Chantier des écoles : la Ville joue l’élève modèle mais a 200 millions d’urgences à gérer

Actualité
le 3 Déc 2020
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La majorité municipale faisait mercredi le bilan des travaux menés dans les écoles depuis quatre mois. Mais malgré la volonté politique affichée et les budgets augmentés, difficile de tenir le rythme nécessaire pour rattraper le retard accumulé.

Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du bâti des écoles marseillaises. (Image JV)
Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du bâti des écoles marseillaises. (Image JV)

Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge du bâti des écoles marseillaises. (Image JV)

Il reste encore quelques néons pour témoigner de l’avant. Ce mercredi, l’adjoint à la maire de Marseille délégué au patrimoine scolaire, Pierre-Marie Ganozzi, faisait visiter aux journalistes l’école élémentaire Estaque-Plage. Une école érigée pour l’occasion en école témoin des travaux menés par la nouvelle municipalité. Si une des salles de classes traversées est restée dans son jus, la conférence de presse se tenait dans une “classe modèle”, tout juste rénovée. Ici, l’éclairage est assuré par des panneaux LED, avec plusieurs niveaux d’intensité “en fonction de la concentration demandée” par l’enseignant, explique Christophe Pinteno, responsable des services techniques du 16e arrondissement.

Prises électriques et connectique, vidéoprojecteur, présence de deux tableaux sur des murs opposés permettant un dédoublement de classe… Le fonctionnaire a tâché de définir “une sorte de cahier des charges” type pour les vingt écoles de sa zone. 50 classes devraient progressivement être adaptées à ce modèle.

Partie d’une initiative de terrain, cette démarche se retrouve dans celle, plus globale, que défend Pierre-Marie Ganozzi : construire, après échange avec les profs, personnels scolaires et parents d’élèves, un modèle d’école pour les futurs grands travaux. Qu’il s’agisse de construction ou de rénovation lourde. Il cite en exemple l’école Jolie-Manon (3e), pour laquelle les architectes viennent d’être choisis. “C’est un projet qui peut faire référence. C’est bien si les architectes ne repartent pas à chaque fois d’une feuille blanche.” Un appel d’offres a été lancé en septembre pour trouver des prestataires à même d’accompagner cette réflexion, des questions énergétiques à la sécurité incendie, en passant par la question cruciale du coût.

Une école les pieds dans l’eau

Toute à sa communication sur sa priorité accordée à l’école, la nouvelle majorité oublie seulement de dire que c’est la précédente qui a enclenché l’opération.

Mais, à l’Estaque-Plage, c’est dans des problématiques plus terre-à-terre que les écoliers baignaient. En pente, la cour de récréation se remplissait lors de fortes pluies. “L’eau montait presque jusqu’à l’entrée des salles de classe et ils rentraient chez eux les pieds trempés”, témoigne Sébastien Mosa, le directeur de l’école. Un caniveau a été creusé pour assurer une évacuation correcte. Au-dessus de leurs têtes, l’état d’une coursive laissait franchement à désirer. Elle a été démolie et reconstruite en métal. Des sanitaires à la porte d’entrée, 485 000 euros ont été dépensés sur cette école en un an et demi.

La coursive dans la cour d’école a été réparée. (Photo JV)

Toute à sa communication sur sa priorité accordée à l’école, la nouvelle majorité oublie seulement de dire que c’est la précédente qui a enclenché l’opération en septembre 2019, après un premier chantier sur la toiture en 2017. Pierre-Marie Ganozzi récolte ainsi les fruits de l’accélération née de la polémique de l’hiver 2015/2016, qui a vu le budget d’investissement passer d’une trentaine de millions d’euros à un maximum de 57 millions d’euros en 2017.

L’adjoint défend cependant la “mobilisation sans précédent” marquée par le vote d’un budget supplémentaire de 30 millions d’euros fin juillet, juste après l’élection. 870 chantiers ont été menés depuis l’été. Pose d’alarmes, de menuiseries, “des travaux parfois dans les tuyaux depuis de nombreuses années qui ont été permis par la volonté forte de la majorité. (…) Le problème de l’ancienne majorité, c’est qu’il n’y avait pas de pilotage politique. Ce ne sont pas les services qui sont en cause”, assure-t-il.

12 millions dépensés sur les 30 votés

Ce volontarisme a toutefois buté sur des limites quasi physiques. “Les entreprises nous ont dit qu’elles ne pouvaient pas suivre”, justifie Pierre-Marie Ganozzi. Avant d’ajouter : “Ou nos propres services.” Dépenser près du triple de la moyenne annuelle depuis 20 ans, n’est en effet pas aussi simple qu’une ligne dans un tableau.

“Nous sommes dubitatifs, mais tant mieux si vous arrivez à faire des travaux pour 30 millions d’euros, en plus des 60 millions d’euros qui étaient déjà prévus dans le budget”, pointait lors du conseil municipal l’élu d’opposition LR Pierre Robin. À l’arrivée, 12 millions d’euros ont été dépensés en plus de ce qui était déjà prévu dans le budget, et l’année devrait se terminer à 18,5 millions, soit bien en deçà des 30 millions annoncés. Le reste sera reporté sur le budget 2021.

Au bureau de l’instit’ de l’école Estaque-Plage, l’élu et professeur d’histoire-géo de collège dit en tout cas “mieux dormir la nuit” après cette première salve. “Depuis décembre 2019, la précédente majorité avait entre les mains un audit technique de l’ensemble des écoles. En arrivant, je pensais que l’essentiel des points critiques auraient été levés. Il n’en était rien”, fustige-t-il. La liste de ces problèmes dits de “criticité 1”, jugés prioritaires par les auteurs de l’audit, est rendue publique par la Ville pour la première fois. En janvier 2020, l’ancienne équipe s’en était tenue à une communication très limitée.

843 problèmes “critiques” à régler en urgence

Sur 843 alertes signalées dans des écoles, 20 % seulement avaient été traitées, affirme la nouvelle majorité, qui prévoit d’arriver à 80 % à la fin de l’année et 90 % au premier trimestre 2021. Les prochains mois seront ainsi fortement consacrés à améliorer la protection des écoles contre les intrusions et la sécurisation des abords des établissements. “Les 10 % restants seront inclus dans le “plan école d’avenir”. Par exemple pour l’école Malpassé-Les Oliviers, vous avez une vingtaine de lignes. Est-ce qu’on dépense 1 million d’euros pour régler ces points alors qu’on va peut-être la démolir pour la reconstruire ?”, interroge l’élu.

Pas encore de réponses sur l’avenir des écoles GEEP

Les problèmes multiples et récurrents des écoles dites GEEP comme Malpassé-Les Oliviers, construites en armature métallique préfabriquée dans les années 1960, sont connus. C’était l’objet du “plan école d’avenir” lancé en 2016 par l’équipe de Jean-Claude Gaudin, sous la forme d’un partenariat public-privé (PPP) géant pour démolir les 31 groupes scolaires concernés. L’objectif était alors de réceptionner une première vague de livraisons pour la rentrée 2021/2022.

Mais, fortement contestée, notamment par Pierre-Marie Ganozzi lui-même, la procédure a été annulée par la justice administrative. Si Michèle Rubirola a conservé ce nom de “plan école d’avenir”, peu de choses filtrent sur ce que contiendra cette formule. “Nous menons un audit sur les fondations et les sols pour savoir si l’on peut rénover ou s’il faut démolir”, glisse Pierre-Marie Ganozzi. Cela ne devrait toutefois pas remettre en cause l’ordre de grandeur du budget global à prévoir – autour de 500 millions d’euros selon les documents de 2017.

Mais les problèmes des écoles ne se résument pas aux 31 groupes scolaires GEEP et sont bien plus vastes que les 843 points “critiques”. Selon le chiffrage tiré de l’audit, il faudrait 213 millions d’euros pour venir à bout des 225 000 problèmes listés, du plus prioritaire au plus accessoire, du plus menu au plus imposant. Les questions de fenêtres, façades et autres toitures représentent à elles seules 106 millions et l’accessibilité aux personnes handicapées 44 millions. “Je ne vais pas vous dire qu’on va régler tout cela en un an. Je fixe ma politique sur deux mandats, 12 ans, en terme de construction, de rénovation et il faut bien le dire de rattrapage”, pose Pierre-Marie Ganozzi. Avec toutefois un examen intermédiaire dans les urnes au bout de six ans.

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Commentaires

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  1. guinot veve guinot veve

    Marsactu, j’apprécie vos articles en général, mais je trouve vos titre tendancieux, et ne reflétant pas la suite de l’article! surtout en ce qui concerne la nouvelle municipalité, le titre de cet article sur les écoles est ironique et péjoratif, alors que le reste de l’article est objectif ! faites attention, , ce n’est pas une méthode correcte, et ce n’est pas la première fois

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