Bras de fer autour des urgences psychiatriques entre Édouard-Toulouse et l’AP-HM

Actualité
le 17 Sep 2018
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Ce lundi, les médecins de l'hôpital Édouard Toulouse sont en grève. Ils dénoncent la dégradation d'un partenariat avec l'AP-HM, qui les amènent régulièrement à être seul pour gérer les urgences psychiatriques de l'hôpital Nord.

Bras de fer autour des urgences psychiatriques entre Édouard-Toulouse et l’AP-HM
Bras de fer autour des urgences psychiatriques entre Édouard-Toulouse et l’AP-HM

Bras de fer autour des urgences psychiatriques entre Édouard-Toulouse et l’AP-HM

“On n’a plus vraiment le sentiment d’être dans un partenariat authentique, on a plutôt l’impression d’être leurs esclaves”, lâche Yves Guillermain, médecin psychiatre et président de la commission médicale d’établissement à l’hôpital Édouard-Toulouse. Entre le centre hospitalier de psychiatre des quartiers Nord et l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), les relations se tendent. Depuis mi-juillet, les psychiatres d’Édouard-Toulouse de garde le week-end aux urgences de l’AP-HM se déclarent en grève contre ce qu’ils jugent être une entorse à l’accord qui les lie à l’assistance publique. Et ce lundi, la plupart des praticiens hospitaliers d’Edouard-Toulouse se déclareront en grève, alors que deux réunions doivent avoir lieu avec l’AP-HM cette semaine.

Au cœur de la controverse, un partenariat assez ancien entre l’hôpital et l’assistance publique : les praticiens du premier sont régulièrement amenés à travailler au sein des établissements de la seconde. Ainsi, les urgences psychiatriques de l’Hôpital Nord sont supervisées les nuits, les week-ends et les jours fériés par un tandem entre un médecin “sénior” d’Édouard-Toulouse et un interne rattaché à l’AP-HM. Sauf que l’ouverture d’une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) rattachée à l’AP-HM; c’est-à-dire d’un lieu dédié aux personnes incarcérées avec nécessité d’une prise en charge psychiatrique, début 2018, a changé la donne.

L’interne en tandem avec le “sénior” d’Edouard-Toulouse s’est retrouvé affecté à la fois aux urgences de l’hôpital Nord et à l’UHSA, où il se rend en cas d’urgence en taxi, les deux bâtiments étant à proximité. “Le sénior se retrouve alors en première ligne, parce que ces déplacements sont quasi quotidiens”, ajoute le médecin.

“Les problèmes de l’assistance publique se résolvent sur le dos d’Édouard-Toulouse”

“L’interne est désormais un “interne volant”, dénonce Marie-Thérèse Duault, psychiatre à Édouard Toulouse et représentante du syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), nos praticiens hospitaliers font tout le boulot”. Conséquence, davantage d’attente pour des patients bien souvent en crise, et des tensions qui s’exacerbent. “Face à des gens en crise, il faut prendre beaucoup de temps, entrer en lien, expliquer aux proches, ça ne se fait pas en dix minutes…”,  rappelle Yves Guillermain. Lui-même en a fait les frais lors de sa dernière garde aux urgences psychiatriques : “j’ai travaillé quasiment 18 heures d’affilée”. Certains dimanches, jusqu’à 25 patients peuvent se présenter aux urgences psychiatriques, estime-t-il.

Interrogé, le directeur d’Édouard-Toulouse Gilles Moullec préfère ne pas faire de commentaire sur “un sujet complexe en cours de négociation avec l’AP-HM” avant les réunions à venir. Pour les médecins d’Édouard-Toulouse la confiance avec l’AP-HM est en tout cas rompue et la convention doit être remise à plat. “On a l’impression que tout peut-être modifié à l’envi, on fait déplacer l’interne, on laisse le psychiatre tout seul. Les problèmes de l’assistance publique se résolvent sur le dos d’Edouard-Toulouse. Il n’y a aucune raison que l’on porte une charge supplémentaire pour une structure qui n’est pas notre établissement”, estime Yves Guillermain, qui s’inquiète des risques que fait peser la situation sur l’accueil des patients, en terme de qualité mais aussi en termes de sécurité : “tant que le système fonctionne, tout le monde ferme les yeux, jusqu’au jour où il y aura un vrai problème”. “Nous souhaitons que l’interne reste à l’hôpital Nord et que les budgets prévus soit utilisés pour affecter un interne à l’UHSA”, résume Marie-Thérèse Duault. Contactées, ni l’AP-HM, ni l’ARS n’ont donné suite à nos sollicitations.

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