Avec Julien Ruas, la justice cible les responsables politiques du drame de la rue d’Aubagne
Ancien adjoint (LR) à la prévention des risques, Julien Ruas s'est vu notifier ce jeudi sa mise en examen dans le cadre de l'instruction judiciaire sur le drame de la rue d'Aubagne. Après Marseille habitat, propriétaire du n°63 et le syndic gestionnaire du n°65, les juges visent la première personnalité politique de cette affaire.
Julien Ruas et Arlette Fructus en 2018
L'enjeu
L'ex adjoint au maire LR est le premier élu à être mis en examen dans cette affaire. Julien Ruas était chargé de la prévention des risques à la Ville de Marseille.
Le contexte
Deux ans après les faits, les juges chargés de l'instruction autour du drame de la rue d'Aubagne accélèrent et procèdent aux premières mises en examen en vue d'un futur procès.
Coordinateur de l’enquête sur le drame de la rue d’Aubagne, le juge d’instruction Matthieu Grand avance au pas de charge. Comme il l’avait annoncé aux parties civiles, les personnalités et entités citées dans l’épais rapport des experts judiciaires sur les effondrements de la rue d’Aubagne sont convoquées une à une dans son bureau pour se voir signifier leur mise en examen.
Ce jeudi, la procureure de Marseille, Dominique Laurens, a confirmé à l’AFP la mise en examen de Julien Ruas. Les chefs retenus contre l’ancien adjoint à la prévention des risques ont été précisé dans un communiqué ce vendredi : homicides et blessures involontaires par violation délibérée, mise en danger délibérée d’autrui. Il est le premier élu en responsabilité à l’époque des faits mis en examen dans le cadre de l’enquête judiciaire.
L’ancien maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin n’a pas tardé à réagir à cette mise en examen depuis son compte Facebook pour défendre son adjoint :
“Je suis persuadé qu’au terme de cette procédure, la Justice exonérera totalement Julien Ruas .
Dans ses fonctions d’adjoint au maire, il a toujours respecté scrupuleusement les règles et les lois.
Face à ce drame terrible de la rue d’Aubagne, il a été un élu exemplaire, par son dévouement, sa disponibilité, et son écoute, pour venir en aide aux proches des disparus et aux familles sinistrées.
Je lui renouvelle toute ma confiance et mon amitié.”
Avant Julien Ruas, la société d’économie mixte Marseille Habitat avait été mise en examen : le principal opérateur de la Ville en matière d’habitat indigne était propriétaire du n°63 de la rue d’Aubagne. C’est l’adjointe à la maire Audrey Gatian, sa nouvelle présidente en remplacement d’Arlette Fructus qui avait comparu devant le jugement d’instruction. Deux jours après cette mise en examen symbolique, le 5 novembre 2020, le cabinet Liautard, syndic en charge du n°65 où vivaient les huit victimes, était convoqué à son tour pour être mis en examen, des mêmes chefs de Julien Ruas.
Un adjoint à la prévention des risques en première ligne
L’ancien adjoint à la prévention des risques, Julien Ruas, que Marsactu a tenté de joindre en vain, est le premier élu à être mis en cause dans cette affaire judiciaire. Cette mise en examen n’est pas une grande surprise pour les familiers du dossier. D’abord parce que la jurisprudence actuelle rendait complexe la mise en examen de la Ville de Marseille elle-même en tant que personnalité morale. Par le jeu des délégations de pouvoir en cascade, c’est Julien Ruas qui signait les arrêtés de péril pour le compte du maire et donc en assumait la responsabilité à sa place.
S’il est personnellement mis en examen, cela signifie que le juge estime qu’il a commis une faute détachable de sa fonction qui pourrait lui être reprochée et constituer par exemple, une “violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence”.
Des signalements restés sans suite
Parmi les manquements potentiellement ciblés figure un incident d’apparence annexe, survenu quelques jours avant les effondrements et comptant parmi les signes annonciateurs de ceux-ci. Le 25 septembre 2018, une voisine passe sur le trottoir au pied du 67, rue d’Aubagne. Elle constate des pierres au sol qui se sont détachées du jambage de la porte de cet immeuble, propriété du cabinet Berthoz, et qui jouxte le 65. Depuis des années, l’état du mur commun aux deux immeubles fait l’objet d’une bataille d’experts sans fin. La riveraine fait des clichés qui montrent un affaissement général de l’encadrement de la porte.
Elle envoie ces images notamment à la maire de secteur, Sabine Bernasconi. Celle-ci répond qu’elle transmet le signalement à Julien Ruas. Les deux experts notent que ce signalement “parviendra” à l’élu responsable de la prévention des risques sur sa messagerie électronique. Le 2 octobre, la même voisine constate que de nouvelles pierres se sont détachées de l’encadrement de la porte du n°67. Or, a priori, le signalement de ces désordres, décrits comme des signes avant-coureurs par les deux experts judiciaires, n’a entraîné aucune réaction du service de prévention des risques et, en premier lieu, de l’élu destinataire de ces signalements.
Ce n’est pas la première fois que des signalements concernant cette portion de rue sont restés lettre morte, une fois parvenus au service de prévention des risques. Par deux fois, en 2014 et 2017, l’expert nommé par le tribunal administratif pour trancher le différends entre les propriétaires des trois immeubles, Reynald Filipputti, avait alerté par mail le service de prévention des risques de la Ville, sans que ces alertes n’entraînent de réaction. Mais dans le cas précis, il faudra que les juges puissent remonter la chaîne de traitement de ces signalements pour déterminer d’éventuels manquements individuels, détachables de la qualité de fonctionnaire ou d’élu des personnes concernées.
Un très proche de Jean-Claude Gaudin
Avec cette mise en examen, les juges d’instruction ciblent l’entourage immédiat de Jean-Claude Gaudin. Président de la Croix-Rouge et directeur d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, Julien Ruas fait partie des jeunes pousses que le maire intègre à son équipe en 2014, en signe de renouvellement. Il lui offre la délégation des marins-pompiers et la sécurité civile, ce qui confère à la fois une belle visibilité et d’importantes responsabilités.
Initié à la politique dans le sillage de Bruno Gilles, dans les 4/5, l’élu aux allures de gendre idéal prend vite la lumière avec son ton affable et ses interventions régulières sur le travail exemplaire du bataillon des marins-pompiers que Jean-Claude Gaudin se plaisait tant à saluer. Le 5 novembre, il est au côté du maire, face aux gravats. Il sera de toutes les réunions de la cellule de crise alors que les services de la prévention des risques connaissent une avalanche sans précédent de signalements.
Dans la tempête médiatique qui suit, Julien Ruas a obstinément défendu la ligne du maire, rejetant la culpabilité sur les propriétaires privés, même lorsque l’opposition pointait l’absence totale de travaux d’office menés par la Ville en lieu et place des propriétaires d’immeubles en péril.
Lors des dernières municipales, le jeune élu a fait le choix de Martine Vassal. Il a quitté ses terres électorales pour être élu dans les 11/12. Il figure donc à ses côtés dans le groupe d’opposition Une volonté pour Marseille, et siège dans la majorité à la métropole. Par ailleurs, avec Yves Moraine et Laure-Agnès Caradec, il est resté très proche de Jean-Claude Gaudin avec qui il échange régulièrement. Avec sa mise en examen, c’est le premier cercle de l’ancien maire de Marseille qui se trouve éclaboussé.
Actualisation le 20 novembre à 9h20 avec les chefs retenus contre Julien Ruas et le syndic Liautard.
Commentaires
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Très belle oraison funèbre de Jean Clooooooode au sujet de Ruas
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Il est utile de rappeler que le service de la sécurité des immeubles était un tout petit service, 8 personnes,techniques et secrétariat compris, qui devait s’occuper de tout Marseille. L’ingénieur responsable du 1er arrondissement était déjà parti à la retraite sans remplaçant depuis presque un an quand la catastrophe s’est produite. Les risques sur les immeubles n’étaient manifestement pas la priorité de la Ville, élus et haute hiérarchie comprises.
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N’ayant pas intégré les services de la mairie le 4 novembre 2018, on supposera qu’il était parfaitement conscient de la situation. Peut-être aura-t-il dès lors fait des pieds et des mains pour étoffer ses services ? L’examen le dira…
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Et dire que je pensais que c était dû à une catastrophe naturelle !c est pas la faute à la pluie?
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Mais bien sûr ! C’est comme la pollution des plages : l’Huveaune par temps de pluie… Le roman que Réault nous sert tous les ans.
Il ne pleut pas souvent, mais quand un toit reste éventré pendant des années dans un bâtiment sans ascenseur pour monter jusque là, faut pas compter sur les élus pour aller mettre une bâche. Révoltant !
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Dans un système complexe de copropiétés, bailleurs, voisins, … mal géré par une justice plus que lente, le rôle du Maire est bien de se mettre au milieu avant que ça ne dégénère: c’est ingrat, mais c’est le dernier rempart.
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Ruas sera probablement le Juppé de Gaudin…à moins que Ruas ne devienne son Takieddine. Du taf en perspective pour Marsactu !
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le Maire est responsable de la sécurité sur sa commune ses pouvoirs de police lui permette d’intervenir puis de demander l’aide de la justice mais il doit dans un premier temps “faire cesser le danger”
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Comme Chirac était responsable des emplois fictifs.
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Dans les années 90 la direction de la sécurité était une Direction Générale avec de nombreux architectes, ingénieurs, techniciens qui assuraient une présence 24h/24h et 7/7 jours aux moyens d’astreintes
ce sont les choix politiques du maire et de son Conseil Municipal ont donné ce résultat et Mr Ruas sera un bon bouc émissaire responsable mais pas coupable
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Et cela ne date pas d’hier, rappelons nous la magouille de l’atelier photo de Nadar. Si personne n’est condamné pour 8 morts il faudra m’expliquer, et les arguments devront êtres puissants, et surtout pourquoi un minot qui fauche un cyclo, ce que je n’approuve ni n’excuse va “morfler” plus que ces présumés.
J’espère d’autre part que ce guignol va démissionner de ses fonctions.
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