À peine sorti de son procès, le marchand de sommeil Zennou expulse un locataire
Raphaël Zennou, propriétaire de plusieurs immeubles taudis dans le quartier de Noailles, vient de réussir à faire expulser l’un de ses locataires, révèle La Marseillaise. La méthode choque, le timing, encore plus : cet octogénaire vient de comparaître devant le tribunal correctionnel de Marseille justement pour sa gérance d’appartements insalubres. Poursuivi pour “soumission de personnes vulnérables à des conditions d’hébergement indignes”, mais aussi pour avoir perçu des loyers sur des appartements en péril interdits à la location, il s’est vu requérir à son encontre quatre ans de prison, dont un ferme.
L’homme que Raphaël Zennou a expulsé est d’ailleurs partie civile dans cette procédure. L’enquête judiciaire a démontré que les loyers réclamés par le propriétaire sur cet appartement n’étaient pas dus, car suspendus par un arrêté de péril. Cela n’a pas empêché le mis en cause d’aller au bout de sa démarche, avec le concours d’un huissier et de forces de l’ordre, et l’aval d’une décision de justice au civil. L’avocat du locataire expulsé a annoncé déposer un recours en référé. Quant au jugement pénal de Raphaël Zennou, de sa femme et de leur homme de main, il sera rendu le 12 mai prochain.
Actualisation le 10 avril 2025 à 10h30 : ajout précisant que l’expulsion a eu lieu suite à une décision de justice.
Source : La MarseillaiseCommentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
“avec le concours d’un huissier et de forces de l’ordre”.
Il n’ya pas un problème là ? Ce type a visiblement des appuis.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Le concours des forces de l’ordre est effectivement pour le moins choquant dans cette affaire. Qui l’a ordonné ?
Mais ici, on voit que ce saint homme est bien une ordure. Il serait souhaitable que les juges tiennent compte de cette péripétie dans leur délibération.
Se connecter pour écrire un commentaire.
alors un huissier il suffit de le payer, et il constate ce qu’on lui demande de constater. mais les forces de l’ordre ? c’est effectivement bizarre.
sinon, c’est sûr, on le savait déjà, mais ce type est affreusement odieux.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Il devrait finir sa vie en prison. Aucune pitié pour les ordures …
Se connecter pour écrire un commentaire.
+++
Se connecter pour écrire un commentaire.
Les ordures ont sait où les jeter 😡😡😡
Se connecter pour écrire un commentaire.
Il serait bon de rappeler aux lecteurs de Marsactu qui fantasment sur des “appuis” ou le simple fait de payer un huissier pour faire expulser un locataire les basiques de la procédure en la matière.
Dans l’hypothèse d’un bail d’habitation (donc ni un bail civil, ni un bail meublé), le propriétaire dispose de deux principaux moyens pour mettre fin au bail unilatéralement au bail :
– le défaut de paiement du loyer par le locataire
– le défaut d’assurance
Je passe donc sur les autres moyens (trouble de voisinage et autres défauts du locataire à ses obligations).
Pour simplifier, on appliquera également le principe de Pareto pour se focaliser sur les cas les plus fréquents.
Tout commence quand le locataire ne paye pas ce qu’il doit au propriétaire. Ce dernier peut lui envoyer des mises en demeure. Mais le point de départ de la procédure reste le commandement de payer, délivré donc par huissier, aux frais du propriétaire. Le coût est d’environ 180 EUR. La loi oblige l’huissier à déclarer cette démarche auprès de la préfecture, qui peut ainsi anticiper une future expulsion, et de la CAF, qui suspend alors le versement d’éventuelles allocations logement. Ces deux administrations sont aussi informées du montant de la dette du locataire, qui comprend le coût du commandement.
Deux mois plus tard, sans action du locataire pour rembourser sa dette, le propriétaire peut alors assigner le locataire devant le juge. Il s’agit d’une procédure en référé, c’est à dire en urgence. Etant donné l’indigence de notre justice, notamment à Marseille, le greffe inscrit l’affaire environ 6 mois après l’assignation. Le coût est là encore à la charge du propriétaire. Il faut compter environ 1000 EUR d’honoraires d’avocat et 200 EUR de diligences d’huissier. Dans l’assignation, le propriétaire demande (i) la résiliation du bail (faut-il encore que le bail soit correctement rédigé et qu’il dispose d’une telle clause), (ii) le paiement d’une indemnité d’occupation qui correspond généralement au montant du loyer pour la période occupée sans titre entre la résiliation du bail et la sortie des lieux et (iii) le recours à la force publique en cas de refus du locataire d’évacuer les lieux.
Deux mois après la date d’audience, si aucun renvoi n’a été demandé ou subi (à cause d’une grève de la justice par exemple, ou d’un magistrat absent), l’ordonnance de référé en rendue. Si elle est favorable au propriétaire, le bail est résilié et le locataire est condamné à payer une indemnité d’occupation et les frais engagés par le propriétaire pour la procédure (mais en pratique, une partie seulement). Pour que la décision du juge soit opposable au locataire, le propriétaire doit lui signifier par voie d’huissier. Coût pour le propriétaire : 150 EUR
Deux mois après la signification de l’ordonnance, et si aucun recours n’est intervenu, le propriétaire peut demander à l’huissier de tenter de récupérer le logement. C’est l’expulsion, qui ne peut pas intervenir pendant la trêve hivernale.
Si le locataire refuse de quitter les lieux, l’huissier est tenu de demander le concours de la force publique. En aucun cas l’huissier ne peut forcer le locataire à partir. Si aucun équipage de police ou gendarmerie ne se déplace, l’huissier doit donc s’adresser au préfet.
En pratique, le préfet refuse (rarement) ou ne répond pas (la plupart du temps). S’il refuse, c’est pour ne pas causer de trouble à l’ordre public. C’est notamment le cas dès que des jeunes enfants font partie du foyer du locataire. S’il ne répond pas c’est que les services sont débordés.
Dans ces deux cas, le propriétaire doit assigner l’Etat devant le tribunal administratif. Et de nouveau payer environ 1200 EUR à un avocat. Le propriétaire est alors quasiment assuré de gagner : d’une part le tribunal ordonne au préfet d’expulser le locataire, d’autre part, il condamne l’Etat à payer au propriétaire l’équivalent du loyer entre le moment où la réquisition a eu lieu et le moment où le locataire a effectivement quitté les lieux. Evidemment, le coût de l’inaction du préfet est in fine payé par le contribuable.
Arrive donc le moment où le locataire quitte les lieux avec le concours de la force publique. Ensuite, s’il est insolvable, et grâce à la procédure de rétablissement personnel, le propriétaire ne reverra jamais les frais engagés ; jamais. Et ce sans compter les loyers perdus.
Donc, sans connaître un seul élément de la procédure initiée par ce monsieur, il est absolument certain que si un juge a ordonné le recours à la force publique, c’est que le propriétaire était dans son droit le plus absolu, tout “marchand de sommeil” (les guillemets sont là pour rappeler qu’il ne s’agit pas d’un terme juridique) qu’il soit.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Moi non plus, je ne connais pas le détail de cette procédure, ce qui me permet d’éviter d’écrire des dizaines de lignes. Je me suis contenté de lire l’article : “L’enquête judiciaire a démontré que les loyers réclamés par le propriétaire sur cet appartement n’étaient pas dus, car suspendus par un arrêté de péril.”
Se connecter pour écrire un commentaire.
Je suis ravi d’apprendre que vous avez répondu à mon commentaire sans l’avoir lu.
Si vous ne lisez pas non plus celui-ci, vous ne comprendrez donc pas qu’en cas d’arrêté de mise en sécurité, le paiement du loyer est suspendu mais pas celui des charges.
Et vous ne lirez pas la réponse à votre question sur “qui a ordonné le concours des forces de l’ordre” : le juge (à supposer que la procédure ait été respectée).
En outre, j’espère que les magistrats sauront apprécier vos précieux conseils (“Il serait souhaitable que les juges tiennent compte de cette péripétie dans leur délibération.”) pour les aider à rendre leurs prochaines décisions.
Enfin, qualifier l’intéressé comme vous l’avez écrit est possiblement une injure publique.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Je vous félicite de vous ériger en censeur de ce qu’il est licite d’écrire ici. Apparemment, les conditions d’hébergement des malheureux que “loge” ce marchand de sommeil vous choquent moins qu’un mot dans les commentaires. Ah mais, pardon, c’est vrai que “marchand de sommeil” n’étant pas une qualification juridique, ça n’existe pas. Et les victimes non plus, par voie de conséquence.
Se connecter pour écrire un commentaire.
En cas de péril, le loyer n’est pas dû. La procédure de recouvrement jusqu’à l’expulsion est donc illégale, et il très choquant qu’huissier (nul n’est censé ignorer la loi, a fortiori un juriste assermenté) et les forces de l’ordre soient intervenus. Le monsieur sujet de l’article est bel et bien un marchand de sommeil, indéniablement.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Rédaction bidon.
Zennou n’a rien expulsé du tout, il a fait expulser, c’est pas tout à fait pareil.
Si les forces de police étaient présentes, c’est que la préfecture les avait requise, et je vois mal le préfet ordonner une expulsion si elle n’est pas légale.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Le titre de la brève est en effet très mal écrit. Il ne reflète pas la réalité des faits qui est pourtant bien relatée dans l’article.
@Marsactu il serait de bon ton de corriger ce titre : c’est une chose d’être “choqué” par la “méthode” (laquelle s’appelle la loi soit dit en passant), c’est autre chose de travestir les faits.
Par ailleurs, je me répète, même si le qualificatif de “marchand de sommeil” n’est pas un terme juridique, ce monsieur n’a pas été condamné puisque le jugement sera rendu le 12 mai. Attention à la présomption d’innocence.
Se connecter pour écrire un commentaire.
En cas de péril les loyers ne sont pas dus, la procédure est donc illégale. L’intervention des forces de l’ordre ne peut qu’interroger.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Bonjour, pour répondre à tous les commentaires, l’expulsion a évidemment été mise en œuvre suite à une décision de justice (au civil). Nous venons d’ajouter cette précision, qui est déjà mentionnée dans l’article de La Marseillaise vers lequel renvoie cette brève.
Se connecter pour écrire un commentaire.
on ne peut pas lire l’article si on n’est pas abonné…
mais c’est “simplement” une affaire de délai, et de trêve hivernale.
l’ordre d’expulsion a été valable dès le 31.03, et n’a aucun rapport avec le tribunal correctionnel, le logement insalubre, l’arrêté de péril…
les affaires se sont chevauchées dans le temps. c’est très dommage pour le locataire expulsé qui est maintenant à la rue (pris en charge par la fondation pour le logement des défavorisés).
Se connecter pour écrire un commentaire.