Cafouillage en mairie : les vacataires des bibliothèques n’ont pas été payés en février

La bibliothèque de l'Alcazar.

“C’est urgent, là. Le paiement du loyer, c’est maintenant.” Comme l’ensemble des 27 vacataires qui travaillent chaque semaine dans les bibliothèques municipales marseillaises, D. n’a pas reçu de salaire à la fin du mois de février : “La semaine du 19 février, on a reçu une fiche de paye avec écrit “zéro euro” dessus”. Chaque mois, la Ville de Marseille a recours, en plus de ses fonctionnaires, à des personnels réalisant des vacations – et donc rémunérés au “service fait” – pour faire tourner les bibliothèques. “Nous travaillons les jours où il y a le plus d’affluence. Soit le mercredi, soit le samedi, soit les deux, précise D. À la fin du mois, nos heures sont décomptées et remontées aux services de la Ville qui gèrent ça. Et nous sommes payés avec un mois de décalage”.

Sauf que cette fois, le traitement de janvier qui devait être versé en février, ne l’a pas été. Les vacataires se sont donc manifestés auprès des directions des établissements dans lesquels ils travaillent. Certains ont aussi saisi la CGT qui a écrit, jeudi dernier, à la direction des ressources humaines (DRH) un courrier que Marsactu a pu consulter. “Nous venons d’apprendre que les quelque trente vacataires du Pôle lecture publique (PLP) n’ont pas reçu leur traitement de janvier qui devait leur être versé fin février. Malgré les interventions du PLP auprès de votre direction, il ne serait pas possible de verser même une avance. Les vacataires devraient recevoir fin mars le cumul des deux rémunérations de janvier et février”, résume l’organisation syndicale dans sa lettre.

“Je vais finir à découvert”

“C’est une situation insupportable !”, s’irrite Chantal Langlais-Boller, représentante de la CGT dans les instances paritaires à la Ville de Marseille. “La déclaration des “services faits” doit arriver à une date précise, c’est souvent serré. Là, ils ont eu un raté qui est la conséquence du manque d’effectifs au sein des agents intermédiaires dans les bibliothèques”, cadre-t-elle. Elle pointe une série de dysfonctionnements : “La personne qui envoie des fiches de paie à zéro euro, rien ne l’alerte ?”. Les services municipaux admettent, eux, “un retard dans le constat de ces services faits, ce qui a entraîné un retard dans la paie”. De son côté, Jean-Marc Coppola, l’adjoint (PCF) à la culture, reconnaît “une erreur qui n’aurait pas dû avoir lieu, mais qui est en train d’être rattrapée”.

Ce sont les plus précaires des plus précaires qui ne sont pas payés. Il faut absolument trouver une solution rapidement !

Françoise Risterucci, CGT

À l’image de D., les vacataires demandent que des mesures d’urgence soient débloquées. “En ce qui me concerne, cela me fait 600 euros de moins ce mois-ci. On a tous des loyers et des frais à payer. Comment allons-nous faire ? On se sent très démunis… Je sais que je vais devoir demander de l’aide et que je risque de finir à découvert”, déplore D., qui travaille à la bibliothèque pour financer ses études. “Qui peut se passer de son salaire pendant un mois ? Ce sont les plus précaires des plus précaires qui ne sont pas payés. Il faut absolument trouver une solution rapidement !”, ne décolère pas François Risterucci, co-secrétaire générale de la CGT des territoriaux de la Ville. Le courrier envoyé par la CGT à la direction des ressources humaines (DRH) réclame donc à la trésorerie municipale “de faire son possible pour une mise en œuvre exceptionnelle de ces traitements hors délais et de manière dérogatoire”.

Courrier à Benoît Payan

Des solutions temporaires ont été évoquées, comme des avances pour les personnes dont la situation serait la plus délicate. “Pour l’instant, nous n’avons aucune certitude sur leur faisabilité, malgré le fait que depuis une semaine, on cherche tous à joindre les services concernés“, regrette D. La proposition fait bondir Chantal Langlais-Boller de la CGT : “Il n’est pas question d’étudier des situations individuelles pour savoir qui pourrait être payé plus tôt ! Ils ont réalisé leur mission, ils méritent un salaire, point !”. Un autre courrier a été adressé, ce mardi 5 mars, à Benoît Payan “pour qu’il fasse pression sur la trésorerie”.
Sollicitée par Marsactu, la municipalité promet une résolution rapide du problème : “La DRH de la Ville de Marseille a travaillé avec la direction de la culture pour identifier les agents et lister les vacations qui n’ont pas été payées. En début de semaine, le calcul de la paie a été réalisé sur la base de ces éléments et la direction a transmis la demande au trésorier d’un versement en urgence pour ces 27 agents. La Ville de Marseille espère donc le versement dans les prochains jours.”
D’ici au règlement du traitement en retard, les personnels vacataires ne cachent pas leur amertume face à cet épisode qui traduit selon eux “un manque de considération”. “Nous, on nous appelle à la dernière minute pour bosser et nous sommes fidèles à ce système. Parce qu’on a besoin de ce boulot pour vivre, surtout quand on est étudiant. Mais là, depuis les premières alertes faites aux directrices, on nous balade, souligne D. Personne ne nous a appelés, personne ne nous tient informés, personne ne s’est excusé… On a l’impression que le fait qu’on se retrouve dans une situation de merde, ça n’a aucune importance. Et ça c’est hyper violent”.