec un AESH. D’après le rectorat de l’académie Aix-Marseille, 95 % de cette demande est couverte. Les 5% restants correspondent donc à environs 625 notifications non suivies d’effets, et donc 625 enfants, privés d’AESH. “On ne peut pas répondre à 100 % de la demande“, reconnaît Vincent Stanek, directeur académique en poste depuis août dernier. Toujours selon le rectorat, 4 900 AESH sont répartis dans les établissements scolaires des Bouches-du-Rhône, souvent en accompagnement de plusieurs élèves.
Quand il y a un manque à un endroit, on nous déplace dans un autre établissement, mais on ne règle pas le problème.
Isabelle, AESH
Trop peu aux yeux des professionnels en première ligne au quotidien qui pointent le manque de personnel. “On aimerait bien qu’ils recrutent parce qu’au final, on ne peut pas se dédoubler. Ça nous permettrait de passer plus de temps avec des enfants qui en ont besoin“, témoigne un AESH d’un collège de Marseille qui s’occupe de cinq collégiens. Il est ce qui s’appelle un “AESH mutualisé”. Cela veut dire qu’il partage son temps entre plusieurs élèves d’un ou plusieurs établissements dont le suivi ne nécessite pas une aide au quotidien. Si, dans le meilleur des cas, les accompagnants doivent jongler entre des enfants d’une seule école, parfois, certains AESH se retrouvent ballotés d’une école à une autre dans la même journée. “C’est un jeu de Lego. Quand il y a un manque à un endroit, on nous déplace dans un autre établissement, mais on ne règle pas le problème“, analyse Isabelle, AESH dans les quartiers Nord.
4 000 nouveaux AESH attendus au niveau national
Au manque de personnel s’ajoute le management de ceux qui sont déjà en poste. Une circulaire de l’académie Aix-Marseille du 26 juin dernier permet à la DSDEN de décentraliser la gestion des AESH via les “pôles inclusifs d’accompagnement localisés” (PIAL), des regroupements d’établissements scolaires proches au niveau géographique. La DSDEN attribue une cohorte d’AESH à chaque pôle, selon le nombre de demandes et non pas en fonction de la lourdeur des handicaps. Ensuite, c’est aux chefs des établissements qui composent le PIAL de se répartir les heures des AESH. “On se retrouve à jouer les marchands de tapis en plus de devoir s’occuper de nos écoles respectives. Les enfants et les AESH sont comme des plots, ils ne comptent pas“, témoigne une directrice d’école publique de Marseille.
Au cours de la conférence de presse sur la rentrée scolaire 2021,le recteur a annoncé, entre autres, la création de 4 000 nouveaux postes d’AESH au niveau national. “Pour le moment, nous ne savons pas de combien nous allons en bénéficier, mais une chose est sûre, nous allons avoir de nouveaux AESH pour la prochaine rentrée“, assure Vincent Stanek. Pas sûr que cela mette fin à la litanie des articles de presse sur ces élèves privés d’école, faute d’accompagnant.
Comment sont répartis et gérés les AESHLa décision du recours à un accompagnant incombe aux parents, souvent à l’issue d’une réunion pédagogique avec les enseignants. Pour bénéficier d’un accompagnant, les parents d’élèves en situation de handicap constituent un dossier qu’ils soumettent à la MDPH, laquelle dépend du conseil départemental. Le dossier passe ensuite entre les mains de la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) qui valide ou non l’attribution d’un AESH. Dans le cas, où la commission approuve, la MDPH le notifie aux parents avant la rentrée. Recrutés par le ministère de l’Éducation nationale, les postes d’AESH sont répartis entres les différentes académies selon l’importance de la demande. Les accompagnants sont ensuite attribués aux élèves en fonction du type de handicap. Au sein des académies, c’est la direction des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) qui gère la répartition des AESH. Une charge ensuite déléguée aux directeurs, principaux et proviseurs d’établissements scolaires avec la création des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL).
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Triste démonstration entre les grandes annonces officielles de l’État sur l’inclusion et la réalité de terrain ! Sauf que là où devrait se jouer une discrimination positive pour les enfants les plus fragiles, c’est précisément l’inverse qui se produit.
Sur ce sujet l’Etat si prompt à exiger une exemplarité des français, devrait s’appliquer le respect des règles conformement aux textes législatifs qu’il fait voter. Dans deux autres communes françaises l’Etat a été également condamné notamment parce qu’il refusait des postes AESH sur le temps périscolaire. S’il ne répond pas déjà en temps scolaire à ses obligations alors le temps périscolaire devient du grand luxe aux yeux du ministère. Pourtant là encore pourquoi ce derniee prône-tt-il l’intérêt de la continuité éducative alors que les moyens les plus basiques ne sont pas mobilisés, tout particulier pour ces enfants. Il faudrait pour accorder du crédit aux propos du ministère qu’il mette en phase ses discours, ses moyens et sa capacité à mettre en œuvre une véritable politique éducative inclusive.
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Depuis plusieurs année l’école Coin-Joli (13009) n’a pas d’accès handicapé.
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