Bakchich est mort, vive Bakchich !

Un bien triste symbole. Alors que Bakchich devrait être définitivement liquidé aujourd’hui, on apprenait hier que Alexandre Guérini se lançait dans la presse. On ne va pas en rajouter sur newsofmarseille, après on dira qu’on souhaite juste déstabiliser un concurrent. Deux mots simplement au passage. Si rien n’interdit à un homme écroué mais malgré tout bénéficiant pleinement de la présomption d’innocence d’investir dans l’info locale, pourquoi alors le cacher ? Pas une ligne sur le site, pas une ligne dans l’édito, et surtout pas un mot évidemment aux nombreuses personnalités interrogées dans le premier « numéro ».

Ce qui , comme l’a souligné Louise Fessard de Médiapart, vaudra à Childeric Muller, élu Modem au conseil municipal de Marseille de plonger dans le ridicule en osant déclarer au micro du salarié d’un homme qui a construit sa fortune sur des marchés publics, dans des conditions que la justice lui reproche aujourd’hui, et frère de l’homme qui détient les plus gros budgets pub de la région : « les médias ne peuvent pas être entièrement contrôlés par des gens qui sont dépendants des commandes que leur passent les pouvoirs. »

Et ce pauvre Childéric, qui ignorait apparemment à qui il avait à faire de poursuivre dans le comique de situation :  »il faut qu’il y ait à Marseille de la transparence dans l’attribution des logements (…) pourquoi telle famille plus qu’une autre ? (…) les citoyens doivent tous être traités de la même façon » Ce pauvre Jef Carias, commençant quand même sans doute à se sentir un peu mal, de réagir, faussement candide : « mais tous les hommes politiques que je connais font du clientélisme à Marseille, non ? » Et non Jef, t’es pas tout seul, tous les hommes politiques ne font pas ça. Même à Marseille. Et ce n’est pas parce que c’est une tradition locale qu’il ne faut pas la dénoncer, la combattre et la faire disparaître. Même si l’actionnaire de newsofmarseille s’en est fait là aussi, une spécialité.

Premier à tirer

Un système Guérini, que justement Bakchich a été le premier à dénoncer. Et tout ça grâce à Xavier Monnier, le jeune PDG et fondateur de l’hebdo print et web. Alors que les journalistes locaux savaient que le juge Duchaîne et quelques gendarmes tournaient autour d’Alex, et qu’ils en parlaient plus, nous les premiers, dans les dîners sur la Corniche que dans leurs journaux, Monnier avec la fougue de ses 20 ans, a le premier envoyé, et du lourd, s’il vous plait. C’est notamment le premier à avoir réalisé un portrait de Monsieur Frère. Car, et on s’en aperçoit aujourd’hui, même ou peut-être parce que justement Alex vomissait les médias locaux, il s’y intéressait en réalité beaucoup. Syndrome de Stockholm peut-être, qui veut que les otages finissent pas admirer leus tortionnaires.

« Tu sais , Alex il ne parle jamais. C’est parce qu’il t’aime bien qu’il passe du temps avec toi« , expliquera à Monnier Eric Pascal, patron de Queyras et associé du cadet Guérini lors de cette fameuse interview. Xav et Alex se reverront quelques fois, notamment au Cercle des nageurs, pour une autre et dernière interview : « Ah tu m’en as fait perdre de l’argent, j’ai pas pu signer des contrats à cause des affaires, mais c’est pas grave minot, je sais que t’es honnête. » Comme ça commençait ensuite à sentir de plus en plus le roussi, Alex préférera la une et les beaucoup plus confortables colonnes du Nouvel Obs.

Mais Monnier le marseillais, l’enfant du Cabot, ex-handballeur au légendaire club de la Rouvière, continua régulièrement à alimenter son hebdo et son site web de scoop sur « sa plus belle ville du monde », et pas que sur le roi des poubelles. Dans le désordre : le limogeage de Pape Diouf , la vente de la maison de Argy – le patron de FO – à Habitat 13, les ennuis de la CMA… C’est vrai qu’avec son faux air de Julien Doré ou de Jim Morrison – chacun jugera selon sa culture musicale – et son look d’étudiant attardé, personne ne s’est jamais méfié de Monnier. Il parle peu, écoute beaucoup tout en faisant mine de regarder ailleurs, toujours un clope au bec et souvent une mauresque à la main, beaucoup se sont livrés comme à confesse, à cet ex-lycéen de Provence.

Nous l’avons croisé vendredi soir dernier à une projection organisée par la CGT du documentaire sur Ryanair réalisé par son ami Enrico Porsia. Toujours sur le pont, ne montrant rien, gardant pour lui sans doute sa grande tristesse de voir mourir le journal qu’il a créé, de voir s’arrêter brutalement cette belle aventure. Même si Bakchich a fait aussi parfois de grosses erreurs, rien ne leur a été épargné. Et à ceux qui se frottent les mains à Marseille, malgré leurs belles déclarations de facade sur « la liberté de la presse » qu’ils ne se réjouissent pas trop vite. Car selon nos informations, comme on dit dans ces cas là pour faire les importants, Xavier Monnier pourrait dans les prochaines semaines rebondir dans l’édition ou dans la presse mag, en continuant à envoyer du lourd sur la plus belle ville du monde. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Boite Noire comme on dit à Médiapart, ou déclaration d’intérêt comme on dit à Rue89 : pour la transparence que nous vous devons cher lecteur, vous aurez compris que Xavier Monnier est un ami, mais vous devez savoir aussi que Marsactu et Bakchich avaient un partenariat,et  que j’en étais à titre personnel un modeste actionnaire ( je n’ai pas malheureusement fait fortune dans les poubelles ). Quant à Jef Carias, le rédacteur en chef de newsofmarseille, je l’ai recruté quand j’étais directeur général de LCM, puis j’ai mis fin à ses émissions avant de partir, que mes prédécesseurs ont renouvelées. J’ajoute néanmoins que je n’ai jamais eu de relation conflictuelle avec Carias à cette époque. Voilà, vous savez tout, ça vous permet de savoir « d’où on parle ».

Actualisation mercredi 18h30 :  le Conseil Général nous précise que Elie-Claude Argy le patron de FO n’a pas vendu sa maison au conseil général , mais à son office HLM, Habitat 13. C’est effectivement ce qu’avait écrit bakchich, c’est donc corrigé.

>> la saga Guérini sur Bakchich