"Ce n'est pas l'Etat qui va imposer un projet métropolitain"

"Ce n'est pas l'Etat qui va imposer un projet métropolitain"

Directeur de l'institut d'urbanisme et d'aménagement régional d'Aix-Marseille Université, Jérôme Dubois est à la fois urbaniste et spécialiste des politiques publiques territoriales. Il est par ailleurs élu lui-même et maire (PS) de Volx, petite commune des environs de Manosque. A tous ces titres, il suit de près le débat autour de la métropole et sa naissance douloureuse.

Il a d'ailleurs noté qu'un collègue à lui, urbaniste, Laurent Théry a été nommé à l'automne dernier à la tête de la mission de préfiguration de la métropole. "C'est un signe fort, le projet est bien d'inventer un avenir en terme d'aménagement du territoire. Or, celui-ci est très fractionné en terme de logements, d'espaces naturels et de déplacements. L'idée est donc d'arriver à recoudre l'ensemble de ce territoire dans un projet d'aménagement cohérent et partagé". Un projet qui doit être travaillé en même temps à toutes les échelles de l'aménagement.

Car avant de passer à de l'urbanisme opérationnel, il faut donner à la métropole un véritable projet. "Aujourd'hui, le monde scientifique, le monde économique, les élus et la majeure partie de la population partagent un certain nombre de constats sur ce territoire. Le premier est qu'on vit ensemble. C'est même l'Insee qui le dit : nous vivons dans une seule aire urbaine dont les fonctions sont totalement partagées". Ce projet doit donc s'appuyer sur de l'opérationnel, de l'équipement en dur mais aussi fabriquer un "rêve commun". "Avec la métropole, l'idée est de montrer qu'on a un avenir commun", formule-t-il.

Et si l'institution a mis du temps à rattraper le réel, Jérôme Dubois pense qu'aujourd'hui "les esprits sont prêts pour travailler sur la métropole. On a une multiplication des réflexions dans différents champs". Du côté du monde économique à l'université, en passant par les techniciens des agences d'urbanisme et les conseils de développement, "il y a une espèce d'attente un peu forte, les esprits sont mûrs. Le gouvernement a donc bien choisi sa date. D'ailleurs, personne n'a vraiment été surpris". Pour l'urbaniste et politiste, s'il y a des réticences, il y a aussi des contre-propositions, ce qui montre bien qu'il faut faire avec l'idée de métropole : "Ce n'est pas l'Etat qui va créer et piloter la métropole et imposer un projet métropolitain. L'état a créé l'arène maintenant il faut que chacun se mette autour de la table. D'abord, les élus parce qu'ils ont à la fois la légitimité élective et les moyens financiers. L'Etat est désargenté. Nous sommes dans une France post décentralisation, désormais les collectivités sont toutes puissantes".