Ce que la présidentielle nous dit des législatives à Marseille

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le 24 Avr 2012
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Ce que la présidentielle nous dit des législatives à Marseille
Ce que la présidentielle nous dit des législatives à Marseille

Ce que la présidentielle nous dit des législatives à Marseille

Dans un second temps, nous vous proposons notre analyse des forces en présence basée notamment sur les résultats électoraux depuis 2007 incluant donc des élections locales plus favorables aux petits partis. Pour connaître le résultat dans une des 7 circonscriptions marseillaises, il vous suffit de cliquer sur les numéros qui sont juste en bas de cette première page et qui correspondent au numéro de la circo recherchée. Bonne lecture et merci à notre développeur François Bourgault pour son immense coup de main dans cette opération de data journalisme !

Tous les états-majors se sont lancés dans ce petit jeu dimanche. Dès les résultats connus, les spécialistes des grands partis ont étudié la répartition des voix, bureau par bureau, pour connaître la tendance dans les sept circonscriptions législatives qui seront étrennées les 10 et 17 juin prochains. En effet, depuis 2007, Alain Marleix, secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux Collectivités territoriales, a redécoupé la carte électorale. Des coups de ciseaux qui ont largement frappé Marseille, bien aidés par quelques bonnes âmes locales. Ainsi, glisse Bruno Gilles, secrétaire départemental adjoint à l’UMP, « on a gentiment donné quelques bureaux de vote de gauche à Patrick Mennucci ». Même topo pour la 7e d’Henri Jibrayel alors que la circonscription de Renaud Muselier, la cinquième, devient elle plus favorable à l’UMP.

Marsactu a fait le choix de plonger à son tour dans cette bouillabaisse électorale. La méthode est assez simple. Nous avons retenu comme hypothèse de travail 15 points d’abstention supplémentaires d’un scrutin à l’autre, un chiffre avancé par de nombreux spécialistes des élections, Alain Marleix en tête. Un taux d’abstention de 20 % dimanche dernier passe ainsi à 35 % pour les législatives. Ce taux corrigé, nous l’avons appliqué à tous les partis. À partir de ces nouveaux résultats, nous avons déduit un scénario de second tour par circonscription en respectant la règle des législatives : sont qualifiés les deux premiers candidats auxquels il faut ajouter chaque postulant ayant rassemblé sur son nom au moins 12,5 % des inscrits.

Dans un second temps, nous vous proposons notre analyse des forces en présence basée notamment sur les résultats électoraux depuis 2007 incluant donc des élections locales plus favorables aux petits partis. Pour vous y retrouver, nous vous proposons ci-dessous une carte des nouvelles circonscriptions marseillaises. En cliquant dans celle-ci sur une des sept circos, vous découvrirez le lien direct vers la page dédiée. Ou vous pouvez aussi accéder à ces sept décryptages en cliquant sur les numéros qui sont juste en bas de cette première page.

1ère circonscription

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Dans cette circonscription très étendue (près de 90 000 électeurs inscrits) qui couvre l’est marseillais, le trio de tête Sarkozy-Le Pen-Hollande se tient à trois points d’écart chacun : 29,2%, 25,5% et 22,9% respectivement. Le Front de gauche, implanté historiquement le long de la vallée de l’Huveaune, ne récolte que 12,3%. A priori, le 10 juin devrait donc orienter le 17 vers une triangulaire UMP-FN-PS. Mais d’autres données, la principale étant la dissidence du maire Nouveau centre du 11/12 Robert Assante, viennent compliquer l’équation, que nous développerons dans un prochain article.

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2e circonscription

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On l’avait souligné à l’occasion du parachutage du socialiste Jean-Pierre Mignard : sa circonscription d’atterrissage est ingagnable face au député sortant Dominique Tian (UMP). Le redécoupage Marleix a en effet isolé deux arrondissements – le 7e et le 8e – très ancrés à droite des secteurs municipaux 1/7 et 6/8. Le scrutin de dimanche en a donné la confirmation, avec près de 40% pour l’UMP. Et tout juste 20% pour le PS. Avec seulement 16,8%, le FN est trop juste pour prétendre à une triangulaire.

L’analyse de Marsactu : même avec le profil de Jean-Pierre Mignard, avocat humaniste chrétien, le meilleur score marseillais de François Bayrou (7,2%, des voix qui pencheraient plutôt de son côté que de son adversaire membre de la Droite populaire), un Front de gauche qui passe (grâce au meeting sur le Prado ?) la barre des 10%, on le voit mal prétendre à une victoire dans ce duel. La question serait même plutôt celle d’une élection au premier tour de Dominique Tian, comme en 2007 où il avait réuni d’emblée 57% des voix…

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3e circonscription

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Dans cette circonscription du nord-est de la ville, Hollande a raflé 28,5 % des voix contre 25,8 pour Le Pen et 24,05 pour Sarkozy. En conservant cette répartition dans un territoire qui en 2007 avait sensiblement voté de manière identique à la présidentielle et aux législatives, la députée sortante Sylvie Andrieux serait au second tour dans une triangulaire qui accueillerait aussi le frontiste Stéphane Ravier et l’UMP adjointe au maire de Marseille Nora Preziosi.

L’analyse de Marsactu : Sylvie Andrieux aura assurément une partie moins facile à jouer que la dernière fois. Marleix les grands ciseaux a en effet bien fait les choses pour son camp. L’ouest du 14e où se situaient les meilleurs bureaux pour la gauche a été versé dans la 7e circonscription voisine pour lui substituer le nord du 12e arrondissement, bien plus ancré à droite. Toutefois, la députée sait pouvoir compter sur le bon score de Mélenchon (13,3%) qui lui assure la victoire dans le cas d’une triangulaire. Reste que la campagne s’annonce dure. L’UMP et le FN se chargeront de rappeler l’affaire des subventions de la région dans laquelle Sylvie Andrieux est mise en examen. Nora Preziosi, qui avait réalisé dans l’ancien découpage 30 % des voix en 2007 au premier tour (42 au second en duel) peut espérer contester la victoire à la sortante. Il faudrait pour cela qu’elle distance largement le FN le 10 juin en l’envoyant sous les 20 %, barre en dessous de laquelle le parti de Marine Le Pen ne serait pas en mesure de se maintenir. Cette hypothèse, qui n’est pas la plus probable, rebattrait alors les cartes.

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4e circonscription

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C’est le pendant du centre-ville de la circo littorale. Du 1/7, elle a récupéré le 1er, qui rejoint le déjà très à gauche 2/3, agrémenté de quelques bureaux de vote plutôt à gauche des 5e et 6e arrondissements. Pas étonnant donc que ce soit la seule de la ville à avoir placé dimanche PS et Front de gauche en tête (respectivement 39,1% et 19,9%). Avec 16,6%, l’UMP vient compléter – de très près – le trio de tête. Sur la base d’une abstention plus forte, une triangulaire est cependant très peu probable en juin. Le FN est lui de toute façon trop faible (14,5%) pour prétendre s’inviter au second tour. Les deux qualifiés seront donc les deux premiers au soir du 10 juin.

L’analyse de Marsactu : Le second tour PS / Front de gauche qui se profile d’après les résultats bruts est à relativiser, car une donnée d’importance n’est pas prise en compte : la candidature dissidente de la socialiste Lisette Narducci. Du score de cette dernière, élue très implantée dans la circonscription dans le sillage de Jean-Noël Guérini, dépendra le visage du second tour. Selon toute vraisemblance – un vote plafonnant à 10% – le candidat officiel Patrick Mennucci n’a toutefois pas de souci à se faire. Face à lui, il pourrait retrouver Marie-Jo Cermolacce (Front de gauche) ou Solange Biaggi (UMP). Avec un avantage à cette dernière, adjointe au commerce à la mairie de Marseille, qui n’est pas menacée comme la première par la dispersion des voix à gauche – notamment en faveur du porte-parole marseillais d’Europe Ecologie-Les Verts Sébastien Barles qui, élection locale oblige, devrait dépasser les 3,5% d’Eva Joly.

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5e circonscription

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Dans cette cinquième circonscription (4e arrondissement, une partie du 5e et du 6e), Nicolas Sarkozy est arrivé en tête avec 28,4 % des voix contre 27 % à François Hollande. Marine Le Pen termine troisième à 18,9 % quand Jean-Luc Mélenchon est dans sa moyenne marseillaise avec 14,1 %. Avec notre méthode, le Front national raterait de très peu le second tour qui verrait alors s’affronter le député sortant Renaud Muselier et la conseillère générale socialiste Marie-Arlette Carlotti. Une circonscription sur laquelle Marsactu reviendra plus en détail ce mercredi.

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6e circonscription

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Dans cette circonscription s’apparentant presque au 9/10, secteur dont le sortant Guy Teissier est maire (ne manque qu’une petite partie nord du 10e arrondissement), Nicolas Sarkozy enregistre un bon score (30,7%), loin devant François Hollande (24,1%), et un FN contenu à 23,5%. Même avec une abstention plus forte, ces trois partis seraient en mesure de maintenir leurs candidats au second tour.

L’analyse de Marsactu : même en cas de triangulaire, Guy Teissier n’aurait pas forcément du souci à se faire pour son siège, ayant été élu dès le premier tour en 2007 avec 55,29% des voix. Et il pourrait être plus tranquille si un autre scénario se concrétisait : celui d’un duel au lieu d’une triangulaire. Une abstention plus forte que celle que nous modélisons (environ 35% alors qu’elle était de 43,50% en 2007 dans le 9/10) mettrait en effet le FN au-dessous de la barre des 12,5% des inscrits. Un duel qui pourrait même ne pas être celui qu’on attend, si le candidat écologiste issu de l’accord PS-EELV passait derrière le FN. Car en lieu et place du bulletin Hollande, c’est un bulletin Semeriva que les électeurs trouveront dans leur bureau en juin. Le vice-président de la communauté urbaine de Marseille pourrait ne pas bénéficier d’un vote totalement discipliné des électeurs traditionnellement socialistes. Et pâtir d’une carte que sortira assurément son adversaire UMP : c’est lui qui a porté jusqu’à son terme le processus de création du parc national des Calanques, en tant que président du GIP. A moins que le profil très à droite de Guy Teissier, ancien para membre d’Occident, siphonne suffisamment les voix du FN pour sauver le soldat Semeriva…

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7e circonscription

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Dans cette circonsciption regroupant le 15/16 et – nouveauté – la partie ouest du 14e, sans surprise François Hollande se rapproche des 40 % à 37,6. Sarkozy est distancé à 13,9 %, Marine Le Pen arrive deuxième à 23,7 %. Troisième, Mélenchon récolte 18,5 % des suffrages dans un territoire qui comme d’habitude a moins voté que la moyenne marseillaise avec 72 % de participation. En juin avec une abstention encore gonflée, il n’y aura pas de triangulaire. Dans cette configuration, la majorité actuelle représentée par une candidate Nouveau centre part battue. Le Front national affronterait le candidat socialiste au deuxième tour, le Front de gauche étant trop faible pour se maintenir.

L’analyse de Marsactu : la profusion de forces à gauche peut réserver bien des surprises dans cette circonscription. Le sortant Henri Jibrayel doit en effet faire avec la candidature dissidente du conseiller général (délégué à la vie associative) socialiste Rebia Benarioua qui notamment dans son canton de Notre-Dame Limite devrait récupérer quelques voix. Dans la même veine, personne n’imagine l’écologiste Karim Zeribi, qui avait rassemblé 11,2 % sur son seul nom en 2007, se cantonner au score d’Eva Joly (1,3%) : là encore, c’est chez Jibrayel qu’il pourrait glaner des voix. Ainsi, dans un sondage Opinion Way de novembre 2011, KZ faisait jeu égal à 23 % avec le sortant et recueillait 78 % d’opinions favorables contre 48 % à Jibrayel. Dans un territoire tenu jusqu’en 2007 par le parti communiste, Jean-Marc Coppola doit miser sur cette dispersion des voix du candidat PS et sur le maintien des siennes pour accéder au second tour. Le gagnant de cette primaire à gauche devrait ensuite affronter le frontiste Bernard Marandat, qui devrait lui conserver les voix de Le Pen.

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Commentaires

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  1. Anonyme1 Anonyme1

    Tous ces sondages et calculs ne servent qu’une cause à mon avis : celle de l’abstention … On a de moins en moins envie d’aller voter tant on a l’impression que tout est joué d’avance …

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  2. pellicani chistian pellicani chistian

    Le front de gauche va poursuivre le travail jusqu’au 17 juin afin de redonner des couleurs à ces arrondissements. Attendez le deuxième tour de la présidentielle avant de pronostiquer une victoire facile pour Tian!

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  3. Alain Le Lougarou Alain Le Lougarou

    Ah si le PC et le Front de Gauche avaient désigné l’ancien député F.DUTOIT dans les quartiers nord , ils auraient eu un député .
    Pour ce qui est de la circonscription de D.TIAN à venir , beaucoup d’électurs socialistes ou socialisants ont voté JL.MELENCHON ,dégoûtés par le parachutage à venit de JP.MIGNARD et par les manoeuvres de P.MENNUCCI;

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  4. Keut Keut

    Je suis content d’avoir Marie-Arlette Carlotti comme candidate, une des rares courageuses à à ne pas avoir baissé la tête devant les Guérini et autres “stranges” de la politique marseillaise… Et comme en votant pour elle, on aurait l’occasion d’éliminer un autre “strange” du camp d’en face, c’est double satisfaction

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  5. Romain Mathieu Romain Mathieu

    Le résultat du Front de Gauche dans la 3e circonscription est de 13,7 %. Le résultat que vous donnez ne correspond qu’au 13e arrondissement. J’espère qu’il n’y a pas trop d’erreur comme celle-là pour votre analyse…

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  6. Amandine Amandine

    Vous faites bien d’intituler politique fiction. Sur la quatrième circo j’adore votre commentaire au détour d’une phrase donnant 10 % à Lisette Narducci quand tout le monde sait comment Mennucci est en manque de crédibilité

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  7. druide67 druide67

    Quand on voit les scores cumulés de l’UMP et du FN, les socialistes ont des questions a se poser sur l’image qu’ils donnent au niveau du département.
    Ils feraient bien de réagir avant qu’il ne soit trop tard!

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