“Passe-Partout”, l’artisan de l’office antistup de Marseille qui a déballé l’affaire Trident

L’enquête de l’IGPN, la police des polices, sur l’affaire “Trident”, dont l’épais dossier judiciaire met lourdement en cause les pratiques de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) marseillais, repose sur un témoin clé. “Passe-Partout”, ou “Hervé” (dont le prénom a été modifié), brillant artisan recruté il y a plus de 20 ans comme serrurier et poseur de caméras miniatures officieux pour le compte de l’Ofast marseillais. Le Monde dresse son portrait, publié le 29 juillet, et raconte comment, en dehors de tout cadre légal, la police judiciaire avait plus souvent recours à ses services que le service interministériel d’assistance technique (le SIAT), normalement dédié à la pose de micro et de caméra.

Il est par la suite mis sur le coup de l’opération “Trident” début 2023 : utiliser quatre cents kilos de cocaïne surveillés comme appât dans l’objectif de coincer de gros trafiquants. C’est lui qui posera les caméras chargées de surveiller la marchandise qui va fondre comme neige au soleil alors qu’aucun trafiquant ne sera arrêté. “Passe-Partout” finit par révéler l’ampleur de la débâcle auprès de la hiérarchie policière le jour où il réalise qu’il y a “anguille sous coke”, affirme-t-il. Résultat : deux informateurs et deux policiers incarcérés pour importation et trafic de stupéfiants, un capitaine de police mis en examen pour les mêmes motifs et deux commissaires de police de l’Ofast poursuivis pour faux en écriture publique par personne dépositaire de l’autorité publique. Hervé, lui, est passé au travers du filet. Sa spécialité, finalement.