[C’est mon data] Zoom sur quatre circonscriptions où le RN peut gagner dans le département

Décryptage
le 16 Juin 2022
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Avec douze candidats au second tour des législatives, jamais l'extrême-droite n'a eu autant d'occasions de l'emporter dans les Bouches-du-Rhône. Adversaires, rapport de force, historique électoral : Marsactu passe les quatre duels les plus serrés à la loupe.

Marine Le Pen sur le marché de Marignane avec le candidat Franck Allisio. (Photo : JML)
Marine Le Pen sur le marché de Marignane avec le candidat Franck Allisio. (Photo : JML)

Marine Le Pen sur le marché de Marignane avec le candidat Franck Allisio. (Photo : JML)

La politique n’est pas un jeu de hasard. Mais pour espérer envoyer un député des Bouches-du-Rhône à l’Assemblée nationale, une première hors élection à la proportionnelle, mieux vaut pour le RN miser sur plusieurs tableaux. En 2017, le parti de Marine Le Pen ne pouvait compter que sur cinq seconds tours. Cinq ans plus tard, douze circonscriptions lui permettent de maximiser ses chances dans le département.

Parmi celles-ci, quatre présentent une configuration particulièrement favorable. Le 24 avril, au second tour de la présidentielle, Marine Le Pen y battait platement Emmanuel Macron en duel, sauf dans une. Et au soir du premier tour des législatives, le score total de l’extrême-droite, en intégrant celui de Reconquête, y était plus de 10 points supérieur à celui de son adversaire.

Pour ce dernier, qu’il soit issu de la majorité présidentielle (Ensemble), de l’union de la gauche (Nupes) ou des Républicains, cela signifie des milliers de voix à rattraper, en faisant appel au front républicain des électeurs d’autres partis ou en mobilisant mieux sa base électorale. Marsactu vous présente ces points chauds, statistiques à l’appui.

15e circonscription : Ensemble-RN, un second tour classique à l’issue incertaine

(Infographie : Nicolas Georges)

Marie-Laurence Anzalone va-t-elle tenir le choc dans ces terres très ancrées à droite ? L’adjointe au maire (divers droite) de Châteaurenard, candidate pour Ensemble, accuse sur le papier 7,4 points de retard. Or, l’historique électoral a montré la capacité des candidats du RN à enregistrer des progressions similaires à celle de leur cheffe de parti. En 2017, dans la circonscription voisine d’Arles-Tarascon, Valérie Laupies avait bonifié son score de premier tour de plus de 5000 voix, comme Marine Le Pen quelques semaines plus tôt. Dans cette 15e circonscription, le RN peut cette fois compter sur de solides réserves potentielles du côté de Reconquête et même des électeurs de Bernard Reynès, député LR sortant battu au premier tour.

Le 24 avril 2022 a tout de même montré que la majorité présidentielle avait elle aussi des réserves en duel face au RN : dans cette circonscription, le nombre de bulletins “Emmanuel Macron” avait quasiment doublé (+ 86 %). Cela équivalait à 84 % des bulletins des différents candidats de gauche du premier tour. Cependant, même en tablant sur une remontée similaire aux législatives, Marie-Laurence Anzalone accuserait encore plusieurs points de retard.

12e circonscription : où sont les réserves ?

(Infographie : Nicolas Georges)

Jusqu’où peut monter Franck Allisio ? Avec près de 14 000 voix, le candidat RN a déjà fait bien mieux que son prédécesseur de 2017, qui avait plafonné sous les 9000. De quoi laisser sur place son adversaire, le sortant LR Éric Diard. Mais, passé le réservoir potentiel de Reconquête, le secrétaire départemental du parti de Marine Le Pen pourrait avoir du mal à mordre sur la droite traditionnelle, qui est présente au second tour.

À moins que certains électeurs ne reprochent à Éric Diard l’attitude très prévenante de la majorité présidentielle, qui n’avait pas présenté de candidat dans cette circonscription ? Visant à contrer le RN, ce désistement préventif ne l’empêche pas d’accuser 6,5 points de retard. “Aujourd’hui, il est plus soutenu par des maires de gauche que par des maires de droite. Ça peut heurter l’électeur de droite”, ajoute Franck Allisio.

Et Diard, qui s’est illustré par sa proposition de loi sur le service minimum dans les transports aériens et, plus récemment, par un rapport sur “les services publics face à la radicalisation” ne risque-t-il pas d’attirer un report de voix limité des électeurs de gauche ? “Dans Nupes, les insoumis, c’est dur. Il y a des socialistes, des écolos, des communistes qui eux font le front républicain. Moi je dois aller chercher des voix sur les abstentionnistes”, résume Éric Diard. Il a tenu mercredi soir un meeting avec le maire socialiste de Vitrolles Loïc Gachon et a reçu le soutien du maire communiste du Rove. Signe que l’ampleur de l’enjeu a bien été perçue.

10e circonscription : la France insoumise au pied de la colline

(Infographie : Nicolas Georges)

Sur le papier, c’est la pente la plus raide. 7,5 points séparent Marina Mesure (Nupes) de José Gonzalez. À Gardanne, Allauch et dans le bassin minier de l’Étoile, on a déjà connu le RN au second tour en 2017. Le candidat avait alors engrangé plus de 16 000 voix après une forte progression. Un niveau quasiment déjà atteint par José Gonzalez le 12 juin. Autant dire que les 3400 bulletins de Reconquête promettent de le hisser vers un sommet. Et quid des 7000 voix du candidat LR Serge Perottino ? Entre l’extrême-droite et la France insoumise, elles pourraient plus facilement filer vers la première. “Contrairement à d’autres, moi, je laboure ce secteur depuis des décennies, commente José Gonzalez. Je ne vends pas la peau de l’ours. Mais je vois les choses sous un bon angle. Tout va dépendre de la mobilisation des électeurs. J’en appelle à tous les patriotes pour faire obstacle à la politique de Macron et à celle de la Nupes.”

Avec un peu plus de 11 000 voix, Marina Mesure pourrait potentiellement doubler son score avec le renfort de la majorité présidentielle. De quoi faire jeu égal avec le niveau projeté du RN. Mais on ne connaît aucun précédent local dans cette configuration. Quel sera le comportement des électeurs d’Emmanuel Macron, pas particulièrement incités par les consignes à pencher du côté de la gauche lorsqu’elle est incarnée par LFI ? “Pour moi ce sont des extrêmes l’un et l’autre”, considère même la candidate Modem-Ensemble, qui se refuse à répondre à l’appel au “front républicain” lancée par la candidate Nupes. “Dimanche, cela va se jouer à peu. Pour le premier tour, déjà, on est allés chercher notre deuxième place et nos 500 voix d’avance par un gros travail de terrain. On va continuer, notamment à convaincre les abstentionnistes. C’est jouable”, jure Marina Mesure. Au premier tour, ils sont 56 000 à ne pas s’être rendus aux urnes.

3e circonscription : troisième tentative pour le RN

(Infographie : Nicolas Georges)

Stéphane Ravier a essayé en 2012 et n’est pas passé loin. Il a retenté en 2017, de manière un peu plus poussive. Après son départ vers Reconquête, c’est désormais Gisèle Lelouis qui porte l’ambition du RN d’installer un député dans ce Nord-Est de Marseille où il a déjà géré une mairie de secteur. En apparence, c’est le moins favorable de nos quatre duels. Au premier tour, c’est Mohamed Bensaada (LFI-Nupes) qui était en tête, de 2,4 points. C’est sans compter le très bon score de l’ex-maire des 13/14 Sandrine D’Angio (Reconquête). Ses 15,2 % remettent le duel dans une configuration similaire aux trois autres : un retard d’environ 13 points sur l’extrême-droite.

Comme Marina Mesure, Mohamed Bensaada devra convaincre les électeurs de la majorité présidentielle de faire fi de son étiquette. Avec, cette fois-ci, un appui plus marqué, y compris de la part des élus de la droite traditionnelle. Mais là encore, c’est dans la pleine mobilisation des 22 000 électeurs de gauche au premier tour de la présidentielle, dont il a retenu moins de 8000, que réside sa principale ressource.

Les huit autres duels du RN
Dans huit autres circonscriptions, le RN s’est qualifié au second tour. Dans certaines, il peut encore espérer. C’est notamment le cas à Arles (16e circonscriptions) ou encore dans l’est de Marseille (1re). Voici la liste de ces huit affiches :
1re circonscription : Monique Griseti (RN) – Sabrina Agresti Roubache (Ensemble)
6e circonscription : Lionel Royer-Perreaut (Ensemble) – Éléonore Bez (RN)
7e circonscription : Sébastien Delogu (Nupes) – Arezki Selloum (RN)
8e circonscription : Jean-Marc Zulesi (Ensemble) – Romain Tonussi (RN)
9e circonscription : Joëlle Mélin (RN) – Lucas Trottmann (Nupes)
11e circonscription : Mohamed Laqhila (Ensemble) – Hervé Fabre-Aubrespy (RN)
13e circonscription : Pierre Dharréville (Nupes) – Emmanuel Fouquart (RN)
16e circonscription : Emmanuel Taché de la Pagerie (RN) – Christophe Caillault (Nupes)

 

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Commentaires

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    Moi perso (circo 1310), qui suis allé voter Macron au second tour avec une pince à linge sur le nez, voir la candidate macroniste ne pas appeler au front républicain contre le FN, en mettant “les extrêmes” dos à dos, ça me dégoute. Ce gens n’ont aucune figure, aucune parole, aucune classe.
    Après ça vient te faire la leçon sur l’abstention…
    Bande de nazes.

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