Bernard Tapie voulait racheter La Marseillaise… dans les années 80

À la une
le 18 Mar 2013
5
Bernard Tapie voulait racheter La Marseillaise… dans les années 80
Bernard Tapie voulait racheter La Marseillaise… dans les années 80

Bernard Tapie voulait racheter La Marseillaise… dans les années 80

Et si tout cela n'était qu'une énorme bévue ? Et si Bernard Tapie s'était juste trompé de quotidien marseillais en difficulté ? C'est en tout cas ce que peut laisser croire ses récentes déclarations à France Bleu Provence, reprises par l'AFP. Il y dit clairement sa préférence : "Je ne partage pas fondamentalement les idées que je trouve dans La Marseillaise", mais "c'est pour moi le quotidien le mieux fait de toute la région". Une déclaration à faire s'étrangler d'étonnement à la fois les salariés de La Marseillaise dont les équipes, de plus en plus réduites, se battent tous les jours pour sortir un quotidien et ceux de La Provence, accusés d'être des incapables.

À l'initiative de la société des journalistes, les membres de la rédaction se sont aussitôt réunis en assemblée générale et ont décidé de publier un communiqué vengeur : "Nous avons été choqués d'entendre dire que « les Marseillais n'ont pas envie d'acheter leur quotidien » et globalement, que nous sommes mauvais. Pour preuve, notre titre ne se vendrait qu'à 30 000 exemplaires par jour à MarseilleLes chiffres donnés par Bernard Tapie sont faux. La Provence est achetée à 46 000 exemplaires et lue par 220 000 personnes chaque jour à Marseille. […] La rédaction de La Provence ne se laissera pas insulter sans réagir. Jamais, jusqu'ici, un patron n'avait piétiné de la sorte une entreprise qu'il a promis de redresser". La lune de miel a viré à l'aigre après la première nuit. Pour certains piliers de La Provence, être comparé au quotidien communiste relève de l'insulte tant le concurrent est perçu comme un "tract" par les anciens du journal "des patriotes socialistes"

Un spin doctor rouge

Or, le nouveau cador de la PQR voit dans La Marseillaise mieux qu'un concurrent, un modèle : "Il est intelligent, il est bien fait, il est bien écrit, bref, je voudrais que les miens soient faits comme ça". Salette ! Mais si Bernard Tapie cite ainsi le quotidien progressiste en modèle du journalisme de proximité, c'est surtout pour faire plaisr  à un de ses vieux compagnons de route, un ancien rédacteur en chef à la plume rouge. En effet, c'est Jean-Noël Tassez qui joue les spin doctor pour l'ancien patron de Manufrance depuis le début des négociations avec le groupe Hersant.

Les deux hommes se connaissent depuis les années 80. Et déjà, à l'époque, un article du Nouvel observateur laissait entendre que Nanard avait des intentions de rachat. "Le quotidien communiste va-t-il changer de bord ?", surtitrait à l'époque le journaliste Serge Raffy (lui-même cité un temps parmi les possibles patrons de La Provence ère Tapie). En tout cas, il avait croisé les deux hommes dans un établissement de nuit : "Fin septembre, dans un cabaret de Marseille, le Son des guitares, Bernard Tapie, patron de l'OM est en conversation avec un étrange jeune homme au visage d'adolescent. Son nom : Jean-Noël Tassez, rédacteur en chef de La Marseillaise, le quotidien communiste du Vieux-Port"

Au milieu des années 1980, le journal connaît une des nombreuses crises qui émaillent son histoire. Il vient de passer au format tabloïd, anticipant en cela une révolution de format qui traversera la France quelques années plus tard. "Mais, à l'époque, c'était révolutionnaire, se souvient un journaliste de ces années glorieuses. Dans la foulée des radio libres, on avait créé radio Sprint dans les locaux du journal. On inventait. C'était La Marseillaise, le canard plein de vie. Lui, c'était une bonne plume qui écrivait de bons éditos. Un homme pétri d'ambitions et qui, dans ces années-là, les mettait au service du journal"

Papa Tapie lisait l'Huma

Tassez élargit également son carnet d'adresses à des stars du show biz, pas forcément des habitués du cours d'Estienne d'Orves qui n'était encore qu'un parking en silo. Mourousi, Barclay et Tapie avec qui il parle affaires, croit savoir le Nouvel Obs : "Un journal communiste gai et informé, c'est le projet que Jean-Noël Tassez, le communiste bcbg, soumet au sauveur d'entreprises dont le père lisait l'huma". On n'en saura pas plus sur les velléités de rachat du golden boy, si ce n'est qu'il aurait même rencontré un des bras droits de Robert Hersant, comme on se retrouve. Très vite, la direction du PC met bon ordre dans les rumeurs et envoie Roland Leroy faire le ménage dans la maison rouge.

Notre homme ne résistera pas longtemps au coup de torchon et aux difficultés économiques du quotidien, contraint de déposer le bilan et de licencier 130 personnes en 1987. De nombreuses plumes quittent alors le journal. Tassez a devancé la charrette. En 1986, avec Pape Diouf, il rejoint la direction de L'Hebdomadaire, journal lancé par le patron du PS 13 Michel Pezet – un autre de ses amis de l'époque. Sans véritable socle économique, l'aventure fait long feu après deux d'existence. Quant à Jean-Noël Tassez, il poursuit son ascension en passant par Radio Monte Carlo où il rejoint Hervé Bourges comme chargé de mission. En 1994, chaudement recommandé par Nicolas Sarkozy, alors ministre de la Communication, il prend la tête de la Sofirad entreprise publique qui impulse l'action extérieure de la France en matière audoiovisuelle.

C'est cette entité très Françafrique qui vaut à Tassez quelques amitiés particulières parmi les rois de la Françafrique et une condamnation dans le cadre du procès Falcone pour recel d'abus de biens sociaux. A l'époque, le marchand d'armes avait épongé les dettes de jeu de Tassez qui menait grand train avec sa compagne Charlotte Rampling. Aujourd'hui, il dirige le cabinet Astorg conseil avec lequel il continue de jouer les éminences grises sur leur stratégie de communication. Avec Tapie, il a du boulot pour longtemps… 

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Anonyme Anonyme

    Comme quoi, on peut être très mégalo et réussir à enfumer les plus grands – jusqu’à y perdre son âme !
    Deux autres têtes d’affiches au tableau de chasse du JNT : le fils Mitterrand qu’il a envoûté et délaissé dans une quasi misère, et le sinistre Brice Hortefeux…

    Signaler
  2. touka touka

    mais tapie ce qui l interesse ce sont
    1 les salaires des journalistes de la marseillaise
    2 le mondial des boules
    dans cette perspective il peut compter sur montana qui a su vendre radio sprint
    ce n est que le debut

    Signaler
  3. Anonyme Anonyme

    Tiens il me déçoit lui et j’espère qu’il évitera de se présenter
    Il met en ruine tout ce qu il touche en résumé ! que du vent !

    Signaler
  4. prometheus prometheus

    Que veux faire Tapie en agissant ainsi ? Cela semble paradoxale. En revanche, s’il veut bouleverser la culture d’entreprise de ses journaux, il s’y prend plutôt bien. En mettant en crise sa propre boite, il la déséquilibre et l’oblige à faire un effort d’adaptation (ex : certains partent et d’autres viennent) pour surmonter la crise en question. Mais ce jeu (ou management)est dangereux notamment en terme de santé au travail… Et si l’institution en question n’arrive pas à s’adapter, elle sombre.

    Signaler
  5. Gaston D Gaston D

    Bruno Gilles a oublié les discussions entre Tapie et l’ineffable Montana via Tassez pour coupler annoncés et publicité de la Provence et la Marseillaise.Une fois que ce sera fait il ne restera plus a Tapie de décider de la vie et de la mort du journal communiste.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire