Candidats socialistes : retour sur une débandade comptable

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le 2 Fév 2015
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Candidats socialistes : retour sur une débandade comptable
Candidats socialistes : retour sur une débandade comptable

Candidats socialistes : retour sur une débandade comptable

C'est une avalanche de chiffres en négatif ou en positif qui s'amoncellent  au gré des six décisions de la commission nationale des comptes de campagne. Ils témoignent du moment de désordre qui a présidé au dépôt des comptes de campagne des candidats socialistes et écologiste aux dernières municipales en mai puis en juin 2014. Six d'entre eux, les têtes de liste de secteur Karim Zéribi (EELV), Christophe Masse, Marie-Arlette Carlotti, Eugène Caselli, Garo Hovsepian et Annie Lévy-Mozzziconacci (PS) avaient rendez-vous ce mardi après-midi rendez-vous au tribunal administratif. En jeu : un risque d'inéligibilité pour les six conseillers municipaux et le remboursement de la moitié de leurs frais de campagne, représentants des dizaines de milliers d'euros. Marsactu a eu accès aux décisions de la commission nationale des comptes de campagne qui décrivent par le menu un incroyable mic-mac financier.

Au départ, c'est un double dépôt de comptes qui pose problème. Le premier a lieu normalement le 30 mai, dernier jour de dépôt autorisé. Quelques jours plus tard, le 10 juin, le cabinet d'expertise-comptable Sofideec Baker Tilly redépose un second bilan largement corrigé mais hors délai. Cette erreur manifeste est assumée par le cabinet notamment dans un courrier adressé aux candidats et à la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

Nous avons dans l’urgence recruté des collaborateurs remplaçants en CDD, mais qui n’avaient aucune pratique des comptes de campagne. Leur accompagnement dans cette phase où l’équipe était concentrée sur le bouclage des comptes n’a pas été évidemment des plus performants. […] Nous sommes les premiers, soyez-en assurés, à regretter cette situation et la complication dans laquelle nous avons mis les candidats qui nous ont fait confiance pour cette mission de présentation des comptes de campagne dont vous-même… […] Nous assumons pleinement notre responsabilité dans la présentation de vos comptes.

Problème, certains candidats diront ne l'avoir appris qu'au moment des premiers échanges avec la commission. Et pour cause : tous ont signé plusieurs exemplaires de leurs comptes en blanc "en cas d'erreur de saisie". C'est un de ces formulaires de secours qui est finalement utilisé pour corriger non pas une petite méprise mais une grosse boulette. 53 875 euros de factures et d'apports en nature sont oubliés dans les comptes de Garo Hovsepian, candidat dans le secteur le plus peuplé de la ville dont le budget autorisé est le plus important. 40 355 euros sont aussi omis pour Karim Zéribi et autour de 20 000 euros pour les quatre autres. Dans le même temps, d'autres dépenses sont comptabilisées plusieurs fois.

"Ce cabinet avait travaillé sur les campagnes de François Hollande et Ségolène Royal, nous faisions confiance", explique un candidat pour justifier les blancs-seings. La commission n'a pourtant pas regardé l'affaire du même œil distrait. Pour elle, le problème ne tient au dépôt hors délai des comptes de campagne mais à des pièces comptables injustifiées. Elle s'intéresse à la principale facture laissée de côté lors du premier dépôt, celle d'une imprimerie des Pennes-Mirabeau, la société Brémond. Elle travaille depuis plus de trente ans avec les socialistes. Cette fois-ci, elle s'est chargée des professions de foi, des bulletins de vote, des affiches pour environ 20 000 euros par secteur. Pour la CNCCFP, c'est clair : "[Ces dépenses] ont trait aux documents électoraux produits spécifiquement pour la liste du secteur, dont le candidat et son mandataire ne pouvaient ignorer que le coût devait figurer au compte de campagne." Impossible de ne pas en avoir connaissance sauf si l'on ne sait pas ce qu'on a signé.

Le candidat seul responsable

La facture de l'imprimeur a certes mis du temps à être produite. Gérée par la fédération socialiste, cette dépense globale devait être savamment répartie et refacturée secteur par secteur. Cette règle de trois est une des joies des élections "PLM", Paris-Lyon-Marseille. Avec le découpage en secteur, ce sont autant de comptes qui doivent être déposés. Les dépenses engagés pour le candidat au fauteuil de maire de la ville, Patrick Mennucci, doivent être divisées en 8 parts non égales, en fonction de la population de chaque secteur municipal. Le calcul est en apparence complexe mais tout habitué des élections et, a fortiori, un expert-comptable sont censés le maîtriser aisément.

La facture n'est pourtant produite que le 28 mai, deux jours tout pile avant le dépôt. "C'est souvent comme ça, tout se fait au dernier moment, commente un habitué de la calculette politique. Une fois les élections passées, tout le monde s'évapore. Mais là, c'est vrai que ça semble vraiment tardif." La commission le pense aussi. Dans ses jugements, elle renvoie l'organisation de la campagne à ses propres turpitudes : "Compte tenu de la date de ces factures, et donc de leur production tardive, leur omission ne peut être imputable à une simple erreur comptable", tance-t-elle avant de rappeler que c'est bien au candidat et à lui seul qu'incombent la responsabilité de "l'établissement du compte de campagne et son exhaustivité".

Au fil des six jugements concluant au rejet des comptes de campagne, on s'aperçoit que les dépenses engagées par les partis ont été elles aussi mal traitées. Exemple avec Garo Hovsepian : le 10 juin, celui-ci se voit imputer en supplément 13 181 euros de frais de réunions publiques, 359 euros du micro-parti de Patrick Mennucci Pour Marseille 2014 , 1033 euros d'Europe écologie-les Verts et 3558 euros de dépenses proratisées par le parti socialistes pour la rémunération de la société de la directrice de cabinet du candidat Mennucci, Dominique Bouissou.

La boîte à gifles est amorcée

Ces situations ubuesques ont suscité bien des rancœurs chez les candidats ainsi retoqués. Il ne faut pas pousser beaucoup les recalés pour qu'ils s'étonnent du fait que leur ex leader soit passé entre les gouttes des approximations comptables. "Il s'en sort par le fait qu'il est le moins impacté. Pour quelle raison ? Je ne sais pas", balaie un proche du dossier. D'autres pestent d'avoir "joué collectif après les primaires" et notent que Samia Ghali a eu le nez creux en optant pour une communication déconnectée de la campagne générale au lendemain de cette élection interne houleuse. Au final, avec respectivement 4 % et 1 % d'erreur, Mennucci et Ghali sont restés dans les marges tolérées par la commission. "Scandaleux" avait jugé lors de l'annonce Karim Zéribi dans un tweet.

 

 

En cas d'issue trop défavorable en justice, la boîte à gifles contre l'ancien tête de liste Patrick Mennucci est donc déjà amorcée. À l'audience, le rapporteur a conclu au rejet des comptes de campagne mais pas à une peine d'inéligibilité "au bénéfice du doute" sur le caractère délibéré de cette entorse à la règle électorale. Si quand il rendra sa décision dans quinze jours, le tribunal administratif devait suivre le rapporteur public, les critiques devraient se faire moins virulentes puisqu'elles ne signifieraient pas la fin de carrière pour les élus concernés. Les détails pour ne pas pénaliser les finances personnelles des candidats sont déjà réglés. Au début du mois, une réunion a encore eu lieu à Solférino et le parti socialiste s'est à nouveau engagé à rembourser ce que l'État ne prendrait pas à sa charge. L'expert-comptable qui a reconnu ses erreurs devrait faire jouer ses assurances professionnelles. Sur le plan politique, les six anciens candidats pourront garder leur place dans les hémicycles des conseils municipal et communautaire  et pour certains se présenter aux départementales et aux régionales dès cette année. Pour eux, l'essentiel est bien là.

 

Article actualisé à  l'issue de l'audience au tribunal administratif

 

Ci-dessous, les six décisions de la commission nationale des comptes de campagne

 

 

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Commentaires

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  1. Anonyme Anonyme

    Je me marre!Ces socialistes et consorts sont pitoyables!omment peut-on imaglné que ce cabinet d’Expertise Comptable,l’un des plus important deParis,et qui de plus connait les régles,ce soit fourvoyé à ce point!Je pense que devant la cata,le cabinet a accepté d’endosser la responsabilite en arguant d’arguments qui ne trompent personne!L’UMP au moins est plus crédible,meme pour Blum ou en l’espece il ne s’agirait que d’une interprétation des textes!

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  2. Gepetto Gepetto

    Et ils prétendent gerer Marseille, le département, la France.
    Au mieux ce sont des nuls.
    Au pire….

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  3. julijo julijo

    Au mieux c’est de l’indifférence pour les choses “vénales”, et pour des candidats c’est pas terrible, au pire c’est de l’incompétence, et c’est à peine plus grave. Pourquoi se sont ils déconnectés de ce financement, sachant que ce sont les contribuables qui payent in fine ??? Par simple respect des citoyens qu’ils sollicitaient, ils auraient pu s’y intéresser.
    Ce qui m’amuse c’est que sur tous les sujets, il y a des commentaires vraiment rigolos !
    Untel trouve qu’à l’UMP c’est mieux, certes, la preuve, Copé vient d’être mis en examen pour abus de confiance….un autre pense qu’il votera FN pour échapper au système “Umps”….et quelques élus Fn sont déjà en délicatesse avec la loi, sinon la justice au fil des mairies….
    Ca c’est marrant.
    Chacun trouve que “les siens” sont mieux. Pourtant il n’y a qu’une solution : qu’ils s’en aillent ces élus. Ils jettent l’opprobre sur le fonctionnement de la démocratie. On les a vraiment assez vu (et assez payés)

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  4. Trésorier Trésorier

    Ces gens ne savent pas gérer leurs comptes et prétendent gérer la France et nos collectivités locales…..

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  5. piqueboufigue piqueboufigue

    honte à ces élus et une minstre grande gueule,qui confient les comptes de campagne a des incompétents,et ces gens la voulez gouverner Marseille,heureusement que les marseillais ont fait le bon choix,a mon avis tout élus,je dis bien tout élu avec une casserole grosse ou petite,ne devrez plus se presenter au suffrage universel,je repete tout élu,il y a 60 millions de Français qui peuvent les remplacer sans casseroles.quand je vois certaine tete de liste pour les départementales…….

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  6. Anonyme Anonyme

    attendons patiemment la décision du TA, en espérant qu’il renvois ces incapables dans leurs pénates une bonne fois pour toute, oust du vent… virez-les…. et qu’ils s’attaquent à l’origine du mal : mennucci!!

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  7. Anonyme Anonyme

    Je crois que vous avez mal lu la déçision du Tribunal,ce dernier a simplement retenu les explication des avocats,libre a vous de consideré que les juges s’accomodent de la loi,ce serait une premiére!

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  8. Mars ouille Mars ouille

    Monsieur Leforesteier, c’est dur d’être aimé par des cons…

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  9. C EST BIENN RELOU C EST BIENN RELOU

    Le rapporteur du TA ne demande pas l’inéligibilité ” au bénéfice du doute ” alors qu’il sait très bien , documents et observations de la CNCC qu’il y a eu des fraudes intentionnelles sur la deuxième présentation des comptes de campagne signés comme l’écrit Marsactu , en blanc par chaque tête de liste.
    Outre le tardif retard du deuxième dépôt avec un compte dépenses différent , il y a eu une volonté délibérée de frauder la règle de Droit et le Code Electoral .
    Cette prise de position du Rapporteur est plus qu’étrange car je ne pense pas qu’il méconnaisse la Loi .
    Outre les honoraires juteux de dame BOUISSOU , il y a eu aussi les rémunérations substantielles de YVES BOTTON et sa femme qui ……était candidate dans le 13/14 .
    C’est la première fois qu’une candidate d’une liste est rémunérée sur le budget de la liste sur laquelle elle est candidate.
    Un délai de quinze jours pour rendre le délibéré sera-t-il suffisant aux juges administratifs pour respecter le Code Electoral et ne pas nous ressortir ” au nom d’un doute” ?
    Dans le cas où l’inéligibilité ( qui peut ici aller de un à cinq ans ) on pourra clamer haut et fort que la Loi n’est pas appliquée de la même manière selon que vous soyez petit citoyen ou politicien .
    Une atteinte de plus à la même Justice pour tous !

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  10. Anonyme Anonyme

    Ne dites pas n’importe quoi. Yves Botton n’était pas payé puisqu’il travaille au Conseil Régional et sa femme était bénévole. Arrêtez d’être toujours médisant.

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  11. Anonyme Anonyme

    je ne vous crois pas. vous dites ça uniquement pour salir M.Mennucci et son équipe. Ces gens sont des militants engagés qui ne se font pas payer pour défendre leurs convictions. tout ça est petit

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